Attractivité - La France a toujours du mal à se défaire d'une image négative
Les investissements étrangers records en France tranchent avec l'image que les Français ont de leur propre pays. Ces derniers sont en effet très pessimistes sur ses performances. C'est l'un des constats de la deuxième édition du baromètre de la marque France, réalisé du 3 au 9 février 2011 par l'institut ViaVoice pour l'agence de communication W&CIE et publié le 13 avril. Ainsi, 79% des Français considèrent que leur pays et leur économie sont en recul, contre 64% début 2010. Seuls 12% d'entre eux pensent que la France est de plus en plus performante (contre 20% début 2010). Un constat qui apparaissait déjà dans le sondage BVA-Gallup pour Le Parisien publié en janvier, qui plaçait les Français au premier rang des plus pessimistes au monde. La crise économique et financière constitue l'une des explications de ces résultats, mais pas seulement. "Il y a la constitution d'un clivage dans la société française, avec deux Français : un qui s'estime en ascension sociale et un qui s'estime en régression sociale", a expliqué Denis Gancel, cofondateur de W&CIE, lors de la présentation de ces résultats. Mais, point positif, les Français reconnaissent aussi à 46% qu'ils sont trop pessimistes sur les capacités économiques de leur pays, un point de vue en hausse de trois points depuis un an. "Ce sentiment est d'ailleurs souvent décrit par les personnes interrogées comme un état d'esprit 'naturel' ou culturel chez les Français ("râler est un sport national"), un manque d'ambition individuel ou collectif qui peut être surmonté, voire pour certains un phénomène médiatique lié au contexte de crise ("on parle de licenciements régulièrement, mais jamais de la PME du coin qui se développe")", détaille l'étude.
Les entreprises étrangères implantées en France, quant à elles, ont une image un peu moins négative. D'après l'étude réalisée par Stéphane Baller, associé au cabinet Ernst & Young, selon les mêmes items que l'observatoire de la marque France, 25% des entreprises étrangères interrogées estiment que la France est de plus en plus performante. Mais elles sont 58% à penser le contraire. On pourra se consoler en pensant que c'est un peu mieux que la vision des Français. Parmi les atouts mis en avant par les acteurs étrangers : la qualité d'analyse des Français, y compris dans le domaine scientifique, la tradition manufacturière, la capacité à innover, la culture et la qualité de vie. Des atouts qui font écho au bilan de l'Agence française pour les investissements internationaux (Afii) sur l'année 2010, dont les résultats ont été soulignés par David Appia. "Près de 800 projets d'investissements étrangers ont été recensés pour 2010 qui a été la meilleure année en termes d'accueil des investissements étrangers", a ainsi souligné le président de l'Afii à l'occasion de la présentation de l'observatoire de la marque France.
"La France est une chance"
Toutefois, les résultats de ces deux enquêtes montrent le travail qui reste à faire pour redorer l'image de la France. En mai 2010, Yves Jégo, député de la Seine-et-Marne, a ainsi rédigé un rapport qui propose la mise en oeuvre d'un label spécifique pour les produits français, et, le 14 juillet 2010, un site destiné à promouvoir l'image, les valeurs et les spécificités de la France dans le monde a été lancé (www.france.fr). En mars, c'est encore Yves Jégo qui a déposé une proposition de loi pour une meilleure traçabilité des produits vendus en Europe au bénéfice des consommateurs et de l'emploi. D'après l'étude de W&CIE, l'idée d'une marque France est plébiscitée par une grande majorité des Français (85%). Elle est utile pour développer la vente des produits français dans le monde (76%) et pour améliorer l'image de la France dans le monde (85%). Une marque qui serait basée sur des valeurs de culture, de dynamisme et de respect de l'autre, et dont les meilleurs ambassadeurs seraient, d'après les Français, l'industrie, en particulier l'industrie automobile, et les PME exportatrices. L'agence W&CIE a décidé d'aller plus loin en lançant une autre marque : "La France est une chance", que tout le monde - entreprises, institutions publiques ou citoyens - pourrait rejoindre pour se convaincre des atouts de la France et les valoriser à travers le monde. Un site (www.lafranceestunechance.com) a été construit sur ce principe. "C'est un levier formidable, on espère que les entreprises et les Français nous rejoindront dans notre démarche", souligne Denis Gancel. De son côté, le publicitaire Jacques Séguéla, présent lors de l'annonce de la nouvelle marque, est prêt à accompagner le mouvement. "Il faudrait que nos annonceurs indiquent cette marque 'La France est une chance' sur toutes leurs campagnes publicitaires, a-t-il affirmé, et ceux qui ne le feraient pas seraient pointés du doigt."
