Innovation - Paris : une image en décalage par rapport à la réalité
Paris "Ville lumière", Paris "métropole active" et pourtant Paris mal perçue par les investisseurs : telle pourrait être la conclusion de l’étude "l’innovation comme facteur d’attractivité" réalisée par le cabinet Deloitte et publiée le 23 septembre par la chambre de commerce et d’industrie de Paris (CCIP). Dans les faits, Paris arrive en effet en tête des villes les plus innovantes avec un capital humain excellent et abondant (composé notamment de 135.000 chercheurs), un financement de la recherche et développement important (Paris consacre plus de 3% du PIB à la recherche) et plus de 2.000 brevets déposés en 2006 (loin devant Milan, Amsterdam et Berlin). Mais entre la réalité et la perception, il y a un grand pas que les investisseurs semblent avoir du mal à franchir. Pour les 125 personnes interrogées, Londres détient, de loin, la meilleure capacité d’innovation (38% du panel considère que la capitale britannique est la mieux à même de concurrencer les métropoles non européennes). Un déficit d’image de Paris qui s’expliquerait, selon Gilles Pedini, associé chez Deloitte, par "le matraquage fiscal et bureaucratique" qui pèse sur notre pays. Pour l’auteur de l’étude, "le mille-feuilles administratif francilien entrave le processus d’innovation". Les interlocuteurs seraient trop nombreux. Pour lutter contre ce phénomène, l’association "Paris-Ile-de-France capitale économique" propose la création d’une agence régionale unique pour l’innovation mais aussi une simplification des procédures d’enregistrement et de déclaration des nouvelles entreprises.
Autre obstacle à surmonter pour Paris : la faiblesse de son capital-investissement. Les chiffres de la France en témoignent : avec 8,772 milliards d’euros investis en 2008, le pays se situe loin derrière les 22 milliards d’euros britanniques. Le crédit impôt recherche (CIR) reste pourtant un atout sur ce terrain. Cependant, l’étude rapporte que "certains acteurs clés remarquent qu’une réforme du CIR (dans un contexte de suppression des niches fiscales) fait peser un risque d’instabilité juridique sur la fiscalité des entreprises". Enfin, le projet du Grand Paris, s’il est très attendu, "tarde à voir le jour et manque encore de précision". Le président de Valéo, Pascal Colombani, pense en effet qu’il "est temps de revenir au concret". Pour le président du groupe de travail innovation de l’association Paris-Ile-de-France capitale économique, "les trois ou quatre pôles de compétitivité de calibre mondial de la région Ile-de-France sont importants mais il faut faire attention qu’ils ne deviennent pas des réseaux de recherche technologique. Ils doivent aider à la création de produits commercialisables. Nous devons avant tout créer de la valeur ajoutée et de la richesse". Un défi que la région a déjà commencé à relever en annonçant sa stratégie économique régionale de développement et d’innovation (voir notre article du 16 septembre 2010). L’image de Paris pourrait en être changée, comme le souhaite Pascal Colombani pour qui "la perception, c'est la réalité".
Muriel Weiss