Informatique - A la veille de l'Open World Forum, l'Ile-de-France confirme sa place de leader du secteur open source en Europe
"Open is the future" : les logiciels ouverts (ou libres) ont de l'avenir ! Tel est le thème de l'Open World Forum qui réunira fin septembre à Paris, pour la troisième année consécutive, 1.500 experts venus de 40 pays. Un thème à décliner tant en termes d'innovation technologique (Open innovation) que sur le plan organisationnel dans les entreprises, établissements publics ou administrations (Open enterprise) ou au niveau sociétal (Open democracy).
"L'open source est un secteur très important en Ile-de-France car nous avons deux pôles de compétitivité à vocation mondiale qui oeuvrent à son rayonnement : Systematic, principal organisateur du Forum, et Cap digital, impliqué sur les volets contenus et services", a rappelé Frédérique de Bast, directrice marketing stratégique et communication de l'Agence régionale de développement Paris Ile-de-France. En outre, les collectivités locales franciliennes se mobilisent depuis plusieurs années sur le sujet, notamment la ville de Paris et la région. Le conseil régional a ainsi migré les postes de ses agents territoriaux vers Firefox et VLC, distribué des clés USB de logiciels libres à ses lycéens et apprentis (200.000 clés par an depuis 3 ans) et lancé récemment son espace numérique de travail (ENT) développé en open source (471 établissements concernés en 2012 et 24 millions d'euros d'investissement). Jean-Louis Missika, adjoint au maire de Paris chargé de l'innovation, Jean-Paul Planchou, maire de Chelles (Seine-et-Marne) et vice-président du conseil régional chargé des technologies de l'information et de la communication (TIC), devraient d'ailleurs témoigner au Forum aux côtés de Nathalie Kosciusko-Moriset, secrétaire d'Etat au Numérique.
Génération Open
"Les logiciels libres occupent une place de choix dans les technologies clés de l'avenir", a confirmé le consultant Simon Philibert, en présentant, en avant-première, les résultats de l'étude européenne "Impact socio-économique du logiciel et des services associés". Réalisée pour la direction générale de la société de l'information (DGIS) de la Commission européenne, l'enquête compile 100 entretiens sur 600 pages. Elle vise à orienter le milliard d'euros que l'Europe va impulser chaque année sur le domaine d'ici à 2020. Les logiciels libres représentent actuellement 1,5% du marché européen des logiciels et services associés (maintenance, formation...). Leur part devrait atteindre 6% à l'horizon 2020, soit un taux de croissance en moyenne annuelle de 17%. En France, ils représentent déjà 1,5 milliard d'euros, soit 5% du marché. "La France est le marché leader en Europe devant la Grande Bretagne et l'Allemagne. Il y a davantage de projets qu'aux Etats Unis mais la démarche collaborative, le partage des informations sont difficiles à monétiser…", a poursuivi le responsable d'étude de Pierre Audoin Consultants. La moitié des entreprises déclarent qu'elles utilisent l'open source. Et il y a de plus en plus d'investissement des services publics dans le logiciel. Le secteur public, et notamment les collectivités, ont d'ailleurs un impact non-négligeable sur l'écosystème. La plateforme de développement (Forge) d'applications métiers de l'Adullact (Association des développeurs et des utilisateurs de logiciels libres pour l'administration et les collectivités territoriales) en est un exemple. Le premier Open Forges Summit se tiendra d'ailleurs en parallèle du Forum. De même que le deuxième Open CIO Summit qui devrait réunir, comme l'an dernier, 25% de directeurs des systèmes d'information (DSI) du secteur public.
"L'open source est important dans deux domaines du logiciel : la couche basse (navigateurs, applications bureautiques...) et les applications métiers. Mais il y a un trou dans la raquette concernant le middleware", a diagnostiqué l'expert. L'Europe devrait donc soutenir davantage le libre pour des secteurs cruciaux tels que l'internet des objets, la mobilité, le cloud computing (l'informatique en nuage), les contenus ouverts, les plateformes de recherche et développement collaborative… Un premier baromètre de l'open source devrait d'ailleurs être lancé à l'occasion du Forum. "Le leadership de la filière francilienne, donc française et européenne, est une chance pour construire l'avenir d'un monde numérique ouvert", a conclu Philippe Montarges, président de l'Open World Forum 2010. The future is open !
Luc Derriano / EVS