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Informatique - Les logiciels libres gagnent du terrain dans les collectivités locales

La part des logiciels libres dans les projets informatiques des administrations centrales et locales est de plus en plus importante en France. Pour évaluer ce phénomène, Markess International a interviewé 83 responsables d'administration centrale (ministères, établissements sous tutelle ou rattachés) et d'administration publique locale. "91% des administrations centrales, 76% des mairies, intercommunalités et établissements locaux, ainsi que 74% des conseils régionaux et généraux sont engagés dans des projets Open Source en 2008", a indiqué Sylvie Chauvin, présidente du cabinet conseil, à l'occasion d'une table ronde consacrée au secteur public, le 25 septembre dernier à Paris Capitale du Libre. En 2010, cette part atteindrait même 100% pour les administrations centrales, 83% pour les villes et 84% pour les régions et départements. Fin 2008, les développements ou plateformes Open Source devraient donc représenter 13% des budgets informatiques des administrations et, plus précisément, 16% pour l'Etat et 11% pour les collectivités locales. "Il s'agit d'une croissance qui n'est peut-être pas exponentielle mais qui est régulière puisque en 2006, la part des logiciels libres ne représentait que 8% du budget informatique au niveau local et 9% en 2007", a précisé la présidente.

Des administrations centrales plus avancées

Néanmoins, le choix technique de solution libre ne va toujours pas de soi. "Ce qui emporte l'adhésion, c'est, comme dans les nouvelles technologies en général, un élu qui a compris ce que lui explique son directeur des systèmes d'information", a reconnu François Elie, président de l'Adullact (Association des développeurs et des utilisateurs de logiciels libres pour l'administration et les collectivités territoriales). D'après lui, trois raisons expliquent le retard des administrations locales dans l'adoption du libre. Trop souvent, retenir des solutions Open Source reste une opération de communication pour les élus : "La collectivité fait de l'affichage sans véritablement saisir les véritables enjeux de mutualisation et d'économie de l'argent public qui devraient conduire à ses choix", a-t-il regretté. En outre, les directions informatiques locales n'ont pas toujours la taille critique pour se lancer. "Beaucoup de services informatiques ont été externalisés par les petites collectivités, contrairement aux directions des administrations centrales", a repris François Elie, lui-même conseiller municipal à Angoulême. Enfin, l'absence de solutions libres pour les 200 métiers exercés dans une collectivité locale ralentit le mouvement. "Il faut encore du courage pour imposer ces solutions. Car si l'Etat valorise aujourd'hui les hommes qui ont fait ces choix dans les directions centrales, cela aurait été la curée si il y avait eu un plantage !", a reconnu Philippe Kanony, directeur général adjoint de la société de services informatiques Logica (anciennement Unilog). Comme le mentionnait la veille le secrétaire d'Etat au Développement de l'économie numérique, Eric Besson, "les logiciels libres sont désormais au cœur du développement de l'administration électronique en France...". Notamment dans des applications critiques comme les impôts, les douanes, la gendarmerie et même le nucléaire, ce qui prouve bien que le monde du logiciel libre est désormais mature et en voie d'industrialisation.

 

Luc Derriano / EVS