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Développement économique - L'Ile-de-France prépare sa stratégie régionale de développement économique et d'innovation

Le président de la région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, a donné le coup d'envoi, jeudi 16 septembre, de l'élaboration de la future stratégie régionale de développement économique et d'innovation (SRDEI) devant les acteurs économiques régionaux. La SRDEI, qui couvrira la période 2011-2014, est censée remplacer le SRDE (schéma régional de développement économique) qui arrive à son terme à la fin de l'année. "On n'est pas du tout dans le même esprit. Ajouter l'innovation est un élément essentiel. Cela traduit une rupture, une volonté d'être beaucoup plus proactifs", a insisté le chef de l'exécutif régional.

Les SRDE de la loi Raffarin de 2004 ont été lancés à titre expérimental pour une durée de cinq ans. Il avait été question de les reconduire d'une année par la loi de finances rectificative pour 2010 mais l'amendement qui le prévoyait avait finalement été retiré. Le gouvernement voulait se donner le temps d'un bilan (celui-ci est en cours de réalisation) et attendre la réforme des collectivités. Mais la paternité de ces nouvelles "stratégies" revient en réalité à l'Europe : c'est en effet la Commission qui avait encouragé les régions à se doter de stratégies d'innovation dans le cadre des programmes opérationnels Feder. Le gouvernement lui avait emboîté le pas dans une circulaire envoyée aux préfets le 2 avril 2007 appelant à la mise en place de "stratégies régionales de l'innovation pour les entreprises". D'ailleurs, Jean-Paul Huchon a reconnu être en accord avec le préfet de région dans ce dossier. Il a également indiqué que la mise en place de telles stratégies était une des conditions fixées par le commissaire à la politique régionale, Johannes Hahn, lors de sa rencontre avec les patrons des régions françaises la semaine dernière, pour que chacune d'elles puisse continuer à bénéficier des fonds de la politique de cohésion.

Diversité industrielle

La mise en place des SRDE avait donné lieu à de longues discussions entre région et préfecture. Cette fois-ci, la région Ile-de-France veut aller vite. "Nous avons un temps beaucoup plus court, la SRDEI est un document beaucoup plus resserré, volontariste et opérationnel, il est inutile de repasser par les débats d'il y a quelques années", a déclaré Jean-Paul Planchou, vice-président chargé du développement économique, détaillant le calendrier à venir. Un comité de pilotage tiendra sa première réunion le 1er octobre, puis quatre groupes de travail seront mis en place. Le premier s'intéressera aux filières stratégiques de demain, le second à l'innovation comme moyen de promouvoir la croissance. Les deux autres traiteront des disparités territoriales et des moyens de concilier efficacité économique, excellence sociale et impératifs écologiques. Cet automne, une enquête sera menée auprès de 500 Franciliens représentatifs pour connaître leur avis. Les lignes directrices de la SRDEI seront fixées d'ici à la fin de l'année et soumise au débat lors d'une vaste réunion avec les représentants économiques et sociaux. Le document pourrait alors être proposé au vote de l'assemblée régionale au printemps 2011. "L'idée centrale, c'est la diversité industrielle qui fait l'atout original de l'Ile-de-France par rapport à ses homologues mondiales", a encore précisé Jean-Paul Planchou.

Si la boîte à idées reste à remplir, le budget qui sera alloué à la SRDEI n'est pas davantage connu. "Dans les arbitrages budgétaires, il ne faudrait pas que l'appui aux entreprises soit le parent pauvre", a insisté Pierre Simon, président de la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, rappelant que ces crédits étaient en diminution en 2010 par rapport à 2009, à 4,8% du budget régional. Jean-Paul Huchon a répondu que des "efforts" allaient être faits et que le développement économique était amené à devenir "un des pieds centraux du budget régional". Mais il a aussi manifesté son inquiétude sur la réforme de la taxe professionnelle ou sur le Grand Emprunt pour lequel "l'Etat tend à nouveau la sébile". "L'Etat nous enserre dans un carcan financier de plus en plus étroit, il ne nous reste plus que les cartes grises", a-t-il ajouté, accusant le gouvernement de vouloir faire financer le Grand Emprunt à 50% par les collectivités.

4% de croissance par an

Pour le Medef Ile-de-France, il va falloir se montrer plus ambitieux que les années passées en termes de croissance. "L'objectif de la future SRDEI doit être de créer des conditions qui permettront de retrouver une croissance plus forte que lors de la dernière décennie (2% en moyenne par an pendant que d'autres régions faisaient le double)", indique le patronat francilien dans un communiqué. Et de fixer un "objectif de 4% de croissance par an". Selon l'organisation, seul ce taux permettra de réduire les déséquilibres territoriaux et de résorber le chômage (à 8,1%, celui-ci est à 1,2 point en dessous de la moyenne nationale). Le Medef avance d'ores et déjà cinq pistes : adopter une "véritable stratégie de marque" pour attirer les entreprises étrangères, renforcer la recherche et l'innovation, réfléchir à une politique de réindustrialisation, notamment dans les industries à haute valeur ajoutée, renforcer la capacité d'accueil de la région en matière de tourisme et élaborer une véritable politique en matière de transmission des entreprises, sachant que "40% des chefs d'entreprises actuels partent à la retraite dans les dix ans".

 

Michel Tendil