Politique de la ville - Rénovation urbaine et politique de la ville : le programme des prochains mois
A l'occasion d'une rencontre des acteurs de la rénovation urbaine et de la politique de la ville à Saint-Denis, les directeurs de l'Anru et de l'Acsé ont fait le point sur l'actualité de leur agence. Rassembler les "forces vives de la rénovation urbaine d'Ile-de-France et du Centre" : tel était l'objectif du forum organisé le 14 avril à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) par l'Agence nationale de la rénovation urbaine (Anru). Une occasion pour 600 professionnels du secteur de discuter de ce qui fait leur quotidien, que leur employeur soit l'Etat, une collectivité, un bailleur social, une société d'économie mixte ou une association. Huit rencontres sur le même modèle seront organisées courant 2010 sur l'ensemble du territoire.Outre les pauses café et le déjeuner, que certains participants estimaient être "les temps forts de la journée pour pouvoir discuter vraiment avec leurs collègues", ces "soldats de l'Anru I" ont pu participer à des ateliers sur des questions comme la sécurité, l'urbanisme durable ou l'évaluation des opérations de rénovation urbaine. En ouverture de cette manifestation, sont notamment intervenus Pierre Sallenave, directeur général de l'Anru, et Remi Frentz, directeur général de l'Acsé. Petit compte-rendu.
Trois défis pour la rénovation urbaine : construire hors site, désenclaver, diversifier les fonctions
Quelle est l'actualité de l'Anru ? Côté financier, naturellement rien de bien neuf depuis janvier (voir notre article ci-contre). Toute l'enveloppe de subventions est affectée, la moitié est engagée, et en paiement, on est à environ un quart. Une part importante des projets est maintenant en phase de réalisation. En Ile-de-France, les engagements de reconstruction dépassent désormais ceux de démolition. Un point essentiel car l'importance des reconstructions sur site a conduit ces dernières années à une réduction du stock total de logements disponibles. "Chaque construction hors site est un pas vers le succès", a d'ailleurs ajouté Pierre Sallenave. La construction hors site est l'un des trois défis principaux de la rénovation urbaine avec le désenclavement et développement économique. En matière de transport, dans le cadre du Grenelle, des avenants aux conventions Anru sont prévus pour développer les transports collectifs en site propre.
Ces avenants, comme toutes les augmentations d'enveloppes, demeurent du ressort du Comité national d'engagement. En effet, les nouveaux pouvoirs donnés aux préfets au 1er janvier dernier ne portent que sur les enveloppes non-consommées : "Toute économie ou moindre dépense est réutilisable à 50% localement, à condition que ce ne soit pas simplement pour conforter la situation financière de tel maître d'œuvre", a précisé Pierre Sallenave. Sur le plan des procédures, le logiciel Agora "ne donne plus trop de cauchemars" au directeur de l'Anru : "Ca a été dur mais vous vous féliciterez dans quelques mois de l'adoption de cet outil", a-t-il déclaré aux porteurs de projet présents. Ce logiciel doit permettre de suivre chaque subvention de sa demande à son paiement.
Acsé : le budget triennal et la révision de la politique de la ville
Au-delà de la modification du bâti, objectif initial de la rénovation urbaine, le directeur de l'Anru a insisté sur la nécessité de "redonner aux habitants les mêmes chances qu'ailleurs de prendre l'ascenseur social", à l'aide par exemple des clauses d'insertion. Une étude publiée par l'agence sur l'utilisation de ces clauses révèle que les personnes employées le sont majoritairement en intérim (50%), en CDD (18%) ou en alternance (11%). Le recours aux chantiers d'insertion reste rare. Afin d'aider les acteurs locaux à utiliser cet outil, Anru et Acsé ont mis en place en novembre 2009 un programme commun "insertion-rénovation". Ce programme inaugure une coopération renforcée entre les deux agences "pour mettre de l'humain dans le bâti, préparer les nouveaux Cucs et gérer l'après-programme pour les 500 quartiers Anru du territoire".
Mais le directeur de l'Acsé, nommé en novembre dernier, doit d'abord s'assurer qu'il disposera des moyens suffisants dans les années à venir. En la matière tout se jouera en juin-juillet avec la présentation puis l'adoption du budget triennal. Remi Frentz espère un maintien de ses crédits à leur niveau actuel, soit autour de 450 millions d'euros par an. Quels que soient les arbitrages du prochain Comité interministériel des villes (CIV) sur le nouveau zonage de la politique de la ville et l'avenir des Cucs, le niveau de cette enveloppe triennale sera à surveiller de près.
Collèges dégradés : la sélection des 30 sites est relancée
Pour l'Anru, le budget triennal est de moindre importance. Mais certaines politiques de l'agence demeurent portées directement par des crédits d'Etat. Ainsi, les internats d'excellence sont financés par le grand emprunt (et par les collectivités). Lors du prochain conseil d'administration de l'Anru, seront examinés les "schémas régionaux directeurs".
Enfin, l'Anru reprend le programme de destruction-reconstruction des collèges dégradés lancé par Nicolas Sarkozy lors de son discours du 8 février 2008 sur les banlieues. Suite à cette annonce, une circulaire du 5 mai 2009 a précisé les critères d'éligibilité au programme notamment en matière de localisation : le collège doit être situé soit en quartier Anru, soit en quartier prioritaire Espoir banlieues. La liste des collèges retenus devait être communiquée "en juin 2009". Depuis, la gestion de ce programme, qui devrait concerner 30 collèges, pour un montant total de 40 millions d'euros, a été confiée à l'Anru. Ce sujet sera abordé lors du conseil d'administration de l'Anru du 28 avril avec pour objectif "d'identifier les collèges qui en auraient besoin", a précisé Pierre Sallenave.
Hélène Lemesle