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Lutte contre l'exclusion - Réforme de l'hébergement : les associations haussent le ton

"Si on ne fait rien, on va droit dans le mur." "Nous ne voulons pas d'une réforme au rabais." "Nous sommes très inquiets." Ces propos pour le moins critiques, tenus ce 16 juin par la fondation Abbé-Pierre, l'association Emmaüs ou la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale (Fnars) portent sur la réforme en cours du dispositif d'hébergement des sans-abri. Pourtant, en novembre dernier, lorsque le secrétaire d'Etat au Logement, Benoist Apparu, avait présenté un plan de refondation destiné à améliorer l'hébergement et l'accès au logement des personnes sans abri, il avait le soutien de la plupart des associations. Six mois plus tard, cet unanimisme n'est plus de mise : le 16 juin, le Collectif des associations unies, qui rassemble 31 fédérations, a adressé à François Fillon, une note destinée à l'alerter sur les risques d'échec de la réforme, si plusieurs conditions n'étaient pas rapidement réunies (voir la note en téléchargement ci-contre). En priorité, les associations demandent des moyens mais surtout une meilleure coordination entre les ministères et une plus grande implication des collectivités.

 

Des paroles aux actes

Les associations dénoncent principalement l'écart entre les paroles et les actes. "Sur les principes, nous sommes d'accord", explique Christophe Robert de la fondation Abbé-Pierre. Ainsi par exemple, personne ne conteste le slogan "Le logement d'abord" ou la nécessaire coordination du travail des acteurs associatifs. Mais, tout le problème est dans la mise en œuvre : les associations s'inquiètent de l'écart entre les discours ministériels et les annonces de réductions de budgets au niveau local. Elles demandent notamment des moyens pour mettre en place les "services intégrés de l'accueil et de l'orientation" (SIAO) qui doivent, sous l'autorité du préfet à partir de cet automne, centraliser les offres et les demandes de places d'hébergement. Dans le budget 2010, 6 millions d'euros étaient prévus pour l'installation de ces nouveaux services, de quoi financer un poste de travailleur social par département. Le collectif demande au moins son maintien pour l'an prochain. Mais cette enveloppe n'est que de détail si on la compare au 1,1 milliard d'euros consacré chaque année par l'Etat à la prévention de l'exclusion et à l'insertion des personnes vulnérables (Bop 177). Le collectif souhaite qu'une partie de cette somme soit ciblée sur l'accompagnement social et la gestion locative adaptée. En la matière, comme d'ailleurs pour les crédits logement, la prochaine échéance est la présentation par le gouvernement fin juin des grandes lignes du budget triennal 2011-2013, qui sera ensuite discuté et voté au Parlement à l'automne.

 

Pour un partage clair entre Etat et conseils généraux

Mais la question n'est pas seulement financière : le collectif demande que l'action des ministères soit coordonnée. La réforme est depuis l'origine portée les services du logement. Or, les centres d'hébergement et l'accompagnement social sont en grande partie du ressort des ministères sociaux. Sans oublier que sur la question essentielle des migrants, interviennent les services de l'immigration, sur celles des troubles psychiques le ministère de la Santé. Le collectif dénonce les "carences d'autorité et de coordination", et s'adresse directement au Premier ministre afin de placer ce chantier au niveau interministériel. Ainsi, Hervé de Ruggiero, directeur général de la Fnars, dénonce le manque de pilotage de la réforme : "S'il faut certes adapter les politiques menées aux situations locales, le cadre donné aux préfets est clairement insuffisant."
Enfin, "rien ne pourra se faire sans une articulation étroite entre les actions et financements de l'Etat et ceux des collectivités territoriales". Les associations demandent que l'Assemblée des départements de France (ADF) soit associée aux travaux de la refondation et qu'un document indique clairement comment se répartissent les responsabilités entre Etat et conseils généraux sur cette politique. Confortées par le récent rapport du Conseil général de l'environnement et du développement durable (CGEDD, voir notre article du 7 juin 2010), les associations demandent enfin que l'Etat finance l'accompagnement social au sein des fonds de solidarité logement.

 

Hélène Lemesle
 

 

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