Plan Jeunes - Quelle place pour les missions locales ?
Peu évoquées par le président de la République dans son discours du 24 avril, à Jouy-le-Moutier, les missions locales seront pourtant aux premières loges du "plan Jeunes". D'ailleurs, ce plan de 1,3 milliard d'euros pour la formation, l'apprentissage et la professionnalisation de 500.000 jeunes, "va dans le bon sens", estime le Conseil national des missions locales (CNML), qui plaide pour un traitement particulier des jeunes, prenant en compte non seulement l'emploi mais aussi le logement, les déplacements, les revenus, etc. "On redécouvre les vertus d'une politique dédiée aux jeunes, indique-t-on ainsi au sein du CNML. Ce qui était fait depuis vingt-cinq ans, avec de bons résultats, et qui a été abandonné pour des politiques tout public." Aujourd'hui, il y a urgence : le chômage des jeunes atteint 23% avec une surreprésentation des jeunes des quartiers difficiles. C'est l'un des niveaux les plus élevés en Europe. Selon Bernard Perrut, président du bureau du CNML, le plan est "en mesure de répondre aux besoins d'insertion professionnelle des 600.000 jeunes accompagnés chaque mois dans les missions locales et premières victimes de la crise économique".
Pour les missions locales, une telle politique est tout à leur avantage, alors qu'elles avaient pu craindre un moment d'être mises sur la touche. La menace d'une intégration des missions locales dans les maisons de l'emploi n'a pas entièrement disparu et est régulièrement agitée par certains députés. C'était notamment une des propositions de la députée Marie-Christine Dalloz, dans son rapport publié en mars 2009 sur les maisons de l'emploi. Mais aujourd'hui, l'hypothèse semble s'éloigner.
Premiers cotraitants de Pôle emploi
"Il existe une structuration et une offre de services des missions locales qui est connue et appréciée par Pôle emploi, tandis que les maisons de l'emploi restent une idée somme toute abstraite", estime Yves Auton, le responsable de la communication du CNML. En effet, les missions locales sont les premiers cotraitants de Pôle emploi et elles dépassent de loin leurs objectifs : elles accueillent chaque année un million de jeunes. Des missions locales sereines donc, sauf dans certaines régions, comme la Picardie où le préfet de région et le conseil régional ont imposé un rapprochement sans concertation préalable des missions locales, des maisons de l'emploi et des Plie d'ici à la fin de l'année 2009. Un projet dans lequel la mission locale disparaîtrait pour devenir un département de la maison de l'emploi nouvellement créée. Un cas qui reste isolé. Un récent rapport du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc) propose même de faire des missions locales le guichet unique de la deuxième chance pour les jeunes, avec une approche globale et personnalisée, intégrant tous les problèmes des jeunes sont confrontés qui sont pour le moment traités par une multitude d'acteurs.
Avant d'en arriver là, les missions locales vont négocier avec Pôle emploi le futur accord-cadre qui organisera leurs relations à partir de 2010, le précédent accord, datant de 2006 ayant été prorogé jusqu'au 31 décembre 2009. Les missions locales vont devoir aussi plancher sur le plan Jeunes, avec la relance des contrats aidés, des contrats en apprentissage et contrats de professionnalisation, mais aussi les contrats d'accompagnement formation.
Contrats d'accompagnement formation, tout est à construire
50.000 contrats de ce type devront être proposés dès la rentrée 2009 aux jeunes de 16 à 25 ans inscrits à Pôle emploi ou suivis par les missions locales, d'après les annonces de Nicolas Sarkozy. Un contrat destiné à "mettre à profit la période de crise pour proposer aux jeunes d'élever leur niveau de qualification et d'adapter leurs compétences aux besoins du marché afin de profiter pleinement de la reprise" qui offrira au jeune un statut, la protection sociale et la rémunération de stagiaire de la formation professionnelle. Le contrat s'adresse en priorité à des jeunes non qualifiés ou en rupture de contrat en alternance et à des jeunes qualifiés à la recherche d'un emploi. Total du budget pour ce nouveau contrat : 330 millions d'euros sur 2009 et 2010. Mais tout est à construire : le cahier des charges, le fonctionnement, la mise en place, l'intervention des missions locales et des collectivités locales qui doivent participer financièrement. Les missions locales, qui doivent être associées au cahier des charges, seront aussi vigilantes sur la participation des opérateurs privés. L'amère expérience des contrats d'autonomie lancés en 2008 dans le cadre du plan "Espoir banlieues" est encore dans tous els esprits. Ces contrats confiés à des opérateurs privés s'adressent aux jeunes de 18-25 ans les plus en difficulté des zones urbaines sensibles, mais ils n'ont pas donné les résultats escomptés. D'après les chiffres de la réunion de pilotage du contrat d'autonomie qui a eu lieu le 3 mars 2009, 5.086 contrats ont été signés, dont 3.083 en 2008 pour un objectif initial de 4.500. Ces contrats n'ont débouché que sur 114 emplois ! De quoi reposer la question de l'efficacité de l'intervention des opérateurs privés dans le traitement de ces dossiers. Mais en attendant que la réflexion soit lancée, les missions locales ne restent pas sans activité. Elles viennent de signer un accord avec l'Association nationale pour la formation automobile (Anfa) pour favoriser l'accès des jeunes à la qualification et à l'emploi dans les services de l'automobile. Cet accord, qui concerne en premier lieu les régions Nord-Pas-de-Calais et Rhône-Alpes, avant d'être étendu à l'ensemble du territoire, doit permettre de rapprocher les jeunes des missions locales des métiers et des entreprises de la branche, de favoriser l'accès aux contrats en alternance, et de proposer aux jeunes une découverte des métiers, une immersion en entreprise. Objectif : accompagner 100 jeunes bénéficiaires du contrat d'insertion dans la vie sociale vers un emploi.
Emilie Zapalski