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Insertion - Près de la moitié des bénéficiaires potentiels du RSA ne l'ont pas demandé

Le taux de non-recours au RSA est de 68% pour le RSA activité seul et, plus indattendu, de 35% pour le RSA socle, selon une étude de la Cnaf qui détaille le profil des non-recourants et les motifs de ce non-recours.

La Caisse nationale d'allocations familiales (Cnaf) publie, dans le dernier numéro de sa lettre électronique "L'e-ssentiel", une étude sur "Les non-recourants au RSA" (revenu de solidarité active). Les résultats sont pour le moins éclairants. Ainsi, l'étude montre que près de la moitié des bénéficiaires potentiels du RSA - soit environ 1,7 million de personnes - n'en ont pas fait la demande. Ce taux de non recours est de 68% pour le RSA activité seul. Ce chiffre n'est pas vraiment surprenant, dans la mesure où il est aujourd'hui reconnu que cette prestation n'est parvenue qu'à toucher une petite partie de sa cible de "travailleurs pauvres". Ces derniers renoncent de ce fait à un complément de revenu de 160 euros par mois.
Mais le résultat est plus surprenant pour le RSA socle (ex RMI et allocation de parent isolé), puisque le taux de non recours est en moyenne de 35% : 36% pour le RSA socle seul et 33% pour le RSA socle et activité. Selon les calculs de la Cnaf, les non-recourants renoncent ainsi à un revenu de l'ordre de 408 euros par mois, à comparer aux 439 euros du montant moyen versé aux bénéficiaires effectifs.
L'étude détaille également le profil des non-recourants. Quelle que soit la nature du RSA considéré, le non recours est en effet plus fréquent parmi les couples (62%) que pour les personnes seules. La Cnaf explique cet écart part le fait que "les couples, en particulier lorsqu'ils n'ont pas d'enfant, peuvent [...] avoir le sentiment de mieux se débrouiller financièrement". Parmi les personnes seules - avec ou sans enfant -, le non recours est plus élevé chez les hommes que chez les femmes. Il augmente également avec l'âge et avec le niveau de diplôme. Selon l'étude, ce dernier point s'explique par "le moindre lien aux institutions des plus diplômés, leur croyance plus forte dans le caractère transitoire de leur situation ou encore leur refus plus grand de dépendre de l'aide sociale compte tenu de leur diplôme". Enfin, la Cnaf pointe deux autres motifs de non recours : l'instabilité de l'éligibilité (autrement dit des conditions d'éligibilité - principalement de revenu - qui varient dans le temps) et le fait de disposer de conditions de vie "relativement moins dégradées".
Enfin, l'étude de la Cnaf apporte un éclairage sur les motifs du non recours. Parmi les non-recourants, 35% ont déjà bénéficié du RSA dans le passé, 11% n'en ont pas bénéficié et ne connaissent pas la prestation et 54% estiment connaître le RSA sans en avoir déjà bénéficié. Parmi ces 54%, 19% sont persuadés de ne pas pouvoir en bénéficier (ce qui est en l'occurrence inexact), tandis que 35% sont sûrs de pouvoir en bénéficier (tout en ne le demandant pas) ou pensent pouvoir en bénéficier (tout en n'ayant pas creusé la question). Les non-recourants correspondant à ces 35% ont été invités à indiquer les raisons expliquant cette absence de dépôt d'une demande. Les motifs invoqués sont en premier lieu des "raisons reflétant un manque de connaissance" (68% de citations). Viennent ensuite "se débrouille autrement financièrement" (42%), "par principe" (27%), "démarches trop compliquées" (20%), "n'a pas eu le temps" (11%) et "va changer de situation" (10%).
Un dernier point peut aussi surprendre : les taux de non recours au RSA - et plus spécialement au RSA socle - paraissent incontestablement élevés. Mais ils sont pratiquement équivalents à ceux qui prévalaient avec le RMI. En ce sens, le RSA n'a pas dégradé la situation sur ce point. Mais, contrairement à ce qui était espéré, il ne l'a pas améliorée non plus.

 

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