Insertion - Les bénéficiaires du RSA en ont une perception très mitigée
Le Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) publie une étude sur la perception du revenu de solidarité active (RSA) par ses bénéficiaires. Celle-ci porte à la fois sur les allocataires du RSA-socle (l'ancien RMI) et sur ceux du RSA-activité. Point important : il s'agit d'une étude qualitative - et non quantitative comme celle des ministères de l'Emploi et des Solidarités (voir notre article ci-contre du 3 juillet 2009) - menée dans cinq départements, principalement sous la forme de 375 entretiens individuels en face-à-face avec un échantillon de bénéficiaires.
Il se dégage de ce travail - commandité par la direction de la Recherche, des Etudes, de l'Evaluation et des Statistiques (Drees) des ministères sociaux - une perception mitigée du RSA par ses bénéficiaires. La première difficulté vient du manque de compréhension d'un dispositif jugé globalement complexe. Ceci vaut surtout pour les allocataires du RSA-activité, dans la mesure où il s'agit le plus souvent pour eux d'une prestation nouvelle et qu'elle se substitue pour partie à la prime pour l'emploi, jugée beaucoup plus simple et plus lisible. Selon le Crédoc, "le doute est tel que s'installe l'idée d'un système trompeur qui ne garantit pas nécessairement le soutien à l'effort d'activité".
Même scepticisme sur le dispositif d'accompagnement social et professionnel mis en place autour du RSA, qui est jugé globalement décevant. Ceci vaut tout particulièrement pour les bénéficiaires accompagnés par un référent social, contexte qui ne diffère pas vraiment de celui du RMI. La perception s'améliore en revanche lorsque l'allocataire est orienté vers un accompagnement professionnel, sous réserve que soient proposés des actions de remobilisation, un bilan de compétences ou une formation. Mais, dans l'ensemble, "le contrat d'engagement réciproque ou le projet personnalisé d'accès à l'emploi (PPAE pour Pôle emploi) ne sont pas perçus comme des outils réellement utiles". L'accompagnement proposé par Pôle emploi est jugé "stérile parce que stéréotypé et inutilement contraignant car obligatoire".
En revanche, une grande part des bénéficiaires reconnaît au RSA le mérite d'avoir rendu visible la question des travailleurs pauvres qui, jusqu'alors, mobilisait peu l'attention des pouvoirs publics. Mais le fait, pour des salariés, de devoir relever d'un dispositif social est mal perçu, ce qui explique pour partie le très fort taux de non-recours (autour de 68%).
Les propositions des bénéficiaires pour améliorer le dispositif
Face à ce bilan mitigé, le Crédoc rappelle néanmoins que "les effets attendus du RSA ont été limités par la crise économique de 2008" et que la généralisation de cette prestation (en juillet 2009) s'est faite "dans un contexte de forte hausse du nombre d'allocataires". Autre difficulté qui peut expliquer cette perception très mitigée : le redéploiement des systèmes d'information des départements et de leurs partenaires et les difficultés pour récupérer les données des organismes payeurs (CAF et MSA), ce qui "a généré d'importants retards d'orientation et de suivi des bénéficiaires, en particulier pour ceux qui étaient orientés vers Pôle emploi".
L'étude du Crédoc rend compte également de quelques pistes d'amélioration suggérées par les bénéficiaires lors des entretiens individuels. Ainsi, ces derniers demandent un accompagnement "socioprofessionnel", autrement dit, mêlant la dimension emploi et la dimension sociale. Ils sont également favorables à un accompagnement mixte avec deux référents spécialisés, les compétences des référents sociaux en matière d'emploi étant jugées insuffisantes.