Insertion - Le RSA est bien connu de ses bénéficiaires, mais mal maîtrisé
Un mois après la généralisation du revenu de solidarité active (RSA), les deux directions en charge des études dans la sphère de l'emploi et du social - la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) et la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) - publient une étude conjointe consacrée à la connaissance du RSA.
Réalisée en mai 2008 sur les 33 départements expérimentateurs, celle-ci montre une assez bonne connaissance de l'existence du RSA : 54% des bénéficiaires du RMI déclaraient alors en avoir déjà entendu parler et ce taux monte même à 69% chez les allocataires en situation d'emploi. Compte tenu de la campagne nationale d'information lancée depuis quelques semaines, il est probable que ces chiffres sont aujourd'hui nettement supérieurs.
Mais au-delà de cette connaissance de principe, l'étude révèle à la fois une faible lisibilité du dispositif et une connaissance très limitée des mécanismes. Ainsi, seuls 8% des personnes sans emploi ayant entendu parler du RSA se disaient informées du montant qu'elles percevraient si elles retrouvaient un emploi. En d'autres termes, la très grande majorité des intéressés n'était pas au courant du mécanisme de cumul. La situation n'était d'ailleurs pas plus brillante avec le RMI, puisque le mécanisme de l'intéressement était, lui aussi, très largement méconnu avec seulement 2% de citations. En revanche, la prime de retour à l'emploi (PRE) bénéficiait d'une notoriété nettement plus élevée, avec 27% de citations spontanées parmi les répondants. Parmi les points les plus méconnus du RSA - durant sa phase d'expérimentation - figurent également les modalités de calcul de la prestation. Ainsi, 41% des répondants pensent que son montant dépend à la fois des revenus et du temps de travail, alors que seuls 27% savent qu'il dépend uniquement des revenus. Tout aussi méconnue est l'absence de limitation de durée pour le RSA, 22% des répondants pensant même que le versement s'arrête trois mois après la reprise d'un emploi. Seul bémol : les bénéficiaires effectifs du RSA dans les départements expérimentateurs, mais aussi les personnes en situation d'emploi ou les plus proches de l'emploi ont, dans l'ensemble, une meilleure connaissance du dispositif.
La généralisation du RSA - Martin Hirsch a indiqué, le 1er juillet, que 500.000 personnes en activité avaient déjà déposé leur demande - va mécaniquement améliorer la connaissance des modalités de cette prestation parmi ses titulaires. Mais, malgré les efforts des pouvoirs publics, de la Caisse nationale d'allocations familiales et des départements, il est à craindre que les bénéficiaires potentiels restent encore sous-informés. Les 500.000 dossiers évoqués par Martin Hirsch représentent certes un chiffre conséquent, mais il est encore très inférieur au nombre de bénéficiaires potentiels.
Jean-Noël Escudié / PCA