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Insertion - Le RSA a son site officiel

Jusqu'à présent, le revenu de solidarité active (RSA) faisait un peu figure de parent pauvre en matière de communication. La page du haut-commissaire aux Solidarités actives contre la pauvreté sur le site du Premier ministre - également accessible sous l'adresse peu médiatisée "inclusion.gouv.fr" - pouvait difficilement en tenir lieu : la dernière information en ligne y remonte au... 3 juillet 2008. Pour sa part, le site "grenelle-insertion.fr" est fermé depuis longtemps. Seul le blog de Martin Hirsch - "toutsurlersa.fr" - était demeuré actif, mais il s'adressait avant tout aux institutionnels et aux professionnels de l'insertion.
A un peu plus d'un mois de la généralisation du RSA, le gouvernement change de braquet avec la mise en ligne du site "rsa.gouv.fr", qui vise directement le grand public. Il est vrai qu'il était temps pour l'Etat de se manifester. La branche famille a mis en place depuis plusieurs semaines ses pages consacrées au RSA - rendues attractives par la présence du simulateur de calcul de l'ouverture des droits et du montant de la prestation - et s'est lancée dans une action de communication de grande ampleur, mais très autocentrée (voir notre article ci-contre "La Cnaf donne son mode d'emploi du RSA"). La Mutualité sociale agricole a suivi le même chemin et les départements mettent à leur tour en place leurs pages consacrées à cette nouvelle prestation.
Annoncé à plusieurs reprises, le site rsa.gouv.fr a finalement su tirer parti de ces retards. A défaut de précocité, le "site officiel du revenu de solidarité active" est en effet, de très loin, la source d'information la plus complète sur le sujet. L'information y est organisée en trois grandes rubriques par profil, selon que l'internaute est futur bénéficiaire, partenaire ou professionnel, ou encore journaliste. Présenté sous forme de questions, la partie consacrée au grand public est très complète, avec une cinquantaine de thèmes traités de façon brève, mais toujours précise et pédagogique. Le bénéficiaire potentiel peut également accéder au simulateur de droits. Il est également possible d'indiquer des éléments cumulatifs de profil personnel à partir d'une vingtaine de situations types (célibataire, en couple, plus de 60 ans, étudiant, travailleur handicapé...) et de ne faire alors ressortir que les questions concernant plus directement ces cas de figure. La partie destinée aux partenaires ou professionnels est tout aussi riche. Outre les informations sur le dispositif (qui déclinent, pour l'essentiel, la loi et le décret en termes didactiques) et la reprise des questions-réponses pour le grand public, la rubrique propose aussi une trentaine de documents en téléchargement, à caractère technique (exemples départementaux, fiches pratiques ou techniques...) ou institutionnel : textes juridiques, discours du haut-commissaire, Livre vert... Signe des retards de conception du site : celui-ci devrait s'enrichir prochainement, avec "une version plus complète" à partir du 15 mai, "enrichie d'une partie bénéficiaire plus interactive". En attendant, le RSA a déjà sa page sur Dailymotion (avec dix vidéos et cinq playlists) et sur Facebook (mais le RSA n'a pas encore d'amis...).
Deux bémols cependant sur ce site globalement réussi. Tout d'abord, le fil d'actualité des professionnels de l'insertion est encore un peu maigre : en dehors d'une brève du 16 avril sur la parution du décret, les autres actualités en ligne remontent à 2008. Enfin et surtout, le site propose dès sa page d'accueil une carte intitulée "Les points d'information pour orienter, accompagner ou faire les démarches", dont le contenu est assez éloigné de la promesse. Pour le Loir-et-Cher, par exemple, la carte interactive ne connaît que les sièges du département (le seul lieu du conseil général qui ne reçoit pas le public pour le RSA), de la CAF et de la MSA, ainsi que deux associations dont l'une a un portable pour seul numéro. S'il choisit d'entrer le nom de sa ville - par exemple Vendôme -, l'internaute est invité à contacter ces adresses sur Blois ou, pour l'une des deux associations, en Sologne (à l'autre bout du Loir-et-Cher...), alors que Vendôme dispose d'une "unité de prévention et d'action sociale" du département et d'un important CCAS. L'Union nationale des CCAS (Unccas), qui s'est battue pour être service instructeur de droit commun, risque fort de réagir à cette absence des centres communaux. Tous les départements sont d'ailleurs logés à la même enseigne et parfois pire. Dans le Var, par exemple, la carte mentionne la CAF à Toulon et la MSA à Draguignan, mais pas le conseil général ! Même si les pages professionnelles donnent accès à un formulaire permettant d'inscrire son organisme sur la carte, une révision rapide paraît s'imposer.

 

Jean-Noël Escudié / PCA