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Environnement - Pollution : un plan particules en préparation

"L'air est meilleur aujourd'hui qu'il y a deux-trois ans mais il faut garder un certain nombre de points de vigilance", a affirmé Philippe Van de Maele, président de l'Ademe, en présentant le 28 juillet, aux côtés de Chantal Jouanno, secrétaire d'Etat chargée de l'écologie, le bilan 2008 et les premières observations 2009 sur la qualité de l'air. Pour la plupart des polluants réglementés, les niveaux de pollution constatés en 2008 sont dans la continuité des années précédentes. La tendance est à la baisse pour le dioxyde de soufre, lié à l'industrie, pour le monoxyde de carbone, dû à la fois au secteur résidentiel-tertiaire, à l'industrie et au transport routier, et pour le benzène, dont le taux dans l'essence a diminué. Les concentrations de dioxyde d'azote en milieu rural augmentent légèrement, essentiellement du fait des élevages et de l'épandage d'engrais azoté. Pour l'ozone, l'été 2008, peu ensoleillé,  a conduit, à l'instar de 2007, à des concentrations moins élevées que les années précédentes. Sur le long terme, malgré la baisse des émissions des précurseurs de ce polluant, les niveaux de fond restent toutefois supérieurs à ceux constatés au début des années 1990 et le Sud est plus exposé que le Nord. Quant aux particules PM10 (inhalables dans l'air), leurs concentrations ont légèrement diminué en 2008 par rapport à 2007, qui avait connu un nombre très élevé de dépassements de valeurs limites.
Les grands centres urbains et les zones de fort trafic routier restent naturellement les plus sensibles aux pics de pollution. Pour les oxydes d'azote, la valeur limite pour la moyenne annuelle - 44 µg/m3 en 2008 - a été dépassée dans plusieurs agglomérations (Aix-en-Provence, Antibes, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Lyon, Marseille, Montpellier, Nice, Paris, Rennes, Rouen, Roussillon, Saint-Chamond, Saint-Nazaire, Strasbourg, Toulon, Toulouse et Valence) et celle de 220 µg/m3 en moyenne horaire à ne pas dépasser plus de 18 heures par an a été franchie pour certains sites exposés à la circulation à Toulon, Paris et Lyon. Concernant les particules PM10, six sites ont dépassé la valeur limite annuelle fixée à 40 µg/m3 : quatre sites routiers (boulevard de la porte d'Auteuil et Autoroute A1 Saint-Denis à Paris, Grenoble Boulevards à Grenoble et A7 Sud Lyonnais à Lyon), un site industriel (Contes à Nice) et un site urbain à la Réunion (Bonsenf). La valeur limite journalière de 50 µg/m3 à ne pas dépasser plus de 35 jours par an dans une vingtaine d'agglomérations (Antibes, Avignon, Boulogne, Cannes, Dunkerque, Fort-de-France, Grenoble, Lille, Lyon, Marseille, Montbéliard, Nice, Paris, Saint-Denis-de-la-Réunion, Saint-Etienne, Sallanches, Strasbourg, Toulon, Tourcoing et Valenciennes).
Pour 2009, les premières observations réalisées au cours du premier semestre font craindre des dépassements de particules plus nombreux qu'en 2008. Pour les PM10, deux épisodes de pollution ont été constatés sur une grande partie du mois de janvier  - avec des concentrations pouvant aller jusqu'à 4 fois la valeur journalière - et sur plusieurs journées de mars et avril. Au cours de la même période, des dépassements de seuil se sont produits sur quelques journées pour le dioxyde d'azote et un épisode de pollution à l'ozone s'est produit entre fin juin et début juillet.

Des zones à bas niveau d'émission dans les grandes agglomérations

Pour Chantal Jouanno, l'accent doit être mis sur la lutte contre la pollution par les particules, déjà responsable de 30.000 décès prématurés par an. "Les enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et malades sont les plus exposés et avec le vieillissement de la population, nous sommes face à un enjeu sanitaire majeur", a expliqué la secrétaire d'Etat qui a annoncé qu'un plan particules sera présenté en septembre prochain. Les transports et la combustion du bois sont identifiés comme les principales sources d'émissions de particules et le futur plan devrait proposer plusieurs mesures adaptées. Outre les dispositifs bien connus visant à réduire l'utilisation des véhicules en ville (auto-partage, co-voiturage, plans de déplacement d'entreprise, développement des transports en commun, parkings relais en entrée de ville...) et à augmenter le parc de véhicules "propres", il prévoira des appels à projets pour mettre en place au moins cinq zones à bas niveau d'émission dans les grandes agglomérations. Il entend aussi s'attaquer au problème de la pollution générée par certains appareils de chauffage au bois. "Les grosses chaufferies collectives sont déjà équipées de filtres, a souligné Philippe Van de Mael, mais il faut aussi réfléchir à une vraie réglementation pour les petites unités moins performantes."

Autre cheval de bataille : la qualité de l'air intérieur. Le nouveau plan national santé environnement prévoit plusieurs dispositions concernant les lieux publics, notamment les écoles et les crèches. 300 établissements vont faire l'objet d'une surveillance d'ici à 2012 et le dispositif sera ensuite généralisé. A partir des outils testés dans les écoles et crèches, il est prévu d'élaborer des indices de la qualité de l'air intérieur. D'ici à 2011, la réglementation sur les piscines couvertes ouvertes au public doit aussi être renforcée. Enfin, le président de l'Ademe a indiqué qu'il avait fait part à l'Union sociale pour l'habitat (USH) de la nécessité de prendre en compte la qualité de l'air intérieur dans le cadre du chantier de la rénovation thermique des logements sociaux les plus énergivores.

 

Anne Lenormand 

 

 

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