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Transports - Péage urbain : TDIE veut briser le tabou social

Revenu sur le devant de la scène avec les succès apparents des dispositifs de Londres, Stockholm, Milan et, depuis ce début d'année, Göteborg, deuxième ville de Suède, le péage urbain est un serpent de mer qui divise de longue date les élus. Le 12 mars, l'association TDIE (Transport, développement, intermodalité, environnement) a fait le point sur le sujet.

De quels outils disposent les collectivités pour réguler le trafic automobile et réduire la pollution qu’il engendre ? En France, le péage urbain reste une arlésienne. A l’étranger, il a prouvé son efficacité. Du moins dans une poignée de villes, à l’instar de Stockholm. Il faut dire que, par sa configuration, le système routier y était particulièrement contraint, autorisant de fait peu d’alternative. Et qu’un patient travail d’explication aux habitants y a été mis en oeuvre. Précédé d’un référendum populaire (remporté de justesse), ce dispositif est donc loin d'avoir trouvé son rythme de croisière en une journée. Mais au bout du compte, il a su redonner plus de fluidité au trafic en ville. "L’acceptabilité sociale est souvent présentée comme un frein. Or, l’exemple suédois le démontre bien, si le projet est présenté en amont et qu’en contrepartie du péage, l’automobiliste comprend qu'il gagne en confort de route et en sûreté, cela fonctionne. Ce qui est sûr, c’est que pour oser, il faut expliquer très clairement ses intentions aux habitants", motive Louis Nègre, sénateur-maire UMP de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) et coprésident de TDIE.

Un outil parmi d’autres

Reste que cet effort d’information et de sensibilisation prend du temps. "Ce qui a freiné les collectivités dans la possibilité qui fut laissée d’expérimenter des zones d'actions prioritaires pour l'air (Zapa), ce fut notamment la durée imposée de trois ans. C’était bien trop court", reconnaît Alexis Vuillemin, de la direction des Transports ferroviaires et collectifs du ministère de l'Ecologie. Sur le plan technique, les outils en tout cas existent et les coûts de fonctionnement des péages sont progressivement réduits grâce à l’arrivée de nouvelles technologies permettant d’éviter l’implantation de gares de péage ou le traitement fastidieux de données prises par caméra. "Les outils sont sur la table, il est temps d’avancer sur le sujet. Le péage n’est pas la panacée, c’est un outil parmi d’autres, sur lequel il faut lever le tabou", ajoute Louis Nègre. Principal tabou : l’injustice sociale imprégnant l’idée d’un péage supplémentaire. "Cela ne doit pas bloquer la réflexion car c’est en partie faux. L’image de l’automobiliste pauvre à qui on impose une taxe a la dent dure sauf qu’en moyenne, celui-ci a nettement plus de moyens que l’usager lambda qui emprunte quotidiennement les transports en commun sans en avoir le choix", confirme Matthieu Glachant, économiste de l’environnement et directeur du Centre d'économie industrielle de Mines ParisTech (Cerna). Selon lui, c’est donc la lutte contre la congestion qui doit rester le principal leitmotiv justifiant l’installation d’un péage.

 

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