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Congrès des maires - Pauvreté : les maires en première ligne

Pauvreté, précarité, exclusion, inégalités territoriales.... Alors que s'achève l'année européenne de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale, l'Association des maires de France (AMF) a choisi d'ouvrir son 93e congrès ce mardi 23 novembre avec un débat sur le rôle du maire face à la pauvreté. Qu'ils viennent de banlieue, du monde rural ou de villes relativement favorisées, tous les participants à la table ronde ont souligné qu'il s'agissait malheureusement d'un sujet d'une actualité criante : environ 7,8 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté (950 euros par mois pour une personne seule). Avec des catégories de population plus touchées que d'autres, comme les familles monoparentales (30% vivent sous le seuil de pauvreté), les familles nombreuses, les jeunes, les personnes âgées isolées...
Selon le président de l'association Ville et banlieue, Claude Dilain, les élus constatent tous les jours que "les pauvres deviennent de plus en plus pauvres".  L'augmentation du nombre d'impayés dans les cantines et les logements sociaux, l'explosion du nombre de dossiers déposés en commission de surendettement  en sont autant de signes (voir notre article ci-contre du 2 novembre 2010). Non seulement les écarts se creusent entre les plus riches et les plus pauvres, souligne le maire de Clichy-sous-Bois, mais un sentiment de fatalité prospère : "Que répondre à des jeunes qui vous rient au nez lorsque vous leur parlez d'ascenseur social ? Quels arguments sérieux peut-on leur présenter ?"
Toutes les familles pauvres ne vivent pas en banlieue, a tenu à souligner Patrick Masclet président de la commission cohésion sociale de l'AMF : avec un revenu moyen par foyer de 12.000 euros, la commune d'Arleux (Nord, 3.000 habitants) dont il est le maire a obtenu un contrat urbain (sic) de cohésion sociale (CUCS). Une pauvreté généralement moins visible qu'en ville. Cependant, une remarque du maire de Fontannes (Haute-Loire, 800 habitants) a rappelé opportunément que tous les problèmes n'étaient pas comparables  : "Longtemps les CCAS se sont cantonnés à organiser les repas du troisième âge. Il y a désormais une prise de conscience de l'importance de l'action sociale." De quoi faire sourire le maire de Clichy qui n'a probablement pas souvenir d'un CCAS ne s'occupant que du club des anciens…

Les 36.000 maires connaissent-ils le RSA-activité ? 

Invitée de la table ronde, la nouvelle secrétaire d'Etat aux Solidarités, Marie-Anne Montchamp, s'est dite consciente de ce rôle essentiel des CCAS et des travailleurs sociaux : l'adjointe au maire de Nogent-sur-Marne souhaite "recueillir les innovations locales, les faire connaître" et mener "une action déterminée pour soutenir le modèle social français, dans un esprit de partenariat républicain". L'un de ses prédécesseurs, Martin Hirsch, a rappelé aux élus que les travailleurs pauvres pouvaient désormais bénéficier d'un complément de revenus par le RSA-activité. Le président de l'Agence du service civique estime à un million le nombre de personnes ayant droit au RSA-activité mais n'en faisant pas la demande. Il a encouragé les maires à faire la promotion de ce dispositif, avec pour objectif de "vider le fonds national des solidarités actives" (FNSA). Des déclarations qui interviennent alors que la commission des finances du Sénat vient de réduire fortement l'abondement de l'Etat sur ce fonds pour 2011, de 700 à 100 millions d'euros (voir notre article ci-contre du 23 novembre 2010). En substance, les sénateurs estiment que le nombre de bénéficiaires du RSA-activité augmentant lentement, l'Etat peut se dispenser de fournir cette enveloppe en 2011. Le sénateur-maire de Dijon, François Rebsamen, a indiqué à Martin Hirsch que pour lui cette montée en charge lente du RSA-activité n'avait pas pour cause principale une insuffisante communication ou la complexité des formulaires : "Le problème c'est la compétence : c'est à la commune que les gens s'adressent, mais c'est le département qui paie…". Et l'élu de souligner qu'en cas de désaccord entre la ville et le département, il était fort délicat de mettre effectivement en oeuvre des conventions locales efficaces.