Insertion - Le RSA approche les 1,8 million d'allocataires
La direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques des ministères sociaux (Drees) et la Caisse nationale d'allocations familiales (Cnaf) publient les statistiques sur le nombre de bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA) au 30 juin 2010. La date est symbolique, car elle correspond au premier anniversaire de la mise en œuvre effective de cette nouvelle prestation. En juin dernier, 1.766.000 foyers ont perçu le RSA. Ce chiffre ne concerne que les seuls versements effectués par les CAF, mais ces dernières couvrent 98% des bénéficiaires du RSA (le solde étant constitué par les ressortissants du régime agricole).
En un an, le nombre de bénéficiaires du RSA a ainsi progressé de 20%, mais cette hausse spectaculaire est surtout imputable au RSA activité, destiné aux "travailleurs pauvres" et qui constitue une nouvelle prestation. De 280.000 lors de sa mise en place en juin 2009 (les dossiers de demandes pouvaient être déposés dans les mois précédents), le nombre d'allocataires du RSA activité est ainsi passé à 434.000 en juin 2010. Sur ce point, la note de la Drees et de la Cnaf déçoit quelque peu, car elle ne donne aucune information sur le profil et le parcours des bénéficiaires du RSA activité, qui demeurent pour l'instant une population très mal connue.
Si le RSA activité explique ainsi une bonne part de la progression globale, le RSA socle n'est cependant pas en reste. En un an, les bénéficiaires du RSA socle non majoré (l'héritier du RMI) et du RSA socle majoré (l'héritier de l'allocation de parent isolé) sont ainsi passés de 1,198 million à 1,332 million, soit une hausse de 11%. Ce chiffre confirme les premières estimations de la Cnaf (voir nos articles ci-contre du 11 juin et du 15 septembre 2010). Curieusement, l'étude de la Drees et de la Cnaf parle d'une hausse de 10%, en donnant des chiffres différents pour le nombre total d'allocataires du RSA socle en juin 2009 : 1,210 million dans l'introduction de l'étude, mais 1,198 million dans le tableau détaillé de la page 3. Quoi qu'il en soit, cette hausse annuelle est la plus importante enregistrée depuis la fin de la montée en charge du RMI, au milieu des années 1990. Elle ne s'explique pas par une croissance du nombre d'allocataires du RSA socle majoré (ex API), demeuré quasiment stable (189.000 en juin 2009, 190.000 en juin 2010). Elle doit tout en revanche à la forte hausse du nombre de bénéficiaires du RSA socle non majoré (ex RMI), qui ont progressé de 133.000 en un an. Sans surprise, l'étude explique cette évolution par "le contexte économique extrêmement dégradé qui prévalait lors de la mise en oeuvre de la nouvelle prestation : la chute brutale du produit intérieur brut (PIB) entre le premier trimestre 2008 et le premier trimestre 2009 (-3,9%) s'est en effet traduite par des ajustements importants sur le marché du travail". Le chômage a, pour sa part, progressé de 25% en glissement annuel tout au long de 2009, ce qui s'est traduit - avec un ou deux trimestres de décalage - par une nette hausse du nombre de bénéficiaires du RSA socle. Celle-ci a touché en premier lieu la tranche d'âge des 25-34 ans, avec une augmentation de 13% du nombre d'allocataires, mais aussi - dans une moindre mesure - celle des plus de 50 ans.
Jean-Noël Escudié / PCA