Social - Le gouvernement maintient son objectif de réduction d'un tiers de la pauvreté
A l'approche de la Journée mondiale du refus de la misère - qui se tiendra le 17 octobre -, Marc-Philippe Daubresse a présenté un point de situation sur les politiques françaises de lutte contre la pauvreté. Le ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives a notamment dévoilé les grandes lignes du prochain rapport annuel sur les conditions de réalisation de l'objectif de réduction d'un tiers de la pauvreté à l'horizon 2012. Le principe de ce rapport est inscrit dans la loi du 1er décembre 2008 généralisant le revenu de la solidarité active (RSA) et réformant les politiques d'insertion. Une première édition de ce document avait été présentée en octobre dernier (voir notre article ci-contre du 15 octobre 2009). La seconde le sera au mois de novembre 2010, à l'occasion de la séance d'installation du nouveau Conseil national de lutte contre l'exclusion.
Les premiers éléments présentés par Marc-Philippe Daubresse semblent plutôt positifs, même s'ils restent encore assez circonscrits. L'engagement présidentiel de réduction d'un tiers de la pauvreté en cinq ans - pris le 17 octobre 2007 à l'occasion du 20e anniversaire de la Journée mondiale du refus de la misère - porte en effet sur un indicateur bien précis : le taux de pauvreté monétaire ancré dans le temps (autrement dit la proportion de personnes vivant dans des ménages dont le niveau de vie est inférieur à 60% du niveau de vie médian de la population, réévalué chaque année pour prendre en compte l'inflation). De 13,5% en 2006, ce taux est passé à 12,5% en 2007 (-11,5%), puis à 11,6% en 2008 (-7,2%). Cette évolution favorable s'observe dans toutes les tranches d'âge. Elle place également la France dans un bon rang au niveau européen. Pour le ministre de la Jeunesse et des Solidarités actives, ces résultats "tendent à montrer que l'objectif fixé par le président de la République est accessible".
Sur les autres indicateurs, les résultats sont plus mitigés. S'il n'apparaît pas de dégradation significative, la tendance est plutôt à la stabilité. Plusieurs améliorations méritent cependant d'être signalées, comme le taux d'emplois standardisés des seniors (+3,8 points pour la période 2006-2009 chez les 55-59 ans et +3,6 points pour les 60-64 ans). Si le bilan d'étape rappelle un certain nombre de mesures mises en place par le gouvernement depuis trois ans, il n'explique pas véritablement les raisons de l'évolution du taux de pauvreté monétaire ancré dans le temps.
Pour l'avenir - et notamment la concrétisation de l'engagement présidentiel à l'horizon 2012 -, le gouvernement compte tout particulièrement sur les effets du RSA activité. Absent des bons résultats de 2007 et 2008 (le RSA n'est entré en vigueur qu'en juillet 2009), il devrait en revanche jouer à plein sur l'année 2010, d'autant plus que sa montée en charge semble s'accélérer. Le RSA jeunes devrait en revanche avoir un effet plus limité. Pour que l'objectif final soit atteint, il faudra cependant que l'impact positif du RSA fasse plus que compenser les effets négatifs de la crise sur le niveau de la pauvreté...
En attendant de connaître la réponse et toujours dans la prespective de l'échéance de 2012, Marc-Philippe Daubresse a annoncé que l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (Onpes) travaille à la mise en place d'indicateurs plus réactifs, dont les premiers résultats devraient être disponibles au premier trimestre 2011. De même, le ministère va soumettre à la concertation un certain nombre de propositions nouvelles, comme l'assouplissement (à titre expérimental) de la durée des contrats d'insertion, la création de "véritables contrats d'insertion personnalisés, négociés avec les partenaires sociaux, sur le modèle de l'Italie", ou encore la création de chartes territoriales de cohésion sociale, avec désignation d'un chef de file unique pour la conduite de ces politiques.
Jean-Noël Escudié / PCA