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Social - Le tiers des familles monoparentales vit sous le seuil de pauvreté

L'Insee publie la livraison 2010 de son étude sur les revenus et le patrimoine des ménages. Celle-ci, qui porte sur l'année 2007 (donc avant le plein effet de la crise économique), consacre plusieurs de ses chapitres au thème de la pauvreté. Le premier d'entre eux - "Inégalités de niveau de vie et pauvreté" - confirme largement les conclusions du récent rapport de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale (Onpes) sur le "Bilan de dix ans d'observation de la pauvreté et de l'exclusion sociale à l'heure de la crise" (voir notre article ci-contre du 26 février 2010).
Le niveau de pauvreté reste globalement stable depuis une dizaine d'années, même si des changements méthodologiques compliquent l'étude des séries historiques. L'année 2007 a cependant connu une légère remontée. Le taux de pauvreté monétaire à 60% du salaire médian (soit 908 euros par mois en 2007) s'établit ainsi à 13,4% de la population contre 13,1% l'année précédente, ce qui représente environ huit millions de personnes. Si l'on prend en compte le seuil à 50% de la médiane (757 euros par mois), le taux de pauvreté est de 7,2%, contre 7,0% en 2006, soit environ 4,3 millions de personnes. Le niveau de vie médian des personnes pauvres était de 628 euros par mois en 2007, contre 612 euros en 2006.
L'Insee montre également que la monoparentalité accroît le risque de pauvreté dans des proportions très importantes. Plus de 30% des personnes vivant au sein d'une famille monoparentale - soit 1,6 million d'individus - sont ainsi confrontées à la pauvreté, ce qui représente une proportion 2,3 fois plus importante que pour l'ensemble de la population. Les autres populations plus spécialement exposées au risque de pauvreté sont les chômeurs (taux de pauvreté de 36,4%) et les ménages immigrés (36%, soit 25 points de plus que les ménages non immigrés). L'étude livre également deux autres approches de la pauvreté : une approche "semi-relative" avec la pauvreté ancrée dans le temps - notion mise en avant notamment par Martin Hirsch lorsqu'il était haut-commissaire aux Solidarités actives - et la pauvreté en conditions de vie. Dans cette dernière, un ménage est considéré comme pauvre en conditions de vie lorsqu'il cumule au moins huit privations ou difficultés parmi un ensemble de 27 pris comme référence. Ces privations ou difficultés relèvent de quatre dimensions : contraintes budgétaires (par exemple ne pas pouvoir faire face aux dépenses courantes sans découvert bancaire), retards de paiement (par exemple l'impossibilité de payer à temps les factures d'électricité), restrictions de consommation (par exemple ne pas avoir les moyens financiers de se procurer un certain nombre de consommations élémentaires) et difficultés de logement (par exemple ne pas disposer du confort élémentaire ou d'un espace suffisant dans le logement). Selon cette approche, 12,2% des ménages sont pauvres en conditions de vie, alors qu'à l'autre extrémité, 21% des ménages ne subissent aucune des 27 contraintes ou difficultés prises en compte.
L'étude de l'Insee propose également deux autres articles en lien direct avec le thème de la pauvreté. Le premier porte sur "Trajectoires individuelles et pauvreté". Il montre notamment que la pauvreté peut concerner près d'un quart de la population, mais qu'elle n'est pas nécessairement un état durable. Entre 2003 et 2006, 22% des personnes ont ainsi connu au moins une année de pauvreté monétaire, mais souvent de façon transitoire puisque le taux de pauvreté à 60% du revenu médian était de 13,1% au 31 décembre 2006. Le second article propose un focus sur le niveau de vie et la pauvreté des immigrés en 2007. Il en ressort que le revenu disponible moyen des ménages immigrés était, à cette date, de 25.390 euros par an contre 33.720 euros pour les ménages non immigrés. Les deux tiers de ce revenu correspondaient à des revenus d'activité tandis que près de 14% étaient issus des prestations sociales. Compte tenu de la composition des cellules familiales, les personnes vivant dans un ménage immigré avaient en 2007 un niveau de vie moyen de 14.630 euros par an, soit 1.220 euros par mois.

 

Jean-Noël Escudié / PCA