Lutte contre l'exclusion - La France correctement placée en Europe en matière de pauvreté

Eurostat a publié, le 18 janvier, les derniers chiffres sur la pauvreté au sein de l'Union européenne, issus de l'enquête EU-SILC 2. Cette initiative ne doit rien au hasard. Le 21 janvier se tiendra en effet à Madrid, à l'initiative de la Commission et de la présidence espagnole de l'Union, la conférence inaugurale de l'Année européenne de lutte contre la pauvreté et l'exclusion sociale. En attendant, les chiffres d'Eurostat révèlent que 17% de la population de l'UE est "menacé de pauvreté", avec un risque plus élevé chez les enfants et les personnes âgées. L'institut statistique fonde ces chiffres sur deux indicateurs portant sur l'année 2008 : d'une part, le seuil de pauvreté en standard de pouvoir d'achat (SPA) et le taux de risque de pauvreté pour la population (totale et par tranches d'âge) ; d'autre part, le taux de privation matérielle. Sur le premier point, le risque de pauvreté concerne 17% de la population de l'Union. La France se situe nettement en dessous de cette moyenne, avec un taux de 13%, plus faible que celui de ses principaux partenaires comme l'Allemagne (15%), l'Italie (19%), le Royaume-Uni (19%) ou l'Espagne (20%). Plusieurs pays affichent cependant de meilleurs résultats, comme les Pays-Bas (11%), la plupart des pays nordiques, mais aussi la République tchèque (9%), la Hongrie (12%) ou la Slovaquie (11%). En termes de tranches d'âge, la France affiche des résultats honorables sur les moins de 17 ans (17% de risque de pauvreté pour une moyenne de 20% au sein de l'UE), très proches de la moyenne européenne pour la population ayant un emploi (7% contre 8%) et nettement meilleurs pour les 65 ans et plus (11% contre 19%). Eurostat prend toutefois soin de préciser qu'"il est important de noter que le taux de risque de pauvreté est une mesure relative de la pauvreté et que le seuil de pauvreté varie fortement d'un Etat membre à l'autre".
Le taux de privation matérielle mesure, pour sa part, la proportion de la population déclarant n'avoir pas les moyens de s'offrir un certain nombre de biens ou services. Ce taux regroupe neuf indicateurs, mais l'étude en détaille seulement quatre. Le taux moyen de privation matérielle est ainsi de 13% en France, pour une moyenne européenne de 17%. Les écarts sont toutefois beaucoup plus importants que pour le taux de risque de pauvreté. Les résultats vont ainsi de 4% au Luxembourg et 5% aux Pays-Bas et en Suède à 50% en Roumanie et 51% en Bulgarie. L'étude révèle également des écarts importants selon les items. Ainsi, 32% des Français déclarent n'avoir pas les moyens de "s'offrir chaque année une semaine de vacances hors de son domicile", pour une moyenne de 37% au sein de l'UE et des écarts allant de 10% (Danemark) à 76% (Roumanie). En revanche, seuls 5% des Français déclarent n'avoir pas les moyens de "chauffer convenablement son domicile", contre une moyenne de 10%. Les résultats de la France sont très moyens sur l'impossibilité de "s'offrir un repas composé de viande, de poulet ou de poisson (ou équivalent végétarien) tous les deux jours", avec un taux de privation de 8% pour une moyenne UE de 9%. Mais ils sont nettement meilleurs sur les moyens de "s'offrir une voiture personnelle" : 4% de taux de privation matérielle contre une moyenne européenne de 9%.

 

Jean-Noël Escudié / PCA