Social - La pauvreté monétaire a légèrement reculé en 2008
Comme chaque année, l'Insee publie son enquête annuelle sur les revenus. Celle-ci porte en l'occurrence sur les résultats de l'année 2008. Intégrant les revenus sociaux et fiscaux, elle montre que le niveau de vie médian s'élevait en 2008 à près de 19.000 euros par an (18.990 euros), soit environ 1.580 euros par mois. Ce niveau de vie médian progresse - en euros constants - de 1,7% par rapport à 2007. Même si la France est l'un des pays développés présentant les plus faibles écarts de revenus (à ne pas confondre avec les écarts de patrimoine), ceux-ci n'en sont pas moins significatifs. Ainsi, les 10% des personnes les plus modestes (premier décile) affichent un niveau de vie inférieur à 10.520 euros par an tandis que les 10% les plus aisés (dernier décile) bénéficient d'un niveau de vie annuel supérieur à 35.550 euros, soit un ratio d'environ 3,4 entre les deux extrêmes. Les personnes appartenant au premier décile ont vu leur niveau de vie médian progresser de 2,2% en 2008, contre 2% pour celles du dernier décile. Globalement, tous les déciles de niveaux de vie ont progressé en 2008, mais ce sont les quatre premiers déciles qui ont bénéficié de la progression la plus marquée. Un bémol toutefois : cette progression tient en partie au fait que le nombre moyen d'unités de consommation par ménage a légèrement diminué dans les quatre premiers déciles, alors qu'elle est restée stable dans les autres. Autrement dit, ces quatre premiers déciles ont vu croître la part des personnes seules ou des couples sans enfants, ce qui augmente mécaniquement le revenu disponible par unité de consommation.
L'étude de l'Insee sur les revenus 2008 établit à 949 euros par mois le seuil de pauvreté, correspondant à 60% du niveau de vie médian de la population (conformément à la nouvelle norme européenne). Environ 7,8 millions de personnes vivent en dessous de ce seuil, dont la moitié a un niveau de vie inférieur à 773 euros mensuels. Le taux de personnes sous le seuil de pauvreté a cependant reculé en 2008, passant de 13,4% à 13,0% de la population française. En 2005 et 2006, ce taux était de 13,1%.
L'étude confirme, une nouvelle fois, que la pauvreté touche tout particulièrement les familles monoparentales (voir notre article ci-contre du 6 avril 2010). En 2008, 30% des personnes vivant dans une famille monoparentale disposaient d'un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté, ce qui représente plus de 1,6 million de personnes. Cette proportion est 2,3 fois supérieure à celle observée dans l'ensemble de la population. Cette situation s'explique notamment par un moindre taux d'emploi : 55% des personnes de plus de 18 ans vivant au sein d'une famille monoparentale ont un emploi, contre 73% des adultes vivant en couple avec un ou plusieurs enfants. Les autres configurations familiales les plus touchées par la pauvreté sont les personnes seules sans enfants (16,9% de taux de pauvreté) et les couples avec trois enfants et plus (19,7%).
La publication de l'étude de l'Insee a suscité des réactions de la part des associations caritatives, qui font état d'une forte hausse de la fréquentation de leurs permanences. Ces hausses annoncées sont en contradiction avec les résultats de l'Insee, qui font au contraire apparaître une légère baisse de la pauvreté monétaire. L'écart s'explique toutefois par la différence dans les périodes observées : 2008 pour l'Insee et ces derniers mois pour les associations. Il faudra donc attendre les résultats de l'Insee pour 2009 afin d'avoir une vision plus précise de l'impact de la crise économique sur l'évolution de la pauvreté.
Jean-Noël Escudié / PCA