Environnement / Transports - Mieux respirer en ville : un nouveau guide destiné aux élus locaux
Le Réseau Action Climat a publié le 22 septembre un guide à destination des élus locaux qui leur propose des leviers d'action pour modérer le trafic routier au profit des mobilités alternatives (marche, vélo, voiture partagée, transports en commun). "Tous les territoires sont concernés par la pollution de l’air : en moyenne, l'espérance de vie à 30 ans est réduite de 15 mois dans les grandes villes, de 10 mois dans les petites et moyennes villes et 9 mois en zone rurale, rappelle l'association, citant les conclusions d'une étude publiée en juin dernier par Santé Publique France (lire ci-contre notre article du 22 juin 2016). "En agissant sur les causes de la pollution de l’air, les collectivités peuvent contribuer à sauver 34.000 vies par an", ajoute-t-elle. Alors que la moitié des déplacements automobiles fait moins de 3 km en France, elle estime que la réduction du trafic routier constitue un "vrai potentiel" pour reconquérir la qualité de l’air.
Le guide revient dans une première partie sur les "1.000 et 1 raisons d'agir", en citant au passage les nombreuses villes européennes qui ont engagé des actions en la matière, avant de détailler les "4 leviers d'actions pour repenser la place des véhicules motorisés en ville". Le premier levier consiste à mettre en place "une politique de régulation de stationnement cohérente avec les politiques de mobilité durable et de report modal à l’occasion de la réforme du stationnement", note le Réseau Action Climat. Depuis la loi de transition énergétique, les communes et les intercommunalités peuvent aussi interdire progressivement la circulation des véhicules les plus polluants (poids lourds, autocars, voitures, utilitaires) au sein de "zones à circulation restreinte" (ZCR). Paris s’est déjà saisi de ce nouveau dispositif dans le cadre de son plan anti-pollution et une vingtaine d’agglomérations pourraient lui emboîter le pas, souligne l'association.
Autre levier : les communes peuvent désormais généraliser la limitation des vitesses à 30 km/h en ville et baisser les vitesses sur les rocades, pour modérer et fluidifier le trafic routier, encourager la marche et le vélo. C'est la démarche mise en oeuvre par la "métropole apaisée" de Grenoble. Ces nouvelles mesures s’ajoutent aux marges de manœuvre qui existent pour développer les zones à circulation apaisée comme la piétonisation et les zones à trafic limité. Nantes a ainsi créé une zone à trafic limité dans son centre, suscitant une montée en puissance du vélo et une baisse du trafic routier.
Dans une troisième partie, le guide présente "les règles d'or" pour une transition en douceur - les bonnes pratiques de la concertation pour informer et impliquer la population, l'organisation de campagnes de communication et d'animation et la manière d'organiser "une mobilité soutenable pour tous" pour "ne laisser personne sur le quai". A ce propos, la mise en oeuvre d'une ZCR pour les véhicules selon les critères de pollution "nécessite sans doute le plus de vigilance concernant les impacts sociaux, étant donné le taux plus élevé de véhicules anciens chez les catégories les plus modestes", soulignent les auteurs du document. "Deux règles d'or" sont ressorties des études de faisabilité des zones d'actions prioritaires pour l'air (Zapa), qui ont préfiguré les ZCR, préviennent-ils : "la première consiste à construire un projet partagé entre communes voisines pour mettre en place la mesure la plus efficace possible tant sur le plan environnemental que social, afin de n'exclure personne. La seconde consiste à prévoir un temps suffisant de mise en oeuvre pour que particuliers et professionnels s'adaptent à la mesure".
La dernière partie du guide intitulée "Les indispensables" revient sur les politiques locales de mobilités actives, en faveur de la marche, du vélo, des transports en commun, de l'autopartage ou du covoiturage, sans oublier la question des transports de marchandises en ville, notamment la manière de réduire l'impact du dernier kilomètre.
"Alors que certaines villes prennent les devants, d’autres font marche arrière et la majorité tarde à agir", estime le Réseau Action Climat qui appelle les collectivités à se saisir de ces outils "dès maintenant, en accélérant simultanément le développement des solutions de mobilité alternative et les démarches d’accompagnement pour la population locale".