Aménagement urbain - L'essor des villes 30 s'accélère
Le 14 février, le collectif "Ville 30" a fait savoir qu'il redoublerait d'efforts, à l'approche des municipales, pour convaincre les élus et candidats des atouts qui sont propres à ces aménagements. Et à l'appui, il ne manque pas d'exemples. En France, une vingtaine de villes ont limité certaines zones urbaines de circulation à 30 km/h. Parmi elles, Lorient est régulièrement citée comme l'une des premières à s'être engagée dans une politique ambitieuse de généralisation de ces quartiers où la vitesse est certes réduite, "mais compensée par l'amélioration de la fluidité avec la suppression des feux et leur remplacement par des petits giratoires". La ville a d'ailleurs poussé la logique jusqu'à inscrire l'extension du dispositif au centre de son plan local d'urbanisme (PLU). Des villes plus grandes comme Metz ou Rennes hésitent aussi à se convertir. A Angers, c'est en cours et d'ici la fin de l'année, 90% des rues seront en zone 30. A Chambéry, 30% des rues le sont déjà et la réflexion se poursuit afin "que les 30 km/h deviennent la norme et non l'exception". Et chez nos voisins ? "En Autriche, c'est la seconde ville du pays, Graz (250.000 habitants), qui a ouvert la voie. C'était en 1992 : pour la première fois, l'ensemble d'un centre-ville est passé en zone 30. Depuis, la règle du 30 km/h s'est diffusée dans d'autres villes comme Rotterdam, Amsterdam, Delft aux Pays-Bas et une vingtaine en France. On dispose d'un recul de plus de vingt ans pour juger les bénéfices, parfaitement admis et reconnus, d'une telle mesure", ajoute le collectif.
Pacifier la ville
A Bougival, dans les Yvelines, la décision est plus récente : depuis que la ville a modifié il y a deux ans son plan de circulation, la circulation y été "apaisée" et le réseau cyclable étendu. A Rungis, dans le Val-de-Marne, cela date mais les élus rappellent que cela a permis d'homogénéiser les vitesses observées, y compris au sein du fameux marché d'intérêt national (MIN), où le 30 km/h est de rigueur. Le but du collectif est d'aller plus loin et de faire de cette limitation de vitesse une norme et non une dérogation au principe des 50 km/h. Il publie en ce sens une brochure qui explique qu'une ville 30 favorise le développement des transports collectifs (vitesse commerciale, régularité), qu'elle est le gage d'une sécurité renforcée et d'une meilleure place de l'enfant en ville, et qu'elle représente par ailleurs une incitation à l'usage du vélo. Le 50 km/h n'est de toute façon, selon ce collectif, absolument pas justifié en centre-ville et "incompatible avec la vie locale" du fait des impacts sur le cadre de vie. Rouler à 30 km/h réduirait en effet le bruit (presque par deux) et améliorerait la qualité de l'air. Réduite à une portion congrue, sur des tronçons isolés par exemple, le système ne donne par contre qu'un "patchwork incompréhensible".