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Emploi - Les salariés des missions locales réunis au champ de Mars pour se faire entendre

Des salariés des missions locales se sont rassemblés le 23 juin à Paris pour faire entendre leur mécontentement concernant la nouvelle circulaire DGEFP qui leur impose des objectifs de performance et concernant le manque de moyens avec la disparition du budget accordé dans le cadre du plan de relance.

Plusieurs centaines de salariés des missions locales se sont retrouvés le 23 juin à Paris pour une manifestation nationale destinée à faire valoir leurs revendications. Depuis plusieurs mois, le réseau a organisé une mobilisation, à travers des pétitions destinées au ministère du Travail et des actions locales, lors du passage du Train de l'Emploi. Leur objectif : le retrait de la circulaire DGEFP du 19 janvier 2011 qui impose aux missions locales des objectifs de performance et la pérennisation de leurs moyens financiers. "La manifestation du 23 juin est à la fois un point d'orgue et un point de démarrage pour nous, explique Jean-Philippe Revel, représentant CGT des missions locales, nous envisageons un rebond dès la rentrée pour donner une autre dimension au mouvement, en participant notamment à une mobilisation conjointe avec les autres acteurs du service public de l'emploi, que sont l'Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (Afpa), Pôle emploi… Des actions locales seront aussi organisées par les missions locales." Le responsable syndical explique aussi que son syndicat souhaite interpeller les futurs candidats à la présidentielle de 2012.
Avec le retrait du budget accordé aux missions locales dans le cadre du plan de relance, soit 51 millions d'euros, mille conseillers, actuellement en contrat à durée déterminée et recrutés grâce à cette somme, ne pourront être maintenus, alors que les jeunes affluent toujours plus aux portes de ces structures. En 2010, 1,3 million de jeunes de 16 à 25 ans ont ainsi été reçus, soit 10% de plus en un an. Et les conditions économiques ne facilitent pas le travail des missions locales. Sur l'année 2010, 435.000 jeunes seulement ont pu signer un contrat de travail classique, soit 10% de moins qu'en 2009… "On demande de disposer d'une vraie labellisation et à être reconnu, au même titre que Pôle emploi, par l'Etat, détaille Pierre-André Knidel, de la CTFC, on a eu cette reconnaissance à l'écrit, mais on n'a pas encore le concret, le pérenne."

Les avancées sont faibles

Les conseillers redoutent les effets à venir. "Les objectifs de la CPO sont impossibles à atteindre, explique Séverine Hy, une conseillère de la mission locale de l'agglomération rouennaise, actuellement en grève, et les moyens diminuent. Un exemple : l'allocation Civis (contrat d'insertion dans la vie sociale) était l'an dernier de 150 euros, elle s'élève maintenant à 100 euros seulement. Le but du gouvernement est de mettre fin à ce contrat." La difficulté sur le terrain est aussi de répondre aux exigences des deux financeurs des missions locales que sont l'Etat et les collectivités locales. "Les portefeuilles des conseillers sont trop importants car ils doivent répondre à la fois aux objectifs de l'Etat et à ceux des collectivités", détaille Pierre-André Knidel. Sans compter les postes consacrés à fournir les statistiques demandées par le gouvernement, qui éloignent les salariés des missions locales de leur cœur de métier, l'accompagnement des jeunes. "On nous demande de plus en plus de statistiques sous lesquelles on est noyé, et on se retrouve avec beaucoup de chargés de projet décrochés de l'accompagnement des jeunes, et avec moins de conseillers, donc leur portefeuille augmente", assure le responsable CFTC.
Malgré la mobilisation, les avancées sont faibles. Face au mécontentement, le gouvernement a mis en place au mois de mai un groupe de travail technique, composé de représentants de la DGEFP, du Conseil national des missions locales (CNML) et de l'Union nationale des missions locales (UNML). Ayant reçu le 23 juin les représentants des missions locales, le ministre du Travail a proposé aux syndicats de participer à ce groupe de travail aux côtés de l'UNML et du CNML. Mais les syndicats ne se font pas d'illusion. "C'est un groupe de travail précontraint, l'UNML n'a pas trop de marge de manœuvre. Le gouvernement reste sur ses décisions", détaille Jean-Philippe Revel. Les syndicats n'attendent pas de vrai changement de direction de la part du gouvernement. "On aura du mal à faire changer la circulaire, explique Pierre-André Knidel, ce qu'on peut espérer, ce sont les moyens." De sonc côté le Synami-CFDT appelle les jeunes suivis par les missions locales à s'inscrire à Pôle emploi afin de gonfler les chiffres officiels du chômage.