Education / PEDT - Les PEP livrent des outils pour construire une communauté éducative autour des PEDT
En partenariat avec l'association Prisme, La Fédération générale des PEP (Fédération générale des pupilles de l'enseignement public) publie un nouvel outil intitulé "Faire vivre le projet éducatif de son territoire". Après le guide méthodologique de création des PEDT (projets éducatifs territoriaux) et le guide d'évaluation des PEDT, ce document se veut un "outil de capitalisation et de réflexion" pour continuer à innover et à améliorer les PEDT existants et ceux en cours de création, afin de porter sur le long terme, selon les mots de son président Jean-Pierre Villain, "nos engagements politiques, sociétaux et éducatifs de transformation sociale dans ces PEDT".
Détours pédagogiques, retours d'expériences, exemples d'accompagnement à la mise en place de PEDT, références réglementaires, diagnostics de territoires... le guide offre les clés pour construire un véritable projet partenarial. Car selon la fédération, "chacun à sa place est responsable d'une partie du bien-être et de l'éducation des enfants". "L'étape de la généralisation est en voie d'être réussie" affirme le guide, elle doit se traduire à présent "dans une approche globale territoriale en adéquation avec les besoins éducatifs, sportifs et culturels des enfants". Une vision très bienveillante des PEDT qui va un peu à l'encontre de certains points de vue et de remontées de terrain : la généralisation n'est pas totale (7% des communes n'ont pas mis en place de nouvelles activités périscolaires / NAP durant les trois heures dégagées par la réforme des rythmes, lire notre article du 22 décembre 2015) et les résultats de la récente enquête Cnaf/AMF montrent malgré tout de réelles disparités territoriales et de nombreuses difficultés dans l'application de la réforme.
Du PEDT à une société et une éducation inclusive
Réitérant son engagement pour le droit et l'accès de tous à l'éducation, et son soutien à cette partie de la réforme des rythmes scolaires, la fédération demeure convaincue qu'au-delà du projet éducatif à construire ou à améliorer, la généralisation des PEDT est "une opportunité pour promouvoir une dynamique entre acteurs éducatifs vers une société et une éducation inclusive". L'objectif étant que chacun se sente concerné par l'éducation des enfants.
Partant du postulat sans doute très réaliste que "les personnalités qui représentent le pouvoir politique, ou l'Education nationale, sont autant démunies que les autres pour imaginer un système où chaque enfant, chaque adulte du territoire trouvera sa place dans les espaces éducatifs privés et publics dont les établissements scolaires", le guide s'adresse à tous les adultes qui concourent à l'éducation des enfants d'un territoire. Son objet : susciter l'auto-formation et les échanges entre élus, cadres, enseignants, parents, bénévoles ou professionnels, associatifs ou territoriaux, mais aussi avec les premiers concernés : les enfants et les jeunes...
Points forts, points faibles
Les auteurs du guide mettent en exergue les deux points forts de la réforme : la cinquième matinée de classe et l'amélioration de la formation des agents scolaires (voir notre article ci-contre du 1er septembre 2015). Ils reconnaissent néanmoins les dysfonctionnements des PEDT (dus, selon les témoignages, à l'énorme travail de formation qu'il faut réaliser et à la difficile réelle implication de tous les partenaires concernés) et invitent l'ensemble des acteurs à échanger, à proposer, à se réunir en réseau, en petits groupes... pour que la réforme soit une réussite pour tous.
Les difficultés soulevées sont connues : elles concernent la complémentarité et la continuité des activités périscolaires avec l'enseignement dispensé durant les temps scolaires (le PEDT serait pourtant le moyen de mettre en place une synergie entre ce qui se fait en classe et ce qui se fait hors classe), l'accès aux locaux, les difficultés de recrutement, l'impact des contraintes liées aux transports et les difficultés budgétaires rencontrées par certaines communes pour développer des activités de qualité (seules 62% des communes indiquent que les enfants ont le choix entre plusieurs activités) ou même mettre en place les NAP... Des difficultés relevées dans l'enquête de la Cnaf/AMF qui relevait notamment que l'absence de NAP "concernait surtout de petites communes de moins de 1.000 habitants, qui se justifient par des raisons financières (42%), l'insuffisance de personnel (36%), la faiblesse des besoins d'accueil (23%) ou encore l'indisponibilité des locaux (22%)".
La Fédération des PEP souhaite voir rendus obligatoires les comités de suivi. Elle demande par ailleurs la pérennisation du fonds de soutien aux activités périscolaires pour éviter la réorientation des budgets communaux au détriment des autres activités liées aux temps de classe, séjours...
Inclusion sociale et physique
La fédération propose des "petites choses très efficaces qui peuvent être mises en œuvre rapidement, en informant les acteurs et responsables concernés". "D'autres propositions demanderont une coordination entre plusieurs institutions. Celles-ci, progressivement, évolueront dans une dynamique d'amélioration continue : plusieurs territoires cités dans ce document en font l'illustration", ajoute-t-elle.
Il est également question d'horaires scolaires (les auteurs ayant conscience qu'une matinée en plus ajoute une matinée productive mais ne garantit pas moins de fatigue), et de l'importance de renouveler l'intérêt des enfants en alternant les propositions qui sont leur faites, tout en respectant leur rythme biologique. Ceci, notamment, en alternant activités intellectuelles et physiques, sachant que "la vie collective est génératrice" de fatigue. Le guide propose ainsi "des pistes de réflexion à partager collectivement pour renforcer la qualité des services, leur accessibilité à tous les publics".
La non-gratuité de certaines activités des PEDT est également questionnée, dans la mesure où elle a un impact sur la fréquentation. L'inscription formelle est également un problème pour les familles en difficulté, car "le simple fait des procédures d'inscription est sélectif pour les parents qui ont des difficultés à l'écrit". L'inclusion sociale ou physique (pour les enfants handicapés) est une priorité affichée, rappelle le guide, et doit faire l'objet d'un travail spécifique entre le ministère de l'Education, le ministère en charge de la ville, de la jeunesse et des sports, le ministère des Affaires sociales et de la Santé, le ministère des Droits des femmes, la Cnaf et "des associations nationales qui permettent l'accès de tous au droit commun". Le PEDT serait-il - et peut-il l'être - l'outil de traduction des volontés gouvernementales sur les plans sociétaux et éducatifs ?