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Education - Une enquête sur les rythmes scolaires tels qu'ils sont vécus par les agents dans les communes

"Intéressante". Dans les mairies et EPCI, la grande majorité des directeurs de l'éducation ont trouvé "intéressante" cette rentrée 2014 qui a vu la généralisation des nouveaux temps scolaires. Un point de vue rarement mis sur le devant de la scène et que met en lumière une enquête de l'Andev menée auprès de ses adhérents. L'enquête aborde également les questions de réorganisation des services municipaux et accorde une place prépondérante aux animateurs (leur motivation, leur recrutement, leur formation), sans masquer les difficultés rencontrées (notamment avec les partenaires éducatifs). Une enquête décidément très "intéressante".

Ce n'est pas une enquête de plus sur les rythmes scolaires que propose l'Andev (Association nationale des directeurs de l'éducation des villes de France), avec l'institut CSA, dans le cadre d'un partenariat avec la société Sodexo. C'est une enquête que l'association a réalisé auprès de ses adhérents (*) : les résultats offrent donc une photographie de la manière dont les rythmes scolaires ont été vécus par des agents de collectivités a priori motivés, et expérimentés, sur le sujet.
Pour preuve, 91% des 210 collectivités qui ont répondu à l'enquête avaient mis en place des activités périscolaires municipales avant la réforme. Réforme qui, pour les adhérents de l'Andev, a davantage été vécue comme une réorganisation des temps périscolaires (58%) que comme une juxtaposition de nouveaux temps périscolaires (29%) ou encore un simple aménagement des temps périscolaires existants (12%).

36% ont connu une rentrée "sereine"

Au bilan, la rentrée 2014 a été jugée "intéressante" par 78% des répondants (et 36% "sereine"), qui ne nient toutefois pas les difficultés, notamment d'ordre organisationnel.
Interrogés sur les éléments qui ont facilité cette rentrée, les animateurs auraient joué un rôle déterminant de par leur investissement (55%) mais également leur compétence (35%).
Pour mettre en place cette organisation, 43% des adhérents de l'Andev ont pu s'appuyer sur des structures éducatives préexistantes et 40% sur la volonté politique de leurs élus (40%). Les répondants évoquent ensuite, parmi les éléments qui ont facilité cette rentrée, la coopération de l'équipe éducative (27%), la bonne entente avec les directeurs d'école (27%) et l'existence de locaux spécifiques évitant l'utilisation des salles de classes (20%). Les bonnes relations avec les enseignants et la qualité des associations sont peu citées (respectivement 14 et 12%).
A noter que la plupart des répondants ont mis en place un système d'information pour les parents, le plus souvent via les sites internet des collectivités (85%), mais aussi dans les magazines institutionnels (77%), les brochures (75%) et l'affichage dans les écoles (65%). Une minorité ont eu recours au courrier (13%) et encore moins aux réunions publiques (5%).

36% ont eu des difficultés dans leurs rapports à l'Education nationale

50% des adhérents de l'Andev ont dit avoir rencontré des difficultés concernant la réorganisation du temps de travail des agents et les redéploiements qu'elle a engendrés. Le nombre d'enfants à accueillir (40%), le recrutement des animateurs (37%) et les rapports avec l'Education nationale (36%) ont également été identifiés comme des points de crispations. Des ressentis très partagés puisqu'ils sont aussi 30% à juger le partenariat avec l'Education Nationale comme un point positif de la réforme.
Autres difficultés rencontrées : les rapports avec les parents (35%), l'utilisation des locaux (35%) et la transition des temps éducatifs (30%) et dans une moindre mesure la mise en place d'activités (26%).
Lorsqu'ils sont invités à se prononcer de manière plus générale sur les points négatifs de la réforme, les adhérents de l'Andev citent d'abord le manque de moyens (42% de citations) et la fatigue des élèves (39%). Quelques-uns signalent aussi qu'ils ont été confrontés au manque d'implication des élus (9%) mais 35% se sont en revanche réjouis de travailler avec des élus concernés par l'action éducative.
Parmi les points positifs, c'est toutefois la mobilisation des services municipaux - bien plus que celle des élus ! - qui a été la principale source de satisfaction pour la mise en place de cette réforme (62% de citations).

Réorganisation dans les services des collectivités

L'enquête de l'Andev entre dans le détail de l'impact de la réforme sur les services de la collectivité. Sans surprise, 86% des adhérents de l'Andev déclarent que leur service Enfance/Education/Jeunesse a été réorganisé suite à la mise en place de la réforme (97% dans les collectivités dont le nombre d'habitants est compris entre 2.000 et 10.000). Le plus souvent, cette réorganisation du service Enfance a touché aussi bien les personnels administratifs que les personnels de terrain (62%), et pour 37%, les personnels de terrain uniquement (et seulement 1% les personnels administratifs uniquement). Les services d'entretien ont également souvent été réorganises (71%), et dans une moindre mesure les services sport et culture (44%) et les services techniques (28%).
Cette réorganisation s'est essentiellement traduite par un changement dans les horaires des personnels administratifs et des personnels de terrain (85%) et une redéfinition des fiches de poste des missions des agents (85% également).

Partenariat avec les missions locales

La mise en place de la réforme a créé des emplois dans 78% des collectivités interrogées (85% dans les collectivités de plus de 30.000 habitants). La réforme a aussi permis d'amoindrir la précarité de certains postes existants pour 7 adhérents sur 10, souligne l'Andev. "Ce sont essentiellement des emplois de catégorie C qui ont été créés ou dont on a amoindri la précarité (à 95%), et surtout dans le secteur de l'animation (97%)", précise-t-elle.
Ce qui n'empêche pas que 64% des adhérents de l'Andev ont rencontré des difficultés pour recruter des animateurs (73% dans les collectivités de plus de 30.000 habitants). Pour faire face, des partenariats avec les universités et le Crous ont parfois été mis en place (pour 22% des adhérents, 35% dans les collectivités de plus de 30.000 habitants). "Il s'agit pour beaucoup d'un travail en partenariat avec les missions locales et les universités et notamment les Espe (écoles supérieures du professorat et de l'éducation)", indique l'Andev, précisant que "certains se sont également rapprochés des lycées et notamment des CAP petite enfance".

Un plan de formation dans un tiers des villes "Andev"

Près de 7 adhérents sur 10 déclarent que leur collectivité a initié de nouvelles formations dans le cadre de la mise en place de la réforme. Le plus souvent, ce sont des formations aux techniques d'animations (70%) ou encore aux activités de l'enfant (67%), au Bafa (48%) ou encore à la psychologie de l'enfant (27%). Des formations qui concernent essentiellement les animateurs (86%), mais aussi les Atsem (54%) ou encore les responsables périscolaires (36%).
Un tiers des adhérents interrogés déclare avoir mis en place un plan de formation dans le cadre de la réforme des rythmes (45% dans les collectivités de plus de 30.000 habitants), et un adhérent sur deux dit l'envisager. Ce sont le plus souvent des formations qualifiantes (79%), et, pour un peu moins de la moitié des répondants (44%), des formations diplômantes.
Une large majorité (81%) a prévu des formations ou des temps d'échange entre les différents acteurs de cette réforme (Education nationale, associations, animateurs, Atsem…), le plus souvent ces temps sont pris dans le cadre des heures prévues hors élève (69%), ils sont plus rarement pris en charge par la collectivité (26%).

175 euros en moyenne

Le coût par enfant et par an se monte, comme le montre à peu près toutes les enquêtes, à 175 euros en moyenne. Il est précisé que pour 25% des collectivités interrogées par l'Andev, ce coût est même supérieur à 200 euros. En revanche, il semble que les adhérents de l'Andev savent mieux s'y retrouver dans les mécanismes d'attribution des aides puisque 93% ont sollicité le fonds d'amorçage, 61% l'aide spécifique rythmes éducatifs de la CAF. 64% ont déclaré ces nouveaux temps comme des accueils collectifs de mineurs (ACM). Et, pour un tiers d'entre eux, la mise en place d'un projet éducatif territorial (PEDT) est perçue comme point positif à la réforme et non comme une contrainte.
Notons enfin que 88% d'entre eux ont engagé ou envisagé une évaluation de la mise en place de la réforme. Pour la plupart, il s'agira d'un questionnaire, proposé parfois à l'ensemble des parties prenantes de la réforme (enfants, parents, enseignants, animateurs et personnels communaux).

Valérie Liquet

(*) Fondée en 1992, l'Andev se définit comme "ouverte aux responsables territoriaux intervenant prioritairement dans la gestion des écoles du premier degré et dans le domaine de l'action éducative, des villes, des autres collectivités territoriales et de tout autre établissement public rattaché (départements, coordinateur projet éducatif local ou projet éducatif global…)".
 

 

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