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Ressources humaines - Les contractuels de la fonction publique n'acceptent plus leur précarité

Enseignants, documentalistes dans un conseil général ou agents d'une direction départementale de l'Agriculture, ils accumulent les contrats à durée déterminée (CDD) et les vacations dans la Fonction publique. "Mon avenir ? Je ne le vois pas", confie Sabine, documentaliste aux archives d'un conseil général d'Ile-de-France depuis 10 ans, avec des CDD d'un an renouvelés chaque année.
Cette trentenaire, qui souhaite garder l'anonymat, souligne que "de cette situation professionnelle précaire découle aussi une vie privée précaire", sans possibilité par exemple d'obtenir un prêt immobilier.
Sylvie, 39 ans, enseignante à Versailles, a dû faire appel à la générosité de sa famille, le paiement des salaires intervenant parfois avec trois mois de retard. "Je ne fais pas de projet au-delà du 31 août 2011, fin de mon contrat", dit-elle, découragée. Tout comme Vincent Lombard, 34 ans, professeur de français, qui enchaîne les remplacements dans l'académie de Grenoble depuis 9 ans, pour 1.380 euros net par mois, le tout ponctué de périodes de chômage. Il participera jeudi à un rassemblement organisé par trois syndicats (CGT, FSU et Solidaires), au Trocadéro à Paris, pour dénoncer cette situation souvent méconnue du grand public et exiger un "plan de titularisation".
La fonction publique emploie 850.000 contractuels, dont une grande part dans la territoriale. Ces agents publics ne sont pas fonctionnaires. Normalement embauchés pour répondre à un besoin ponctuel, un emploi saisonnier, une vacance d'emploi (congés maternité, etc.) ou à des métiers très pointus ou de haute technicité, ils occupent souvent des postes permanents.
Une négociation doit débuter en janvier entre le secrétaire d'Etat à la Fonction publique, Georges Tron, et les syndicats, pour "mettre un terme" à la multiplication de ces contrats (en 2008, ils représentaient 16,5% des effectifs) et améliorer la situation des agents concernés. Mais "il n'y aura pas de titularisation générale, a indiqué M. Tron, car tous ne sont pas en situation de précarité et ne souhaitent pas être titularisés". Certains contractuels âgés ou qui envisagent de rejoindre le privé, ne sont pas demandeurs, reconnaît Gilles Oberrieder (CGT), mais "la grande majorité veut être titularisée. Leur demande est légitime car ils occupent des postes permanents".
C'est le cas d'Arnaud, 28 ans, qui a cumulé depuis 2004 "14 contrats suivis de 23 avenants", d'une durée moyenne de 2 à 6 mois, dans une direction départementale de l'agriculture dans le Nord.
"Je n'ai pas d'évolution de carrière, pas de prime, ni d'indemnité de fin de contrat", déplore-t-il, alors qu'il forme des titulaires, pour 1.100 euros par mois.
Majoritairement en CDD, les contractuels peuvent depuis 2005 passer en CDI de droit public après six ans de CDD renouvelés sans interruption (sur ces contrats, voir notre article du 5 août 2010). Mais la règle est "trop souvent détournée, notamment par les collectivités locales", selon le ministère, qui entend remettre de l'ordre. Pour Arnaud, le CDI serait "une reconnaissance", Sandrine le voit comme "un pis-aller. On n'aura toujours pas le statut et la garantie d'emploi". "C'est un CDI d'hypocrite", selon Sonia, professeur d'espagnol de 32 ans, en CDI, qui milite pour "la titularisation sans concours".
Comme les autres, elle tente régulièrement de passer ces concours de la Fonction publique, voie normale de titularisation, mais échoue jusqu'à présent à l'oral. Tous déplorent la réduction du nombre de postes proposés.
 

 

 

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