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Logement - Le doublement du PTZ en 2009-2010 a "dynamisé la demande"

Le service de l'observation et des statistiques du commissariat général au développement durable publie une étude sur l'impact du doublement du prêt à taux zéro (PTZ) dans le neuf. Le gouvernement avait en effet décidé, dans le cadre du plan de relance de l'économie, de doubler le montant du PTZ dans le neuf, avec pour objectif de soutenir le secteur de la construction. Mise en place en janvier 2009 (voir notre article ci-contre du 21 janvier 2009), la mesure a pris fin le 1er juillet 2010.
L'étude montre que cette disposition s'est révélée globalement efficace. Au plus fort de la crise économique, la construction neuve financée par le PTZ a en effet progressé de 12,9% en 2009, une hausse très supérieure au recul du PTZ dans l'ancien (-1,4%). Ce dynamisme a été particulièrement prononcé en zone A - la plus tendue en matière de logement -, avec une progression de 68% du nombre de prêts contractés pour l'achat d'un logement.

Le profil des acheteurs a évolué

Le doublement du PTZ a eu également pour effet de modifier fortement la composition des ménages bénéficiaires de ce dispositif. Dans l'individuel (80% de l'ensemble du PTZ neuf), la part des ménages d'une seule personne ou de deux personnes a nettement reculé, au profit des familles de trois personnes et plus (70% des dossiers en zone A et 62% en zones B et C en 2009, contre respectivement 58% et 60% en 2008). Les bénéficiaires du doublement sont également plus âgés. De même, le revenu moyen des personnes ayant acquis un logement grâce au PTZ doublé a progressé, sauf pour les ménages de petite taille.
Les effets ont été différents dans le collectif (20% du PTZ neuf), et plus particulièrement en zone A. Les ménages qui en ont bénéficié en 2009 présentent en effet un revenu moyen plus faible qu'en 2008 (-3,6%, par exemple, pour les ménages de trois personnes ou plus résidant en zone A). Ils sont également plus jeunes, puisque la part des moins de 26 ans a progressé de 1,8 point en zone A et de 2,8 points en zones B et C.
Autres enseignements de l'étude : alors que les prix d'ensemble des logements neufs - acquis avec ou sans PTZ - ont baissé de 2,7% en 2009, le prix des biens achetés par des ménages bénéficiaires du PTZ dans l’individuel ont progressé au contraire de 3%, avec un prix moyen de 166.200 euros contre 161.300 euros en 2008. La progression est encore plus importante en zone A (+4,7%), où le prix moyen dans l'individuel a atteint 244.600 euros. A nouveau, la tendance a été inverse dans le collectif, où le prix moyen a diminué de 2,9% pour s'établir à 193.900 euros en zone A et à 152.900 euros sur le reste du territoire.

Des logements plus près de la ville centre, mais plus petits

Ces hausses de prix dans l'individuel en zone A traduisent cependant un avantage relatif : les logements achetés sont, en moyenne, un peu plus près du centre-ville. Une notion toutefois très relative puisqu'en 2009, dans l'aire urbaine de Paris (14,1% des PTZ en zone urbaine), les maisons individuelles ont été construites à 41,3 Km de Paris en moyenne contre 44,7 Km en 2008 et à 22,7 contre 23 Km pour les logements collectifs. Sauf en zone A, les logements construits sont en revanche un peu plus petits : 105 contre 108 m2 dans l'individuel en zone B et C et 60 contre 62 m2 dans le collectif.
Enfin - mais on s'en serait un peu douté - le doublement du PTZ s'est accompagné d'une diminution de l'apport personnel des bénéficiaires. Tous types de biens confondus, l'apport personnel a ainsi été de 30% moins élevé en zone A et de 15% en zone B. Le doublement du PTZ a permis soit d'acquérir un bien plus cher - d'où la hausse du prix moyen d'acquisition dans le PTZ alors que le marché était à la baisse en 2009 -, soit de limiter l'endettement auprès des banques.
Au final - et même si l'étude ne le dit pas expressément - il apparaît que le doublement du PTZ a bien atteint ses objectifs. Il a "dynamisé la demande" dans un contexte de forte crise économique et immobilière et il a permis - surtout dans le collectif - de maintenir l'accès à la propriété pour des ménages à revenus modestes. Une conclusion qui recoupe très largement celles déjà publiées par l'Agence nationale pour l'information sur le logement (voir nos articles ci-contre du 27 avril 2011 et du 25 mars 2010).