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Formation professionnelle - L'Afpa en grève contre une situation "critique"

Les personnels de l'Afpa étaient en grève le 7 décembre 2010 pour protester contre une situation devenue "critique", selon eux : mise en concurrence, transfert d'une partie du personnel et de l'immobilier, gel des embauches. Les régions soutiennent le mouvement et s'inquiètent face à la dégradation de la situation.

Les salariés de l’Association pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) ont effectué un débrayage le 7 décembre 2010 à l’appel de la CGT et de la CFDT. Un mouvement globalement suivi mais dont la participation a été très variable selon les établissements : entre 5 % et 78 % selon les établissements, le maximum étant enregistré notamment à Montauban. "Nous avons voulu lancer un avertissement par rapport à une situation qui devient critique pour l’Afpa", explique Jacques Coudsi, secrétaire général de la CGT Afpa. Plusieurs décisions successives ont mis à mal l’association : sa mise en concurrence ; le transfert, dans le cadre de la loi du 24 novembre 2009 sur l’orientation et la formation tout au long de la vie, des 913 psychologues et conseillers d’orientation de l’Afpa sous l’autorité de Pôle emploi, une décision mise en application au 1er avril 2010 ; le transfert du patrimoine immobilier mis à disposition par l’Etat, une mesure qui n’a pour le moment pas pu être mise en oeuvre ; le gel des embauches, décidé en octobre 2009 par le gouvernement. "Ce gel a abouti à une réduction de deux mille emplois entre octobre 2009 et aujourd’hui. Si on retire les psychologues et les conseillers d’orientation, on arrive à 1.100 emplois. Cela fait quand même une sacrée saignée", s’indigne Jacques Coudsi, qui met en avant les conséquences actuelles de ces décisions : une désorganisation grandissante, avec dans certains endroits personne pour accueillir les stagiaires, des stagiaires présents qui ne peuvent pas suivre leur formation, etc.

Soutien de l'ARF

L’Association des régions de France (ARF) a manifesté son soutien au mouvement. "Alors que les personnels de l’Afpa se mettent en grève pour exprimer leurs inquiétudes face à l’avenir, les régions rappellent qu’elles ont constamment alerté les pouvoirs publics sur les risques liés à la mise en marché de l’Afpa et au désengagement de l’Etat", signale ainsi l’association d'élus dans un communiqué publié le 8 décembre. L'ARF regrette par ailleurs "vivement l’accumulation des facteurs négatifs qui impactent la situation financière de l'Afpa". Et si l’Etat a décidé de piocher dans le fonds paritaire de sécurisation des parcours professionnels (FPSPP) pour financer l’Afpa, les sommes annoncées ne suffiront pas. 50 millions d’euros, issus du FPSPP, sont ainsi destinés à l’Afpa, dans le cadre du projet de loi de finances 2011, pour le financement de la mise en oeuvre des titres professionnels du ministère de l’Emploi. "Il y a quelques années, le budget de l’Etat pour l’Afpa était de un milliard d’euros, il va atteindre en 2011 seulement 57 millions d’euros", précise Jacques Coudsi. Mais le transfert du financement et de l'organisation de l'Afpa aux régions est passé par là.
Autres problèmes auxquels l’Afpa va devoir faire face : les charges du patrimoine immobilier, dont l’Etat, encore propriétaire, ne s’acquitte pas et qui correspondent à 80 millions d’euros par an, et la mise en concurrence de l’institution avec d’autres organismes de formation. Les régions tentent par tous les moyens de se battre contre ce système, à coup de mandatement comme en région Poitou-Charentes, ou de subventions comme en région Centre ou Limousin. Mais "les choses sont plus compliquées pour l’Afpa à l’heure actuelle, détaille Jacques Coudsi. Pourtant, on a envie que l’Afpa vive et on est déterminé par rapport à ça". Les syndicats demandent en premier lieu l’arrêt du gel des embauches et un plan de recrutement pour certains métiers. Ils sont prêts à se lancer dans un mouvement de longue durée.

 

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