Logement - La pression monte sur l'arrivée à échéance du prêt à taux zéro
La perspective de l'arrivée à échéance, le 30 juin prochain, du dispositif de doublement prêt à taux zéro (PTZ) pour l'acquisition de la résidence principale commence à susciter inquiétudes et pressions. L'Union des maisons françaises (UMF) - ex-Union nationale des constructeurs de maisons individuelles - vient ainsi de tirer la sonnette d'alarme. Il est vrai que ce secteur connaît une situation particulière. Alors que l'accession à la propriété vit des jours difficiles depuis le début de la crise économique (voir notre article ci-contre du 9 février 2010), le secteur de la maison individuelle de constructeurs affiche des résultats positifs. Selon l'UMF - qui représente environ 700 entreprises du secteur de la maison de constructeur -, les particuliers propriétaires d'un terrain ont passé commande, en 2009, de 171.216 maisons individuelles. Ce chiffre marque une progression de 8% par rapport à 2008. Il doit cependant être relativisé, dans la mesure où les commandes avaient enregistré une chute de 24% au plus fort de la crise, entre mai 2008 et avril 2009. Par ailleurs, cette progression d'ensemble recouvre de très fortes disparités régionales : les ventes de maisons de constructeurs ont progressé l'an dernier de 21% en Ile-de-France et de 19% dans le Nord-Pas-de-Calais, alors qu'elles reculaient de 12% dans l'est de la France
L'inquiétude de l'UMF s'explique aisément. Les entreprises du secteur ont en effet remarqué que le marché de la maison de constructeur est porté par les aides gouvernementales : le doublement du PTZ, mais aussi le Pass-foncier (la "maison à quinze euros par jour"), qui permet de différer le règlement de l'acquisition du terrain sur une période totale de remboursement pouvant aller jusqu'à 40 ans. Ces dispositifs ont permis de solvabiliser la demande des ménages à revenus modestes. Selon l'UMF, les ménages appartenant aux trois premiers déciles de l'échelle des revenus (jusqu'à 2.500 euros nets de ressources mensuelles pour le foyer) représentent désormais près des deux tiers des acquéreurs d'une maison de constructeurs. Cette évolution a plusieurs conséquences. D'une part, la taille moyenne des maisons a tendance à diminuer (autour de 110 m2, pour un coût moyen de 110.000 euros). D'autre part, la part des primo-accédants augmente, au détriment de celle des "secondo-accédants", qui représentent dorénavant moins d'un tiers des ventes. Enfin, de façon logique, les constructeurs se repositionnent sur l'entrée de gamme - correspondant à la primo-accession - au détriment du moyen et haut de gamme.
L'inquiétude de l'UMF a également une autre cause. La fédération constate en effet que l'impact des aides gouvernementales aux ménages modestes est sensible alors que le nombre d'aides attribuées est relativement faible. Le PTZ a en effet connu des débuts laborieux et seuls 7.500 Pass-fonciers ont été attribués en 2009 au lieu des 30.000 prévus (auxquels s'ajoutent environ 10.000 dossiers en cours d'instructions). Aussi l'UMF craint-elle que cette forte élasticité joue en sens inverse lors de la fin du doublement du PTZ. Paradoxalement, cette annonce pourrait avoir, dans un premier temps, un effet bénéfique en précipitant les décisions d'achat chez les ménages concernés. La fédération table ainsi sur une croissance de 5% en 2010, concentrée sur la première partie de l'année. Mais, au-delà, l'UMF craint que l'abandon du doublement du PTZ fragilise un secteur qui est encore loin d'être sorti de convalescence.
Jean-Noël Escudié / PCA