Offre de soins - La MSA expérimente une nouvelle organisation des soins en zone rurale
La Mutualité sociale agricole (MSA) vient de lancer une expérimentation destinée à "promouvoir une nouvelle solution d'organisation des soins en milieu rural". Baptisée Clips (coordination libérale pluri-professionnelle en santé), elle s'inscrit pleinement dans les politiques de lutte contre la désertification médicale dans les zones rurales. Le dispositif repose sur une coopération étroite et volontaire entre le médecin et l'infirmière libérale, autour d'un même patient atteint d'une pathologie chronique (diabète et hypertension). Après consultation chez le généraliste, le patient est suivi, "de manière plus soutenue et individualisée", par une infirmière formée à l'éducation thérapeutique et qui va définir des objectifs avec le malade. Celui-ci revoit son médecin au moins une fois par semestre, tandis que ce dernier et l'infirmière restent en contact par le biais de réunions de concertation régulières. Ce mode de fonctionnement est formalisé par des protocoles de suivi des patients, qui définissent le rôle respectif des médecins et des infirmières - dans le cadre des référentiels établis par la Haute Autorité de santé (HAS) -, ainsi que les moyens de coordination permettant d'améliorer la prise en charge.
La MSA, qui finance "le dédommagement des contributions effectives et ciblées des professionnels de santé libéraux [...] impliqués dans le projet", mène cette expérience avec le Centre de recherche médecine, santé et société (Cermes), qui en assure la direction scientifique. Deux sites expérimentaux ont été retenus. Le premier se situe à Salles-Curan, commune de 1.000 habitants dans l'Aveyron, située sur un territoire en altitude et isolé. Elle implique deux médecins généralistes et deux infirmières et inclut 114 patients. Le second site retenu est Geneston-Montbert, une zone semi-urbaine à une vingtaine de kilomètres au sud de Nantes, comptant 2.500 habitants et en rapide croissance démographique. Elle implique trois médecins et une infirmière et inclut 152 patients.
L'expérimentation fera l'objet d'une évaluation approfondie en 2010. Celle-ci aura pour objet d'en mesurer l'impact sur la régularité, la qualité et l'efficience de la prise en charge des patients, sur l'activité des professionnels de santé (en particulier avec une possible libération de temps pour les médecins, à réaffecter sur d'autres patients) et sur leurs revenus professionnels (l'expérience ne devant pas avoir d'impact négatif sur leur chiffre d'affaires, ni sur leurs charges professionnelles). Si cette évaluation se révèle concluante, le dispositif pourrait être étendu à d'autres territoires ruraux ou semi-urbains. Clips complète, sur un registre différent, deux autres expériences menées par la MSA en matière de lutte contre les déserts médicaux : celle des "pays de santé" (voir notre article ci-contre du 9 février 2009) et celle du partenariat entre la Fédération hospitalière de France (FHF) et la MSA (voir notre article ci-contre du 1er avril 2009).
Jean-Noël Escudié / PCA