Accès aux soins - Les pays de santé, une solution pour lutter contre les déserts médicaux

A quelques jours du début de l'examen du projet de loi portant réforme de l'hôpital et relatif aux patients, à la santé et aux territoires, la Mutualité sociale agricole (MSA) et Groupama ont présenté, le 3 février, un dispositif expérimental destiné à lutter contre les déserts médicaux. Celui-ci va être expérimenté sous la forme de deux "pays de santé" pilotes, dans deux départements particulièrement défavorisés en matière d'offre de soins : les Ardennes et la Dordogne. Chacun de ces pays de santé couvre 3 à 5 cantons, regroupant au total entre 8 à 20 médecins (avec un nombre de praticiens de plus de 50 ans supérieur à la médiane régionale) et entre 10 et 20.000 habitants.
Dans un premier temps, un diagnostic des besoins de santé va être établi avec les patients, les médecins, les élus et les institutions locales, afin de définir les services adaptés à ces besoins locaux. La démarche sera portée par un "conseil de santé local", composé de représentants des différentes parties prenantes, chargé d'animer le projet et son déploiement éventuel au terme de trois années d'expérimentation. Sur le plan pratique, le pivot de la démarche sera le "conseiller pays de santé", un professionnel paramédical recruté pour l'occasion. Celui-ci sera notamment chargé d'animer et de coordonner la palette de services. C'est là en effet la principale originalité de la démarche, consistant à mettre à la disposition des médecins concernés un ensemble de services gratuits, adaptés aux besoins locaux et ayant pour finalité de libérer du temps médical. Il pourra s'agir, par exemple, d'une aide pour les tâches administratives et la gestion du cabinet : recherche de remplaçants, renseignement des dossiers médico-administratifs, assistance pour la gestion des achats, mise à disposition de personnel mutualisé entre les professionnels de santé... Les pays de santé doivent également favoriser la coordination pluridisciplinaire de tâches liées aux soins : suivi et éducation thérapeutiques de certains patients chroniques, recherche de consultations spécialisées, réalisation d'examens complémentaires, séances d'éducation santé sur le surpoids réalisées par des diététiciens... L'expérimentation devrait durer trois ans, avec une évaluation en continu menée par des experts indépendants, en liaison avec le comité scientifique du projet. A l'issue de cette période, l'objectif est que les deux pays de santé disposent d'un financement propre et que le dispositif puisse être étendu à d'autres sites.
Dans un message vidéo diffusé lors du lancement du projet, Roselyne Bachelot-Narquin, la ministre de la Santé, a félicité les promoteurs de l'opération Pays de santé pour cette initiative "qui va complètement dans le sens de la loi Hôpital, patients, santé, territoires" et qui "préfigure la nouvelle organisation coordonnée des soins en partant des véritables besoins du terrain".

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

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