Finances publiques - "La hausse du déficit public s'explique d'abord par une hausse du besoin de financement des collectivités"
Le 28 mars, suite aux données publiées par l'Insee, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, et le ministre du Budget, Eric Woerth, ont commenté dans l'après-midi par communiqué la hausse du déficit public.
L'Insee précise qu'en 2007, le déficit public s'élève à 50,3 milliards d'euros, soit 2,7% du PIB (contre 2,4% initialement prévu par le gouvernement). Le déficit se dégrade de 7,7 milliards d'euros car la progression des dépenses (+4,0%) est plus dynamique que celle des recettes publiques (+3,4%). A la fin de 2007, la dette des administrations publiques au sens de Maastricht s'élève à 1.209,5 milliards d'euros, soit 64,2% du PIB. Et l'institut d'expliquer que "la dette des administrations publiques locales atteint 135,7 milliards d'euros à la fin décembre 2006 contre 127,3 milliards d'euros fin 2006, une hausse en lien avec leur besoin de financement".
Un fort acroissement des dépenses
Le gouvernement reconnaît l'écart du déficit public de 0,2 point et donne deux explications dont la première est "la dégradation inattendue de l'ordre de 0,2 point de PIB du besoin de financement des collectivités locales, due à un fort accroissement de leurs dépenses". La dette publique s'établit à la fin 2007 à 64,2% du PIB, "soit exactement l'objectif du gouvernement", rappellent les deux ministres. Le gouvernement s'engage à réduire le déficit public pour le ramener à 2,5 points de PIB. "Si cet objectif sera supérieur à celui retenu dans le programme de stabilité, il ne remet pas en cause la stratégie d'assainissement structurel des finances publiques, fondée sur la poursuite des réformes porteuses de croissance et une maîtrise sans faille de l'évolution des dépenses publiques. Cette stratégie sera naturellement au coeur de la révision générale des politiques publiques et de la préparation du budget pluriannuel pour 2009-2011." Un nouveau bras de fer entre le gouvernement et les collectivités locales semble donc se profiler. Après la réforme de la DGF de 2007 (pacte de stabilité), quelle sera la prochaine annonce ? La réunion de la conférence nationale des exécutifs locaux, si elle a lieu, devrait donc apporter de nouvelles surprises.
Clémence Villedieu
"Il n'y a pas lieu d'impliquer les collectivités locales dans l'aggravation des déficits publics"
Claudy Lebreton, président de l'Assemblée des départements de France (ADF), a réagi au communiqué gouvernemental en précisant que "les collectivités territoriales, en 2007, ont équilibré leurs budgets de fonctionnement, malgré l'impact des transferts de compétences non compensés financièrement par l'Etat. Elles ont pour autant continué à investir et représentent aujourd'hui plus de 70% des investissements publics de la Nation, et donc des conditions de la croissance à long terme. Les collectivités territoriales ont de plus maîtrisé leur endettement, qui ne s'élève en 2007 qu'à 135 milliards d'euros, contre plus de 1.200 milliards pour l'Etat. Elles ne lèvent d'ailleurs pas toujours les emprunts qu'elles prévoient en début d'exercice". Le président de l'ADF met en exergue ce qu'il considère comme le véritable problème : les ressources des collectivités locales, et donc - cqfd - la nécessaire réforme de la fiscalité locale.