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Sécurité civile - La fédération des pompiers répond à la Cour des comptes

La président de la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France estime que les récentes propositions de la Cour des comptes feraient peser un risque sur le recrutement des sapeurs-pompiers volontaires.

La Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) met en garde contre les conclusions un peu hâtives, selon elle, de la Cour des comptes qui vient de pointer la gestion "peu rigoureuse" des services départementaux d'incendie et de secours (Sdis). Tout en reconnaissant le "travail formidable" de la Cour qui, pour la première fois a consacré un rapport entier à la sécurité civile, le nouveau président de la fédération, le colonel Eric Faure, a estimé lors d'un point presse, jeudi 15 décembre, que les finances des Sdis étaient sur la voie d'une stabilisation.
Après une période de forte augmentation, liée notamment à la mise à niveau des bâtiments ou à la réduction du temps de travail, "les budgets des Sdis sont arrivés à une courbe plane", indique Eric Faure. "Nous sommes en deçà de l'évolution des collectivités et cette stabilité va être maintenue."
Dans leur rapport publié le 2 décembre, les sages de la rue Cambon montrent que les dépenses de personnels des Sdis ont progressé de 54% entre 2002 et 2010, soit beaucoup plus que le nombre d'interventions (+17%). Mais après un rythme de 4,8% par an, la progression s'est infléchie en 2010, à 1,5%...
Afin de réduire les coûts des Sdis, la Cour propose notamment d'opérer des regroupements au sein des 7.280 casernes existantes. Une fausse bonne idée selon Eric Faure, pour qui cela n'apporterait rien en matière d'efficacité du secours et engendrerait une baisse des recrutements. Les petits centres de secours sont des "sentinelles avancées" et des "portails de recrutement", insiste-t-il. Les centres de secours recrutent des volontaires dans un rayon de 7 km. Au delà, cela devient plus compliqué. Regrouper trois centres en un aurait pour effet de dissuader les volontaires les plus éloignés, illustre-t-il. "On irait vers une baisse du nombre de volontaires tout en les sollicitant davantage : nous serons au point de rupture."

Maires consuméristes

Le colonel Eric Faure constate ainsi un "décalage entre le message très fort de la Cour des comptes", qui veut promouvoir le recrutement de volontaires, moins chers que les professionnels, et "un certain nombre de pistes qu'elle formule qui auront pour effet de faire diminuer le nombre de volontaires".
Alors que le volontariat a été sécurisé juridiquement avec la loi du 20 juillet 2011, le colonel estime qu'il serait difficile de justifier "l'engagement citoyen" des volontaires auprès de Bruxelles s'il était question de "fiscaliser l'indemnisation" (la Cour propose de mettre fin à l'exonération fiscale des volontaires). Alors que la procédure de révision de la directive sur le temps de travail est en cours de négociation jusqu'au mois de septembre 2012, il estime que le risque n'est pas écarté.
Le président de la FNSPF est également hostile à la révision des modes de gardes : les magistrats proposent de les faire passer de 24 heures à un système combinant des gardes de 24 heures et de 12 heures. "De nombreux Sdis ont déjà accompli ce travail : en dix ans, les Sdis appliquant les gardes de 24 heures sont passés de 90% à 60%, explique-t-il. Cela s'est fait sans rupture. Mais à un moment donné, il faudra bien qu'on s'arrête, il faudra bien maintenir des effectifs de nuit."
Eric Faure s'oppose enfin au transfert des contingents communaux, qui financent encore 45% du budget des Sdis, vers les départements qui prendraient en charge l'intégralité de leur financement. Les communes sont des "facilitateurs de notre action, considère-t-il. On ne veut pas des maires consuméristes ou clientélistes."