Congrès des pompiers - La réforme de la filière des pompiers inquiète les élus
"Des héros du quotidien." Venu clore le 118e congrès des pompiers à Nantes, samedi 24 septembre, le président de la République n'a pas tari d'éloges sur le rôle des soldats du feu. Il s'est tout d'abord adressé aux volontaires, saluant les avancées de la loi du 20 juillet 2011 qui sécurise leur statut juridique. Nicolas Sarkozy a tenu à lever les inquiétudes que fait peser la révision cet automne d'une directive européenne sur le temps du travail qui, assimilant le volontariat des pompiers à un travail, pourrait imposer le respect de onze heures consécutives de repos quotidien. "Je serai très attentif à ce que les sapeurs-pompiers, tant volontaires que professionnels ou militaires, soient exclus du champ de cette directive", a-t-il assuré.
S'agissant des professionnels, le chef de l'Etat est revenu sur le temps fort de ce congrès, la signature du protocole d’accord relatif à la réforme de la filière des sapeurs-pompiers professionnels, qui doit se traduire par une amélioration du traitement de ces salariés. Il a annoncé un décret dans les "toutes prochaines semaines". "Nous avons pu trouver un accord avec vos organisations syndicales pour refondre la filière. Nous allons donc préparer un projet de décret pour prendre en compte cette refonte", a-t-il déclaré. Nicolas Sarkozy s'est également engagé à ce que les sapeurs–pompiers puissent "construire leur carrière dans un véritable parcours qualifiant".
Le colonel Richard Vignon qui pour sa dernière intervention en tant que président de la Fédération national des sapeurs-pompiers de France (il vient d'être nommé préfet délégué pour la zone de défense Est, une première pour un sapeur-pompier) a salué le modèle français de la sécurité civile, qui "envié par de nombreux pays, se traduit par un service de proximité géographique, où tous les départements, toutes les communes de France, y compris les plus reculés, sont défendus avec la même équité".
Fiscalité spécifique ?
"Redisons avec beaucoup de force combien le lien entre les maires et leurs sapeurs-pompiers est capital, irremplaçable pour maintenir un volontariat actif dans les communes", a-t-il souligné. Pourtant, le lien avec les collectivités n'est pas toujours aussi idyllique. Surtout quand il est question d'argent. Et il en est un que la réforme de la filière inquiète, c'est le président PS de l'Assemblée des départements de France (ADF), départements qui contribuent à 56% au budget des services départementaux d'incendie et de secours (Sdis), le reste provenant des communes. "Je ne comprendrais pas que l'on négocie des augmentations de salaires avec mon portefeuille, on ne négocie pas avec le portefeuille des autres", a ainsi déclaré Claudy Lebreton.
Pour faire face à l'augmentation des frais de secours, ce dernier, comme de nombreux élus de droite et de gauche, a défendu l'idée d'une fiscalité spécifique au financement des Sdis. Une idée soutenue le député UMP de la Lozère Pierre Morel-A-L'Huissier. Il s'agirait de faire apparaître sur la feuille d'impôts locaux une ligne, comme pour la taxe des ordures ménagères, qui serait "clairement identifiable par le contribuable", a précisé le député, auteur de la loi sur le volontariat. La proposition n'est pas neuve puisqu'elle figurait déjà dans le rapport du député Georges Ginesta en 2009, alors violemment critiqué par la FNSPF pour son manque de rigueur. "Je trouve qu'il y a déjà pas mal de fiscalité dans notre pays, si on pouvait éviter un peu de fiscalité supplémentaire, ce serait pas mal", a pour sa part ironisé Claude Guéant. Concernant le coût de la réforme de la filière, elle "coûtera beaucoup moins cher que ce que les collectivités locales envisageaient", a indiqué le ministre de l'Intérieur. De l'ordre d'une vingtaine de millions d'euros, selon lui.
Le nouveau président de la FNSPF sera élu le 15 octobre prochain.