Culture - La consommation culturelle des Français se transforme
Le département des études, de la prospective et des statistiques (Deps) du ministère de la Culture publie les résultats d'une étude intitulée "Dépenses culture-médias des ménages en France au milieu des années 2000 : une transformation structurelle". Celle-ci s'appuie sur l'analyse régulière de la structure des dépenses que les ménages français consacrent à la culture et aux médias. Elle compare plus particulièrement les résultats de la vague 2006 - juste avant la crise économique mondiale - à ceux de 2001. Les résultats mettent en évidence une baisse des dépenses correspondantes, passées de 4,5% du budget disponible des ménages en 2001 à 4% en 2006. Au-delà de la question de la part de la consommation culturelle, l'étude montre aussi, malgré le maintien d'un certain nombre de "régularités structurelles", l'influence considérable de la révolution numérique sur la structure des dépenses culturelles et médiatiques des Français.
Depuis le début des années 2000, les dépenses de communication connaissent une progression continue (+221% pour les abonnements internet, +40% pour les abonnements télévisuels), même si elles demeurent sans commune mesure avec d'autres postes du budget des ménages comme le logement. A l'inverse, certaines dépenses culturelles enregistrent un fort recul : -47% pour les dépenses liées à la pratique musicale en amateur, -41% pour la consommation de musique enregistrée, -11% pour le spectacle vivant... Sur la même période 2001-2006, le livre s'en tire plutôt bien (+20%) malgré le discours récurrent sur sa disparition programmée, tandis que la fréquentation des musées reste stable.
En termes sociologiques, l'analyse économétrique comparée montre que l'élasticité au revenu de la dépense culturelle progresse au cours de la période. En d'autres termes, le niveau de revenu et les facteurs sociodémographiques pèsent fortement sur la consommation culturelle. Cette élasticité au revenu joue particulièrement pour la consommation de spectacle vivant et les dépenses liées aux pratiques artistiques et associatives.
Culture des villes et culture des champs
En termes d'âge, le poids relatif du budget culturel le plus élevé s'observe chez les ménages dont le chef de ménage a moins de 25 ans. En revanche, les dépenses culturelles les plus élevées en valeur absolue (1.350 euros par an) sont le fait des ménages dont la personne référente est âgée de 45 à 54 ans. Ces résultats traduisent un "vieillissement" de la consommation culturelle. Entre 2001 et 2006, la tranche d'âge la plus consommatrice est en effet passée des 35-44 ans aux 45-54 ans. Et, sur la seule année 2006, ce sont même les 55-64 ans qui consacrent la plus grande part de leur budget à la culture et aux médias. Au même titre que le revenu, la catégorie sociale et l'âge, la présence d'enfants au foyer exerce également une influence significative sur la consommation culturelle.
Enfin, les collectivités retiendront aussi que l'offre culturelle a également un impact direct et significatif sur la consommation de ce type de biens. Ceci explique que le niveau de dépenses culturelles des habitants de l'agglomération parisienne dans le budget des ménages est nettement supérieur, en valeur absolue comme en poids relatif, à la moyenne nationale. Confirmation de cette économie de l'offre : au sein de l'agglomération francilienne, les Parisiens affichent une consommation nettement supérieure à celle des habitants des autres départements de la région. Il est vrai que Paris et l'Ile-de-France concentrent aussi les revenus et les niveaux de formation les plus élevés. De façon plus large, les modes de vie influent sur la consommation culturelle. Les habitants des espaces périurbains - qui vivent le plus souvent en habitat individuel - privilégient plutôt la maison et les loisirs non culturels, alors que ceux qui vivent en zone urbaine - et plus encore à Paris - tirent profit d'une offre culturelle beaucoup plus dense.