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Culture - Les musiques actuelles ne connaissent (presque) pas la crise

Le Centre national de la chanson, des variétés et du jazz (CNV) - chargé notamment de soutenir le secteur grâce aux fonds collectés par la perception de la taxe sur les spectacles de variétés - publie ses "chiffres de la diffusion 2009", ou plus précisément ses "Eléments statistiques sur la diffusion des spectacles de variétés et de musiques actuelles en 2009". Si l'on s'en tient aux chiffres, tous les clignotants sont au vert et les musiques actuelles semblent avoir totalement ignoré la crise. Une situation qui devrait réjouir aussi les collectivités, qui organisent (et déclarent au CNV) environ 13% du total des représentations.

En 2009, le nombre de manifestations a progressé de 3%, pour atteindre 40.496 représentations de spectacles de variétés et de musiques actuelles. Si cette hausse est relativement modeste, il n'en va pas de même pour la fréquentation. Le nombre d'entrées a en effet progressé l'an dernier de 21%, pour atteindre 19,4 millions de spectateurs pour les représentations payantes. Sur ce total, les festivals - souvent largement subventionnés par les collectivités - regroupent environ 20% de la fréquentation. Enfin, les recettes de billetterie et celles issues de la vente de contrats de cession pour les représentations gratuites ont fait encore mieux, puisqu'elles enregistrent une hausse de 42%, pour atteindre 605,4 millions d'euros...

N'importe quel organisme se féliciterait de pareils chiffres, surtout obtenus dans une période difficile. Le CNV se fait pourtant très discret. Il n'a pas diffusé de communiqué sur la parution de ces résultats et, dans leur introduction au document, son président et son directeur prennent bien soin de préciser que "les chiffres 2009 sont à la hausse mais attention : cette croissance n'a pas été celle de tout le monde". L'analyse plus fine permise par les nombreux tableaux, graphiques et cartes du document montre en effet des contrastes très prononcés. Ainsi - ce qui n'a au demeurant rien d'illogique -, les sociétés commerciales assurent 40% des représentations mais réalisent 80% des recettes, alors que ces chiffres sont respectivement de 46% et 15% pour les associations et de 13% et 5% pour les collectivités. Autre phénomène persistant : l'Ile-de-France - qui se résume presque exclusivement à Paris - réalise 45% des représentations et 42% de la billetterie. Si l'on y ajoute Provence-Alpes-Côte d'Azur, Rhône-Alpes et les Pays-de-la-Loire, on arrive à environ 70% des représentations et des recettes commerciales sur seulement quatre régions. Enfin, les chiffres montrent que la forte progression enregistrée en 2009 tient surtout aux grosses productions, notamment dans les secteurs de la variété, du rock, de la comédie musicale et de l'humour, où se concentrent les vedettes et les spectacles présentant le plus fort potentiel commercial. Les 50 premiers déclarants au CNV totalisent ainsi 15% des représentations, mais représentent 72% des recettes de billetterie... De façon plus large, ce sont les festivals et les grandes salles qui tirent le meilleur parti de cette tendance à la hausse. En revanche, selon le CNV, "hors grosses productions, c'est une baisse, de 4% pour le nombre de représentations et de 1% pour les recettes. Ce qui confirme une tendance à la concentration. Et c'est tout l'écosystème du spectacle vivant qui s'en trouve menacé". Un argument à prendre en considération lorsque l'on sait que 56% des représentations réalisées en 2009 ont comptabilisé moins de 200 entrées...

 

Jean-Noël Escudié / PCA
 

 

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