Culture - Le spectacle vivant ne se porte pas si mal
Depuis quelques semaines, la tension monte à nouveau dans le secteur du spectacle vivant, autour des modalités de mise en oeuvre de la RGPP et de la réforme des collectivités territoriales (voir nos articles ci-contre du 29 mars 2010 et du 21 décembre 2009). Un rapport de la Sacem apporte pourtant une vision un peu différente de la situation du spectacle vivant. Intitulé "Le spectacle vivant en France en 2009 : bilan et perspectives", ce document aborde la question sous un angle particulier, mais très significatif : celui de la perception des droits d'auteurs assurée par la Sacem. Lorsque l'on connaît l'efficacité du réseau de cette dernière, les chiffres avancés revêtent une fiabilité certaine.
L'étude montre tout d'abord que les perceptions liées au spectacle vivant progressent régulièrement depuis 2003 et de façon plus rapide que le total des encaissements (le spectacle vivant ne représente que 10% des perceptions de la Sacem, contre 36% pour les radios et télévisons, 34% pour les droits généraux et 12% pour les phonos et vidéos). Entre 2003 et 2009, le montant des droits encaissés à ce titre est passé de 52,4 à 78,5 millions d'euros - soit une progression de 50% -, alors que l'ensemble des perceptions de la Sacem n'augmentait que d'environ 10%. La hausse a été particulièrement marquée en 2009, avec +11,5%. De son côté, le nombre de séances de spectacle vivant comptabilisées par la Sacem est passé de 118.736 en 2003 à 153.904 en 2009, soit une progression de 23%. L'étude présente également une carte retraçant la répartition géographique des perceptions au titre du spectacle vivant (avec un découpage propre à la Sacem, qui ne coïncide pas exactement avec celui des départements). Les zones affichant les plus fortes perceptions de droits sont Paris et quelques grands centres urbains autour de Lyon, Marseille, Nice, Toulouse et Nantes. Au-delà de ces quelques cas, ce ne sont pas forcément les zones les plus urbanisées qui génèrent les plus fortes perceptions. L'Auvergne, par exemple, figure ainsi parmi les tout premiers contributeurs.
L'étude propose aussi un focus sur les concerts, qui représentent 90% des droits perçus au titre du spectacle vivant. Il apparaît tout d'abord que les perceptions en la matière proviennent essentiellement des tournées (40%) et du secteur associatif dont les festivals (37%). C'est ce dernier secteur qui représente le plus grand nombre de concerts avec, en 2009, 97.613 spectacles sur un total de 116.567 (84% du total). En revanche, d'un point de vue économique, la palme revient clairement aux tournées : avec seulement 4% des séances réalisées en 2009 (5.041 spectacles), elles représentent en effet 40% des droits perçus par la Sacem au titre du spectacle vivant. Les dix tournées les plus importantes représentent, à elles seules, 20% du total des perceptions... Enfin, la Sacem souligne le dynamisme de la création et du répertoire français, puisque les oeuvres françaises représentent 68,6% des droits répartis au titre du spectacle vivant, une proportion qui varie peu au fil des ans.
Avec une progression de 25% du nombre de spectacles en six ans, le tableau dressé par la Sacem ne donne pas la vision d'un secteur en crise. Il rejoint d'ailleurs en cela les conclusions de l'étude de la Cour des comptes, reprises dans un récent rapport de l'Assemblée nationale (voir notre article ci-contre du 21 janvier 2010). Un bémol toutefois : les bons résultats du spectacle vivant tiennent pour partie à un effet report, les artistes qui vendent aujourd'hui moins de disques ayant tendance à se reporter désormais sur les concerts, pour lesquels le public manifeste un intérêt croissant.
Jean-Noël Escudié / PCA