Culture - Le Syndeac veut une suite aux Entretiens de Valois
Le Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac), réuni le 17 juillet à Avignon pour son assemblée générale, a choisi de faire monter la pression sur le gouvernement. Il publie notamment à cet effet, dans plusieurs quotidiens nationaux, un encart résumant ses revendications et annonce une "journée d'actions et de mobilisation nationale" dans toute la France, le 21 septembre prochain. Cette réaction s'explique notamment par l'inquiétude sur les suites des Entretiens de Valois. Frédéric Mitterrand a en effet clôturé dans la discrétion la deuxième phase des entretiens le 9 juillet. A cette occasion, il a annoncé, en termes assez vagues, trois "mesures phares", mais qui ne semblent guère avoir convaincu. La première consiste en la mise en place, au niveau régional, de "conférences du spectacle vivant". Ces instances, à vocation permanente, réuniront l'Etat, les collectivités territoriales, les institutions culturelles et les représentants des professionnels. Elles seront "un lieu de dialogue et de proposition sur l'organisation et la mise en oeuvre de la politique du spectacle vivant en région". La seconde mesure - présentée comme achevée - concerne la clarification de l'action de l'Etat à travers ses financements et ses réseaux, allusion à la mise en place de la RGPP. Enfin, la troisième mesure phare concerne "une meilleure prise en compte des questions d'emploi et de formation", pour laquelle le communiqué du ministère se contente d'indiquer que "les actions de structuration et de professionnalisation vont se poursuivre". Ce dernier annonce par ailleurs un accord de principe sur la pérennisation de la méthode de travail des entretiens de Valois et l'ouverture de nouveaux chantiers portant notamment sur "des engagements réciproques entre structures et collectivités publiques", "des spectacles mieux diffusés", ou encore "des crédits davantage consacrés à favoriser l'émergence des talents et l'épanouissement de la création".
Cette conclusion des Entretiens de Valois n'a manifestement pas convaincu le monde du spectacle. Ceci d'autant moins que les Entretiens de Valois se trouvent pour partie décrédibilisés par la création du Conseil pour la création artistique, créé le 28 janvier dernier à l'initiative du chef de l'Etat et présidé par Marin Karmitz. De plus, le Syndeac s'inquiète de la réforme des collectivités territoriales, qui "pourrait induire le retrait de la clause de compétence générale aux départements et aux régions, supprimant peu à peu leurs possibilités d'intervention pour l'art et la culture". Lors de son assemblée générale à Avignon, le Syndeac a donc demandé "un plan de relance et de développement, auquel le président de la République s'était déclaré ouvert". Ce dernier point fait allusion aux propos du chef de l'Etat lors de ses voeux au monde de la culture, le 13 janvier dernier (voir notre article ci-contre). Outre l'engagement de maintenir, jusqu'à la fin de son mandat, l'intégralité des crédits affectés au spectacle vivant, Nicolas Sarkozy y prônait effectivement "une véritable réforme" de ce secteur. Mais cette réforme, qui lierait les subventions à la diversification et l'élargissement des publics, ne correspond pas vraiment aux attentes des professionnels. Le Syndeac a par ailleurs adopté trois motions. La première demande l'élaboration d'une loi d'orientation et d'une loi de programmation, "destinées à protéger et développer le spectacle vivant". La seconde réclame la "mise en oeuvre d'urgence" d'un plan de relance et de développement du secteur. Enfin, la troisième porte sur la suppression du Conseil pour la création artistique qui, selon le Syndeac, tente de priver le ministère des prérogatives de sa direction de la création artistique "en diminuant ses moyens et en dialoguant, à sa place, avec les autres ministères".
Jean-Noël Escudié / PCA