Culture - Le Conseil de la création artistique prend tournure

Annoncé par Nicolas Sarkozy dans ses voeux aux acteurs de la culture, le 13 janvier à Nîmes, et présenté au Conseil des ministres du 28 janvier, le Conseil de la création artistique a été installé le 2 février, devant plus de 300 représentants du monde de la culture réunis à l'Elysée. Le chef de l'Etat a décidé de présider le nouvel organisme : "Ma parole est plus libre que celui qui produit et qui doit faire attention à ce qu'il dit. [...] C'est donc à moi de donner un coup de pied dans la fourmilière, de bousculer les choses." La ministre de la Culture, Christine Albanel, a précisé par ailleurs, qu'elle assurerait la vice-présidence de ce "laboratoire d'idées". "Cest un laboratoire de recherche, une boîte à idées. Il va écouter les créateurs, faire un bilan dans tous les secteurs de la création", a poursuivi son délégué général, Marin Karmitz, qui compte faire des premières propositions dans deux mois.
Le conseil fait l'objet d'un décret en date du 30 janvier. Celui-ci confie à cette nouvelle instance, la mission "d'éclairer les choix des pouvoirs publics en vue d'assurer le développement et l'excellence de la création artistique française, de promouvoir sa diffusion la plus large, notamment internationale, et d'arrêter les orientations de nature à permettre leur mise en oeuvre". A ce titre, le conseil peut notamment conduire des travaux de prospective, identifier les bonnes pratiques et favoriser leur diffusion. Il peut également prêter "s'il y a lieu son concours au pilotage d'expérimentations locales ou nationales". Autres missions fixées par le décret du 30 janvier : examiner "en priorité les mesures de nature à permettre le développement de nouvelles sources de financement de la création artistique", étudier les modalités de gestion et d'évaluation des aides à la création artistique et formuler des propositions d'amélioration. Le Conseil de la création artistique peut se saisir lui-même de ces différents sujets, mais il peut aussi être saisi par le président de la République, le Premier ministre ou le ministre de la Culture.
Traduction de la volonté du chef de l'Etat de se rapprocher du monde de la culture, le conseil devrait bénéficier de moyens importants pour une instance consultative. Outre un délégué général, il dispose en effet "d'un budget et de moyens en personnels". Ces derniers comprennent en particulier un secrétariat général, chargé d'assurer l'organisation et la coordination des travaux. Le conseil peut également, pour l'exercice de ses missions, "obtenir communication des documents élaborés ou détenus par l'Etat et ses établissements publics ou par les personnes de droit privé chargées de la gestion d'un service public". Tous les membres du Conseil de la création artistique sont nommés par le président de la République. Loin de toute représentation organisée - contrairement à d'autres instances du même type -, ceux-ci sont désignés par le chef de l'Etat en qualité de "personnalités qualifiées, choisies en raison de leurs compétences dans les différents domaines de la création artistique et de sa diffusion" (voir encadré ci-dessous)
Il reste maintenant au Conseil de la création artistique à trouver sa place et à prouver son utilité. Hasard du calendrier ? Le décret paraît au moment où la ministre de la Culture présente les conclusions et les propositions des Entretiens de Valois, qui ont mobilisé, durant 18 mois et 170 réunions, près de 250 acteurs du monde de la culture (voir notre article ci-contre). Il est vrai que cette démarche concernait presque exclusivement le spectacle vivant et que le Conseil artistique couvre un champ plus vaste. Par ailleurs, il est de notoriété publique que la création du conseil est accueillie par la rue de Valois avec une bienveillance toute relative.

 

Jean-Noël Escudié / PCA

 

Référence :  décret 2009-113 du 30 janvier 2009 relatif au Conseil de la création artistique (Journal officiel du 31 janvier 2009).

 

La composition du Conseil pour la création artistique

 

Délégué général : Marin Karmitz
Membres :
- Henri Atlan, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales et directeur du centre de recherche en biologie humaine à l'hôpital Hadassah de Jérusalem
- Laurent Bayle, directeur général de la Cité de la musique
- Jacques Blanc, directeur de la Scène nationale de Brest
- Hervé Chabalier, créateur et PDG de l'agence Capa
- Emmanuel Ethis, professeur en sciences de l'information et de la communication, président de l'université d'Avignon
- Vincent Frerebeau, fondateur du label indépendant "Tôt ou tard"
- Dominique Hervieu, directrice du Théâtre national de Chaillot
- Emmanuel Hoog, PDG de l'Institut national de l'audiovisuel et président de la Maison de la poésie
- Laurent Le Bon, directeur du projet Centre Pompidou-Metz
- Olivier Meyer, directeur du Théâtre de l'Ouest parisien et du Théâtre de Suresnes Jean Vilar, directeur du festival Suresnes cités danse
- Jean Vinet, directeur du Centre des arts du cirque de Basse-Normandie

 

 

 

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