Hébergement - Hébergement d'urgence : le choc des bilans
Après le - relatif - consensus autour de la notion du "logement d'abord" (voir notre article ci-contre du 5 décembre 2011), la polémique sur l'hébergement d'urgence a rapidement refait surface. Deux prises de positions récentes illustrent cette difficulté ancienne et récurrente à dégager une vision partagée de la question et de ses enjeux.
D'un côté, la Fnars (Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociale) publie la quatrième livraison de son "Baromètre du 115". Celle-ci présente une série de données sur le recours au numéro d'appel d'urgence du Samu social, sur les suites réservées aux demandes d'hébergement et sur le profil des personnes concernées. Portant sur 37 départements, le baromètre montre, entre janvier et février 2012, une légère diminution des demandes (-1%), mais une augmentation du nombre de personnes ayant sollicité le 115 (+7%). Il indique également que, sur la moyenne quotidienne de 45.308 demandes d'hébergement au cours du mois février, seules 64% ont donné lieu à une attribution. Toutefois, "la prise en charge en hébergement suite à une demande au 115 a progressé de 17 points par rapport au mois de janvier suite aux fortes chutes de températures qui ont engendré l'ouverture de structures d'hébergements temporaires". En revanche, dans la deuxième quinzaine de février, la Fnars affirme que "le redoux autorise la remise à la rue". Au-delà de ces données brutes, la Fnars estime que "bien loin de l'objectif poursuivi par la politique de Refondation du secteur de l'hébergement, on assiste, sur de nombreux territoires, à une remise à la rue massive, dès le redoux, de ceux à qui l'on avait trouvé une solution quand les températures étaient au plus bas". De ce fait, les 115 se trouvent à nouveau "contraints de gérer une solution de pénurie et de répondre par la négative à la majorité des demandes des personnes". La Fnars déplore donc, une nouvelle fois, "l'adaptation du dispositif d'hébergement d'urgence en fonction des conditions climatiques et non en fonction des besoins réels des personnes".
Une rallonge de 250 millions d'euros
Autre son de cloche du côté du gouvernement. En réponse à une question écrite d'Odette Duriez, sénatrice (PS) du Pas-de-Calais, le ministre chargé du Logement défend l'engagement, en novembre 2009, d'"une refondation ambitieuse et partagée du secteur de l'hébergement et de l'accès au logement, au travers de la stratégie nationale de prise en charge des personnes sans-abri ou mal logées". Il indique notamment que "l'ensemble des capacités d'accueil en hébergement (dispositif pour les demandeurs d'asile et dispositif généraliste, dont l'intermédiation locative) s'élève aujourd'hui à un niveau record de 116.000 places, grâce à la création de 25.000 places en quatre ans". Il rappelle également l'attribution, le 26 septembre 2011, d'une enveloppe budgétaire supplémentaire pour l'hébergement d'urgence de 75 millions d'euros. Sur le moyen terme, le ministre délégué au Logement indique que les moyens consacrés aux dispositifs de veille sociale, d'hébergement et de logement adapté sont passés de 874 millions d'euros en 2007 à 1,128 milliard d'euros en 2011, soit une progression de 254 millions d'euros en quatre ans (+29%). Il affirme également qu'"en 2012, les moyens budgétaires seront maintenus à hauteur de ce niveau record", même si "la dotation de certaines régions pourra être amenée à augmenter ou diminuer légèrement". Ces différents chiffres à la hausse, supposés répondre aux besoins, expliquent que le gouvernement entend désormais privilégier l'accès ou le maintien dans le logement à travers la politique du "logement d'abord".