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Jeunesse / Citoyenneté - François Hollande veut généraliser le service civique après 2020

Lors de ses voeux à la jeunesse, le 11 janvier 2016, le président de la République a décrit les contours de son "chantier" de l'engagement : création d'un "carnet citoyen" pour chaque jeune, extension de la réserve citoyenne et, surtout, généralisation du service civique à l'ensemble d'une classe d'âge "au-delà de 2020". Pour cela, l'Agence du service civique, futur "Haut Commissariat à l'engagement", pourra user de son "autorité", y compris auprès des collectivités. Plus que fortement encouragées à s'y mettre, ces dernières disposeront de l'appui méthodologique - formations, guide pratique - du Centre national de la fonction publique territoriale.

Le président de la République a adressé le 11 janvier 2016 ses vœux à la jeunesse et aux "forces de l'engagement", lors d'une soirée anniversaire de la mobilisation qui a suivi les attentats de janvier 2015. Suite à ces événements, l'une des réponses de François Hollande avait été de donner un coup d'accélérateur au service civique, de viser l'"universalisation" du dispositif, c'est-à-dire de donner la possibilité à tous les jeunes qui le souhaitent de s'y engager.
Un an après, et deux mois après les attentats de novembre 2015, le service civique revient à l'ordre du jour. Et le président de la République parle désormais de "généraliser" le dispositif, comme il l'a annoncé lors de ses vœux télévisés aux Français, le 31 décembre dernier.
"Je veux permettre à tous les jeunes de faire cette expérience", a-t-il expliqué le 11 janvier. Avant de détailler : "d'ici trois ans, [le service civique] devra accueillir la moitié d'une classe d'âge, soit près de 350.000 jeunes par an, au lieu d'à peu près 120.000 cette année, et pour aller étape par étape vers la généralisation effective, au-delà de 2020".

Le service civique sera une "obligation" pour les collectivités

"Pour y parvenir", les moyens dédiés au dispositif vont donc encore "changer de dimension" : le budget "passera de 300 millions aujourd'hui à un peu plus d'un milliard en 2018", l'Agence du service civique "deviendra un haut commissariat à l'engagement, placé directement auprès du Premier ministre" et aux moyens renforcés.
Ce dernier, a ajouté François Hollande, "aura toute l'autorité nécessaire pour faire que ce soit une obligation, le service civique, mais une obligation d'abord pour les administrations, pour les ministères, pour les collectivités". Des "quotas" pourraient même être "décidés par ministère, par département" et "les grandes entreprises publiques pourront également être mobilisées". Seule limite fixée par le président : les entreprises privées ne pourront pas accueillir de volontaires.
"Il y a un risque à vouloir tous les trimestres transformer un peu le service civique", a estimé le 11 janvier sur France Inter Nadia Bellaoui, présidente du Mouvement associatif. Un risque, également pour elle, à "vouloir faire du chiffre aux dépens de l'idée même de service civique", de la qualité des missions et de la possibilité laissée à chaque jeune de "fabriquer sa mission, d'y mettre un peu de lui-même". Après les annonces de François Hollande, on peut cependant considérer que ce que le Mouvement associatif juge essentiel - le "caractère volontaire" du service civique – est préservé, au moins si l'on se place du point de vue des jeunes de 2016. 

En 2015, 70.000 missions offertes pour 400.000 demandes

Entre 2014 et 2015, du fait de moyens déjà accrus et de l'impulsion donnée au sommet de l'Etat, le nombre de jeunes en service civique a doublé pour atteindre 70.000. C'est toutefois moins que ce que François Hollande espérait – il souhaitait, lors de ses vœux de début 2015 aux acteurs de l'emploi, "atteindre 100.000 volontaires le plus vite possible".
C'est surtout moins que le nombre de jeunes ayant déposé une candidature : près de 400.000 en 2015, selon François Chérèque qui répondait le 8 janvier à l'AFP. Selon lui, le service civique est un "outil de prévention de la radicalisation des jeunes". Une analyse que partage le ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, Patrick Kanner, qui a en revanche récusé – le 12 janvier, auprès de l'AFP - toute volonté du gouvernement de "camoufler" les chiffres du chômage des jeunes.
Si la dynamique des demandes d'engagement a pu être amplifiée par les attentats de 2015, elle est pourtant bien aussi alimentée par le désir d'"acquérir une expérience". Ce moteur pèse autant que la volonté de "s'engager" et celle d'"être utile aux autres", selon un sondage Ifop diffusé le 8 janvier par l'Agence du service civique.

Environ 1.000 collectivités accueillent des jeunes en service civique

Autres indicateurs démontrant que les demandes vont continuer à augmenter : 85% des 16-25 ans ont une bonne image du service civique et 60% se disent prêts à s'engager. Pour ceux qui ne l'envisagent pas, le premier frein identifié est l'adéquation de cet engagement avec leur projet d'études. "D'autres modalités devront être encouragées" , a évoqué à ce sujet le président de la République, pour que de jeunes étudiants, apprentis, élèves des écoles de la fonction publique puissent "réaliser un service civique sous une forme ou sur une autre", éventuellement dans le cadre de leur cursus.
Pour créer de nouvelles missions et répondre ainsi à ces nombreuses demandes, les collectivités sont donc appelées à se mobiliser. Actuellement, les associations demeurent les principaux organismes d'accueil des volontaires. Seules quelque 1.000 collectivités reçoivent des jeunes en service civique, selon le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT).
"Souvent, ce sont dans les collectivités où les élus sont les plus prompts à demander, même, le rétablissement du service national que l'on trouve le moins de services civiques", a ironisé François Hollande.

40 conférences pour fournir le "mode d'emploi" aux collectivités

Pour aider les collectivités à s'y mettre, le CNFPT, en partenariat avec le ministère de la Jeunesse et l'Agence du service civique, organisera d'ici la fin du mois de mai une quarantaine de conférences dans les régions de métropole et d'outre-mer. L'objectif, selon François Meyer, directeur à la direction des projets du CNFPT, est de "promouvoir le service civique et [de] sensibiliser les collectivités".
Au programme de la première conférence, qui aura lieu à Châlons-en-Champagne le 2 février : la présentation du cadre juridique (et notamment le rappel des obligations des collectivités en matière de tutorat, formation, etc.), des missions que peuvent proposer les collectivités, les facteurs de réussite ou encore les plus-values pour la collectivité, les usagers et les jeunes volontaires.
Le CNFPT diffuse également un guide pratique intitulé "Service civique et collectivités territoriales : mode d'emploi" (téléchargeable ci-contre), qui s'appuie notamment sur une étude réalisée par des étudiants de l'Institut national des études territoriales (Inet) (voir l'encadré à notre article du 21 septembre 2015).
Le document rappelle que "les missions de service civique sont au cœur des compétences des collectivités" et fournit des exemples de ces missions par domaine (action sociale et santé, éducation, jeunesse et sports, action culturelle, politique de la ville, environnement, tourisme, coopération décentralisée et sécurité).

Service civique et réserve citoyenne : "les maires seront présents"

Sur le service civique comme sur la réserve citoyenne, "les maires seront présents", a assuré le 12 janvier François Baroin, président de l'Association des maires de France, à l'occasion d'un point-presse de présentation de la "journée citoyenne" (démarche sur laquelle Localtis reviendra dans un prochain article). Pour le maire de Troyes, dans tous les domaines, il existe "un stock exceptionnel de gisements d'actions qui peuvent s'inscrire" dans la réserve citoyenne, dont la coordination pourrait être assurée "à l'échelle de chaque département".
Déjà mobilisés dans l'armée, la santé et l'éducation, "ces réservistes devront être demain présents dans des secteurs comme l'environnement, l'encadrement des jeunes, l'accompagnement des personnes âgées", a souhaité François Hollande.
Ce dernier a par ailleurs indiqué la tenue fin janvier d'un "grand forum de l'engagement" destiné à valoriser "les associations, les fondations, les initiatives citoyennes", à "travailler à lever les freins" et à "diffuser largement les bonnes idées". Il s'agit, pour le président de la République, de prolonger la démarche "La France s'engage" par laquelle, depuis 18 mois, 60 projets ont été distingués et soutenus.

Un "carnet citoyen" pour "valider" les étapes du parcours

Pour les jeunes de 16 à 25 ans, en dehors de la généralisation du service civique, François Hollande a annoncé la création d'un "carnet citoyen" destiné à consigner et "valider plusieurs temps ou formes d'engagement" d'un "parcours citoyen généralisé". "On a bien un carnet de santé, eh bien on doit avoir aussi un carnet de citoyen", a-t-il considéré.
Pour "transmettre aux élèves les valeurs de la République et les moyens de s'accomplir dans le respect des autres", ce parcours sera ponctué de différentes étapes à l'école - "de l'élémentaire jusqu'à la terminale" – et en dehors de l'école : enseignement moral et civique, stage de troisième qui pourra être réalisé en association, journée de défense et de citoyenneté – journée qui pourrait devenir semaine et être repensée pour "orienter les jeunes vers toutes les formes d'engagement et notamment vers le service civique" -, etc.
Comme il l'avait déjà évoqué, François Hollande espère laisser sa trace avec ce "chantier présidentiel" de l'engagement, qu'il souhaite "aussi durable qu'une construction d'acier et de verre".

 

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