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Jeunesse / Citoyenneté - Des jeunes en service civique mobilisés pour l'accueil des réfugiés

Face au "défi de société" que représente l'accueil des réfugiés, le ministre de la Jeunesse, Patrick Kanner, apporte sa contribution : 1.000 jeunes en service civique seront accueillis, selon une procédure d'urgence, par des associations ou des collectivités locales. Ces dernières, encore minoritaires dans l'accueil de volontaires, pourront, pour s'impliquer davantage, aller piocher de bonnes idées dans un rapport d'étudiants de l'Inet.

Patrick Kanner, ministre de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, a lancé le 18 septembre un appel à la jeunesse française à contribuer à l'accueil et à l'intégration des réfugiés en s'engageant en service civique auprès des associations et des collectivités territoriales (1). S'adressant le jour même à la presse dans un centre d'hébergement géré par la Ligue de l'enseignement pour le compte de la ville de Paris, Patrick Kanner a présenté les modalités de ce "programme d'urgence 'Soutien aux réfugiés'".
Dans ce cadre, "1.000 nouvelles missions sont aujourd'hui pressenties", a précisé le ministre. Et l'ensemble des structures ayant un rôle dans l'aide aux personnes réfugiées – associations, collectivités, mais aussi services de l'Etat et établissements publics – pourront faire une demande d'agrément à l'Agence du service civique.
Une "procédure accélérée" est mise en place pour que l'accueil des volontaires sur ce thème puisse se mettre en place rapidement. Le ministère de la Jeunesse et l'Agence du service civique ont également réalisé en urgence un petit guide pratique détaillant la procédure à suivre et proposant des exemples de missions s'inscrivant dans le programme de soutien aux réfugiés.

Des jeunes en "plus d'humanité", à côté des travailleurs sociaux

Accueillir et orienter des demandeurs d'asile à l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), informer des citoyens souhaitant apporter bénévolement de l'aide aux réfugiés, organiser des ateliers d'alphabétisation, aider des familles à appréhender leur nouvel environnement, à effectuer les bonnes démarches pour l'inscription des enfants à l'école ou à accéder à leurs droits sociaux et sanitaires… Avec un point de vigilance, mainte fois répété dans le guide et au cours de la conférence de presse : les volontaires ne doivent pas se substituer aux travailleurs sociaux. "Nous sommes dans le plus", a insisté Patrick Kanner.
"Un plus d'humanité", a complété le représentant de Coallia, une association du réseau Fnars qui s'est récemment engagé à accueillir 500 jeunes en service civique d'ici 2016.

Le coût d'un service civique pour une collectivité : 106 euros par mois

Aux côtés de responsables associatifs déjà bien rodés tant à l'aide aux primo-arrivants qu'aux démarches liées au service civique, des élus de Paris et de Rennes se sont aussi montrés mobilisés. La ville de Paris a récemment doublé le nombre de places en service civique proposées, qui atteint désormais 300. En plus de cela, 40 missions porteront spécifiquement sur l'aide aux réfugiés.
A Rennes, les jeunes volontaires pourront prêter main forte aux différents dispositifs d'accueil et de soutien aux réfugiés qui vont monter en charge ces prochains mois. Face au défi de "bien accueillir" les familles, "ce dispositif prend tout son sens pour nous sur les territoires", a témoigné Frédéric Bourcin, maire-adjoint de Rennes.
Aux communes de plus petite taille qui pourraient craindre des coûts trop importants, le ministre a assuré que la charge nette de l'accueil d'un jeune en service civique en collectivité n'est pas supérieure à 106 euros par mois – l'Etat prenant en charge l'indemnité versée et les cotisations afférentes.

6% des volontaires en collectivité en 2014... combien en 2015 ?

Le défi de l'accueil de 24.000 réfugiés supplémentaires en deux ans contribuera-t-il à convaincre les collectivités de se saisir du dispositif service civique ? En 2014, 6% des missions de volontariat ont été exercées en collectivité locale. C'est légèrement moins que dans les services de l'Etat (8%) et beaucoup moins qu'au sein des associations (86%).
Après l'engagement cet été de plusieurs associations d'élus (2) à promouvoir le service civique auprès de leurs adhérents (voir ci-contre notre article du 10 juillet 2015), le ministère de la Jeunesse prépare avec le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT) une journée de sensibilisation, le 17 novembre prochain, dans le cadre du Salon des maires. A cette occasion, des outils spécifiquement adaptés aux collectivités seront diffusés. Ces outils s'appuieront notamment sur une étude réalisée par des étudiants de l'Institut national des études territoriales (Inet) et remis à Patrick Kanner cet été (voir notre encadré ci-dessous).

Le compteur "service civique" tenu tous les deux mois en conseil des ministres

En attendant, les ministères continuent à s'engager sur la création de missions : 15.000 pour l'Ecologie, 16.000 pour la Culture dont 6.000 dès cette année, 3.000 au ministère de l'Intérieur, 37.000 dans l'Education nationale, 15.000 pour le Sport dont 2.500 en 2015. Pôle emploi devrait aussi proposer 2.000 postes.
Pour atteindre ses objectifs – 70.000 volontaires en 2015, 110.000 en 2016 et 150.000 en 2017 -, le ministre de la Jeunesse présentera tous les deux mois en conseil des ministres les avancées des différents ministères engagés. Dernier indicateur pour 2015 : fin juillet, 41.000 missions avaient été agréées par l'Agence du service civique ; si ces agréments ont toutes donné lieu à un recrutement depuis, 60% de l'objectif de l'année est d'ores et déjà atteint.

Caroline Megglé

(1) Lettre ouverte à la jeunesse publiée le 18 septembre 2015 dans le magazine "Madmoizelle" et s'achevant par cette phrase : "Montrez au monde entier que la jeunesse française est la meilleure ambassadrice de la fraternité".
(2) Association des maires de France (AMF), Association des régions de France (ARF), Assemblée des communautés de France (ADCF), Association des maires ruraux de France (AMRF).
 

 

des étudiants de l'inet encouragent les collectivités à mutualiser l'ingénierie du service civique  

Pour les étudiants de l'Inet auteurs de l'étude "Développer le service civique au sein des collectivités territoriales" remise le 10 juillet 2015 à Patrick Kanner, il est urgent de "susciter l'envie de services civiques au sein des collectivités territoriales, tant pour les volontaires, que pour les collectivités d'accueil" et de lever les "freins opérationnels qui entravent le volontarisme local".
Pour cela, les étudiants ont formulé dix propositions, parmi lesquelles celle de "favoriser les synergies et les mutualisations au niveau local" : "possibilité de recrutement par plusieurs organismes d'accueil", concentrer l'ingénierie administrative du service civique au sein d'une seule collectivité – le conseil départemental est suggéré - au profit de collectivités de plus petite taille…
Au cours de leur enquête, les étudiants ont en effet constaté un "décrochage" des petites collectivités, très actives au démarrage du service civique en 2010 mais n'ayant pas réussi à maintenir cet effort dans la durée faute de personnel dédié à la gestion du dispositif.
Le développement du service civique dans les collectivités passe également, pour ces étudiants, par "une animation territoriale renforcée de l'Agence du service civique et ses délégués dans en partenariat concret avec les collectivités territoriales".
Un kit de "l'accueil d'un volontaire en service civique" figure enfin dans le rapport, avec des modèles de délibération autorisant l'accueil de volontaires dans la collectivité, des exemples de missions et de fiches descriptives des missions.

C. Megglé

 

 

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