Finances locales - Fin 2015, l'investissement public local pourrait avoir diminué de 15%
En avril dernier, la Banque postale anticipait une baisse de 5,6% de l'investissement public local en 2014 (voir notre article du 17 avril 2014). Finalement, le résultat devrait être plus sombre. En s'élevant à 53,5 milliards d'euros, l'investissement des collectivités territoriales et de leurs groupements devrait être en diminution de 7,4% cette année. C'est le chiffre que la banque a détaillé à la presse en présentant ce 22 octobre sa dernière note de conjoncture des finances locales.
Sous l'effet du dynamisme des dépenses des communes et intercommunalités, l'investissement local avait progressé en 2013 de 4,8%. Cette année, l'investissement du "bloc communal" a reculé du fait de la tenue des élections municipales. Le phénomène est bien connu des experts des finances locales. Ceux-ci ont toujours observé une décélération de l'investissement des communes et de leurs groupements après un scrutin municipal. Les nouvelles équipes ont en effet besoin de temps pour mettre en route leurs projets. Mais, cette année, le recul est plus profond. Il sera "l'un des plus forts depuis les premières lois de décentralisation" datant de 1982, estime la banque. Le reflux le plus important devrait concerner les communes (-10,2%) et les intercommunalités (-5,6%). Il serait de l'ordre de 3,4% pour les départements et régions, collectivités dont les élus arrivent à la fin d'un mandat.
Rapportée au nombre d'habitants et calculée après neutralisation de l'inflation, la dépense d'investissement des collectivités serait plus faible en 2014 (794 euros) qu'en 2004 (851 euros).
"Une première"
En 2015, cela ne va pas s'arranger. La banque table pour l'année prochaine sur un recul de l'investissement public local "de même ampleur [qu'en 2014], voire plus". "Cette succession de deux baisses aussi fortes serait une première", assure l'établissement bancaire.
L'épargne brute, grâce à laquelle les collectivités financent majoritairement leurs investissements, serait en recul de 5,6% cette année. Ceci résulte de l'atonie des ressources des collectivités. Pour la première fois, les dotations de l'Etat aux collectivités ont diminué de 1,5 milliard d'euros cette année. Quant aux recettes fiscales, elles n'auraient progressé que de 1,4% sans les nouvelles ressources allouées aux départements. Dans le même temps, les dépenses de gestion des collectivités territoriales (+2,9% en 2014) ne décélèrent que lentement. "La maîtrise de certaines dépenses de fonctionnement demande plus de temps", fait remarquer la Banque postale.
Sous la pression des députés, le gouvernement a fait voter des mesures de soutien, mais cela "ne suffit pas à inverser la perspective", a déclaré à la presse Thomas Rougier, responsable des études secteur public à la Banque postale.
Préoccupés par la chute des commandes des collectivités, qui fait craindre au secteur des pertes d'emplois massives, quelques milliers de chefs d'entreprises et salariés des travaux publics ont manifesté la semaine dernière partout en France.
Pour Serge Bayard, président de la Banque postale Collectivités locales, la réduction des dotations aura aussi "un vrai impact sur la situation financière des associations". "On n'en est qu'au tout début", a-t-il dit.