Finances locales - 2013, dernière année de bonne tenue de l'investissement local ?
L'inquiétude est de mise sur l'investissement local. Ce ne sont pas un, mais plusieurs indicateurs, qui sont passés au rouge. Principale source de financement du secteur, l'épargne brute des collectivités doit baisser cette année de 1,2%, après avoir chuté de 2,8% en 2012. "Pour les collectivités locales dans leur ensemble, cette deuxième année de baisse est inhabituelle", relève la Banque postale.
Si les dépenses d'équipement des collectivités locales progressent encore cette année, c'est grâce au dynamisme de l'investissement des communes (+2,9%), et plus encore de celui des groupements à fiscalité propre (+4,2%). L'intercommunalité se porte plutôt bien. Bénéficiant de recettes courantes dynamiques en progression de 4,3% cette année, elle est "le seul niveau à voir son épargne augmenter". Dans ce contexte, ses dépenses d'investissement participent pour plus du tiers à la croissance des investissements du bloc communal. La locomotive tire l'ensemble des investissements locaux vers le haut, alors que les départements et les régions, à la santé de plus en plus fragile, tendent, à l'inverse, à les faire reculer. En 2013, les premiers vont diminuer leurs dépenses d'investissement pour la quatrième année consécutive (-2,5 % pour des investissements s'élevant à 11,3 milliards d'euros), tandis que les secondes les maintiendront, comme elles le font depuis 2008, à environ 8,5 milliards d'euros.
Une épée de Damoclès sur des milliers d'emplois
En 2014, les communes et l'intercommunalité ne devraient toutefois plus soutenir aussi fortement l'investissement local. Les nouvelles équipes issues des élections de mars prochain auront, en effet, besoin de plusieurs mois pour définir et programmer leurs projets. La réflexion se poursuivra certainement encore en 2015. A titre d'exemple, en 2008, première année du mandat des maires et présidents de communautés actuellement élus, l'investissement des communes et de leurs groupements avait reculé de plus de 10%. En 2009, il était encore en contraction de 1%. Or, la baisse des dotations de 3 milliards d'euros en 2014 et 2015 et la difficulté d'augmenter les taux des impôts locaux, qui interviendront dans un contexte de forte croissance des charges des collectivités, vont réduire leurs marges de manœuvre. "Il est à craindre que les dépenses d'investissement servent d'ultime variable d'ajustement aggravant de fait les baisses 'classiques' observées lors des deux premières années des mandats municipaux et intercommunaux", souligne la Banque postale, pour qui les gestes décidés par le gouvernement en faveur des finances des départements et des régions "ne devraient pas être en mesure de compenser le recul attendu sur le bloc communal".
Les secteurs d'activité qui dépendent en grande mesure de l'investissement local, tels que le bâtiment et les travaux publics, doivent donc s'attendre à une période difficile. "Toutes choses égales par ailleurs, une baisse de 10% des dépenses d'équipement des collectivités locales représente l'équivalent de 0,2 point de croissance en moins, auquel s'ajoutent toutes les répercussions en matière d'emploi et de dépréciation du patrimoine public", prévient la Banque postale.
Thomas Beurey / Projets publics
Progression moins rapide des dépenses de fonctionnement
Le 14 octobre, la Cour des comptes appelait les collectivités locales à contenir fermement leurs dépenses de fonctionnement afin de participer au redressement des finances publiques (lire ci-contre notre article). Alors même qu'elles ont à mettre en œuvre des décisions coûteuses prises par le gouvernement et le Parlement, celles-ci ont, semble-t-il, devancé cet appel. Certes, elles n'ont pas encore serré à fond les vis. Mais elles font globalement des progrès. Leurs dépenses de gestion augmenteront de 2,8% cette année, après une hausse de 3,1% en 2012. Appelées il est vrai à prendre de plus en plus de poids, les intercommunalités se distinguent toutefois, avec des dépenses de gestion en progression de 4,4% en 2013, comme en 2012.