Finances locales - Bonne tenue de l'investissement local en 2012, grâce au secteur communal
Les difficultés d'accès au crédit bancaire, la réforme de la fiscalité locale, les difficultés économiques, le gel en valeur des dotations... faisaient naître des craintes pour le niveau de l'investissement public local en 2012. En fin de compte, celui-ci s'est établi à 52,6 milliards d'euros l'année dernière, d'après la première note de conjoncture sur les finances locales de la Banque postale, héritière de la note de conjoncture de Dexia. C'est certes moins qu'en 2009, année où l'investissement local avait atteint des records (54,2 milliards) sous l'effet du plan de relance. Mais c'est davantage qu'en 2011 (+1,6%), puisque cette année-là, l'investissement avait atteint 51,7 milliards d'euros.
Des communes dynamiques mais fragiles
Cette performance globale pourrait laisser penser que l'investissement du secteur local reste dynamique. Sa situation est en réalité fragile. Le secteur communal, qui représente les deux tiers des investissements publics locaux, continue à tirer globalement les investissements vers le haut. Pour ce seul secteur, l'investissement s'est accru de 3,4% l'année dernière. Un bon chiffre, mais qui est à relativiser compte tenu de la période : à l'approche des échéances électorales, la réalisation des investissements monte traditionnellement en puissance, rappelle la direction des études de l'établissement bancaire, qui s'appuie sur l'expérience de plusieurs collaborateurs recrutés chez Dexia. L'investissement des communes et de leurs groupements montrerait-il des signes d'essoufflement ? Le ralentissement de la progression de l'épargne brute du secteur communal l'année dernière (+1,1%) après plusieurs années particulièrement toniques (près de 10% par an en moyenne entre 2008 et 2011) est en tout cas un véritable talon d'Achille.
La situation globalement encore bonne du secteur communal contraste fort avec celle des départements. L'investissement de ces derniers recule pour la troisième année consécutive (-3,1 % en 2012) pour atteindre 11,5 milliards d'euros. En trois ans, les départements ont réduit d'un quart (en euros constants) leurs dépenses d'investissement. L'année dernière, le recul du produit des droits de mutation à titre onéreux (-9%) lié à la dégradation du marché de l'immobilier et la poursuite de la croissance des dépenses sociales (+3,4%) ont constitué de fortes contraintes pour les conseils généraux. Résultat de cette situation, leur épargne brute a reculé de 8,7%.
Endettement des régions
Quant aux régions, elles ont maintenu leur effort d'investissement l'année dernière (8,7 milliards d'euros, soit une hausse de 0,8%). Mais compte tenu d'une dégradation de leur épargne brute (-2,2%), elles y sont parvenues au prix d'un endettement record (19,1 milliards d'euros au total, résultat d'une hausse de 6,8% en 2012).
A partir du second semestre 2013, l'investissement public local pourrait "enregistrer un net repli" compte tenu des contraintes financière qui pèsent sur le secteur local tant en matière de dépenses que de recettes. Année de renouvellement des conseils municipaux et communautaires, l'année 2014 ne sera pas propice non plus à l'investissement. De plus, la capacité des régions et des départements à compenser le recul des investissements du secteur communal semble émoussée.
Compte tenu du poids des collectivités dans l'investissement public (72%), une réduction de l'investissement local ne serait "pas sans conséquence sur l'économie nationale", conclut la Banque postale.