Conjoncture - Les travaux publics broient du noir
La Fédération nationale des travaux publics (FNTP) a annoncé le 12 juillet qu'elle revoyait à la baisse sa prévision d'activité pour l'ensemble de l'année 2012, tablant sur une baisse de 3% (contre -1% précédemment) par rapport à 2011, en raison de la dégradation de l'économie française et des difficultés financières des collectivités locales. Comparé au record de l'année 2007, le volume d'activité sera en baisse de 20% en 2012 et reviendra au niveau d'il y a 10 ans.
Pour le seul premier semestre, les heures travaillées par les ouvriers permanents et intérimaires sont en baisse de 7,5% par rapport aux six premiers mois de 2011 et l'activité a reculé de 2,7% en volume. Les marchés conclus sont quant à eux en baisse de 16% depuis le début 2012. "Il existe un risque réel que le nombre de suppressions d'emplois permanents monte à 15.000 d'ici mi-2013", a déclaré Patrick Bernasconi, président de la FNTP, lors d'une conférence de presse.
Au cours des cinq dernières années, le secteur (40 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2011 avec 280.000 salariés) aura perdu 20.000 emplois, dont 6.000 sur la seule année 2012, selon la FNTP. "Tous les indicateurs ont basculé dans le rouge depuis le début de l'année", a souligné Patrick Bernasconi pour expliquer ces suppressions d'emplois.
Incertitudes sur les grands projets
Mais la FNTP est surtout inquiète pour l'avenir. Notamment après les propos tenus le 11 juillet par du ministre délégué au Budget Jérôme Cahuzac pour qui "le gouvernement n'aura pas d'autre choix que d'abandonner certains projets d'infrastructures de transport". Le Schéma national des infrastructures de transports (Snit), prévu par la loi Grenelle 1, établi sous le précédent gouvernement, fixait à 245 milliards d'euros sur 25 ans l'enveloppe nécessaire pour moderniser et entretenir les infrastructures existantes tout en développant de nouvelles installations. Le ministre délégué aux Transports, Frédéric Cuvillier, a annoncé, après des critiques de la Cour des Comptes, pointant l'absence de financement du Snit, qu'une commission va hiérarchiser les projets et juger de leur faisabilité financière. "Il est nécessaire de choisir, hiérarchiser et programmer rapidement en septembre", estime Patrick Bernasconi. Aussi, après l'annulation de la concession pour la rocade autoroutière "Grand Contournement ouest" (GCO) de Strasbourg, attribué à Vinci, la FNTP affirme que "des interrogations majeures se posent sur le canal Seine-Nord, la ligne à grande vitesse (LGV) Lyon-Turin ou l'aéroport Notre-Dame-des-Landes", près de Nantes.
A cause "de l'assèchement préoccupant du crédit aux collectivités locales et des difficultés à mettre en place la nouvelle banque devant remplacer Dexia", l'urgence pour la FNTP est "la mise en place d'une banque publique d'investissement local" dont l'actionnaire de référence serait la Caisse des Dépôts. Car il y a aujourd'hui "un vrai risque de rupture brutale dans le financement de l'investissement local", estime Patrick Bernasconi. Et cela aurait selon lui deux types de conséquences : "sur le fonctionnement des services publics de base - stations d'épuration vieillissantes, fuites dans les réseaux d'eau potable, ponts et routes mal entretenus, taux de coupure d'électricité en hausse, etc." et "sur l'emploi dans le secteur des travaux publics qui est directement fonction du volume investi dans les travaux commandés par les collectivités", ces dernières représentant 45% des 38 milliards d'euros de chiffre d'affaires du secteur.