Transports - Ferroviaire : la Fnaut propose un appel à projets pour la création ou l'exploitation de lignes Intercités

"Nous regrettons la non concomitance de l'ouverture à la concurrence pour le car et le train. Nous proposons donc le lancement d'un appel à projets pour la création ou l'exploitation de lignes Intercités ou de trains de nuit, l'Etat, autorité organisatrice, prenant l'engagement de renouveler le matériel", a déclaré le 6 mai Bruno Gazeau, qui vient de succéder à Jean Sivardière à la présidence de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut). Association de consommateurs agréée par l'Etat, la Fédération se considère aussi comme une association de défense de l'environnement et un "laboratoire d'idées" sur la politique générale des transports, a souligné Jean Sivardière. Elle compte donc continuer à jouer pleinement son rôle de force de propositions face aux défis de la mobilité. Parmi les grands dossiers d'actualité, elle a publié à la mi-mars un manifeste pour le renouveau des trains Intercités dans lequel elle défend ce réseau comme "un outil indispensable à l'aménagement du territoire, en particulier pour la desserte des villes moyennes et des axes transversaux". Elle y appelle à concevoir des dessertes adaptées aux besoins de déplacements, à réinventer les méthodes d'exploitation et de commercialisation, à clarifier les responsabilités de l'Etat et des régions et à pérenniser les financements.
Alors que la commission Duron chargée par le gouvernement de réfléchir à l'avenir des trains Intercités doit remettre prochainement son rapport, la Fnaut redoute que la libéralisation du transport par autocar sur longue distance prévue par le projet de loi Macron ne porte un nouveau coup dur au réseau. "Nous sommes favorables à la concurrence des opérateurs entre eux mais non à la concurrence des modes de transport qui, elle, doit être organisée et régulée à chaque niveau de compétence, a souligné Bruno Gazeau. Or, le paysage qui se dessine d'une ouverture à la concurrence non concomitante du car et du fer peut avoir des effets difficiles à gérer. Des schémas nationaux, régionaux et métropolitains de transport sont nécessaires et doivent être établis quand ils n'existent pas. Nous estimons en effet que pour répondre au mieux aux besoins des voyageurs, il faut maintenir les exigences de service public et y associer davantage tous les modes contribuant à la mobilité pour en optimiser l'efficacité".
Le débat sur l'avenir des trains Intercités ou trains d'équilibre du territoire (TET) a rebondi récemment quand des élus communistes ont alerté sur une hypothèse de travail de la SNCF envisageant de supprimer plusieurs lignes et de réduire la voilure sur d'autres (lire ci-contre notre article du 2 avril 2015). Pour l'Association des régions de France (ARF), cette offre "est essentielle pour de nombreux territoires", et "toutes les solutions devront (…) être recherchées pour améliorer le modèle actuel et lui donner une nouvelle dynamique en l'adaptant à l'évolution des besoins de mobilité". Pierre Cardo, président de l'Autorité de régulation des activités ferroviaires (Araf), le "gendarme du rail", a lui aussi préconisé des expérimentations d'ouverture à la concurrence, dans le cadre très strict des délégations de service public, car "si on ne change rien, les TET finiront par disparaître, l'Etat n'a plus d'argent". L'ancien élu a expliqué début avril à l'AFP que "l'ouverture à la concurrence permet de réduire le déficit" pour "investir sur du matériel nouveau" ou effectuer des travaux sur le réseau: "si on arrive à baisser les coûts et augmenter la qualité par l'ouverture à la concurrence, on donne à un certain nombre de lignes de TET une nouvelle vie". Dans le journal de l'Association française du rail (Afra), qui regroupe des entreprises ferroviaires privées, le député (UMP) Dominique Bussereau, ancien ministre des Transports, insistait récemment sur la nécessité, outre d'expérimenter l'ouverture à la concurrence, d'"adopter des mesures fortes : le renouvellement des trains, la programmation de l'achat de nouvelles locomotives, la qualité du service à bord et l'adaptation des horaires et des destinations".
 

 

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