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Transports - Trains Intercités : une commission chargée de réanimer un réseau à bout de souffle

Quel avenir ont les trains Intercités ou trains d'équilibre du territoire (TET) ? Tout en repoussant d'un an la signature de la convention Etat-SNCF encadrant leur exploitation, Alain Vidalies, secrétaire d'Etat aux Transports, a désigné le 19 novembre une commission chargée de réfléchir à la "cohérence" de ce réseau fragilisé.

Alain Vidalies, secrétaire d'Etat aux Transports, a dévoilé le 19 novembre les contours et missions d'une nouvelle commission chargée de réfléchir à la cohérence et de "clarifier l'avenir" des trains d'équilibre du territoire (TET, Corail, Intercités). De l'art de repousser les choses ? Le temps que la commission se mette au travail et définisse son programme et ses priorités, ce n'est en effet pas avant six mois qu'elle rendra son premier rapport. Or, la convention Etat-SNCF encadrant leur exploitation était censée arriver à échéance en cette fin d'année... Elle a donc été repoussée d'un an (fin 2015). Et ce en accord avec l'opérateur et "à périmètre constant". Mais non sans quelques crispations, notamment autour de l'avenir des trains de nuit. "Ce sera un des thèmes sur lesquels nous travaillerons sûrement en priorité, tout comme la nature des services à proposer à bord de l'ensemble de ces trains", a indiqué le député du Calvados Philippe Duron, qui pilote cette nouvelle commission.

L'an dernier, pour rappel, l'ancien maire de Caen avait dirigé une structure assez similaire, la commission Mobilité 21, qui avait hiérarchisé par niveau de pertinence les projets d'infrastructures de transport et conclu à la nécessité d'une sortie du tout-TGV, au profit d'une politique de transports axée sur la proximité et le renforcement du réseau existant. Volonté de continuité, donc, et de reprendre la main sur ce dossier des TET "dans le sillage du travail effectué par le précédent ministre délégué aux transports Frédéric Cuvillier", rassure Alain Vidalies. Et de donner au passage quelques grands axes de travail : faire évoluer l'offre de transport ferroviaire TET conventionnée par l'Etat pour qu'elle réponde mieux aux besoins de déplacements, et ce "en articulation avec les autres services ferroviaires comme les TER et avec les alternatives, notamment la complémentarité train-autocar dans les zones interurbaines ou avec le covoiturage". La question d'une marge de manœuvre ou liberté tarifaire accordée aux régions sera aussi mise sur la table. "La commission formulera des propositions, mènera des auditions, se déplacera sur le terrain et favorisera la concertation", promet Philippe Duron. Avec les élus locaux sûrement, mais quid des usagers, souvent oubliés ? Pour l'heure, nul garantie que leur parole sera prise en compte, ce qui ne manquera de faire bondir la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut), qui tire depuis des mois le signal d'alarme sur l'avenir "fragilisé et incertain" de ce réseau au matériel vétuste et à l'exploitation déficitaire.

La commission de Philippe Duron est composée de cinq parlementaires : Annick Billon, sénatrice de la Vendée, Dominique Orliac, députée du Lot, Dominique Bussereau, député de la Charente-Maritime - et ancien ministre des Transports sous la présidence Sarkozy -, Jean-Jacques Filleul, sénateur d'Indre-et-Loire, et Jean-Vincent Placé, sénateur de l'Essonne. Et de deux élus régionaux : Claude Gewerc, président du conseil régional de Picardie, et Luc Bourduge, vice-président Transports de la région Auvergne. Sans oublier quatre experts : Jean-Marie Bertrand (Cour des Comptes), Marc d'Aubreby (CGEDD), Deniz Boy (Commissariat général à l'égalité des territoires) et Pierre Zembri (Ponts et Chaussées). Le rapport qu'elle rendra fera l'objet d'une présentation aux commissions compétentes du Parlement, préalablement à la décision du gouvernement et en vue que "des évolutions soient visibles dès 2016", a conclu Alain Vidalies.