Archives

Personnes âgées - Espérance de vie en bonne santé : des écarts importants en Europe

Alors que Jean-Marc Ayrault doit se voir remettre le 11 mars trois rapports sur l'adaptation de la société au vieillissement et sur la prévention de la dépendance, une étude d'Eurostat révèle des résultats relativement peu flatteurs pour la France concernant "l'espérance de vie en bonne santé".

La prévention des effets du vieillissement devrait constituer l'un des trois grands thèmes de la future loi sur la dépendance (voir notre article ci-contre du 26 septembre 2012). A ce titre, l'étude publiée le 5 mars par Eurostat apporte un éclairage intéressant sur l'espérance de vie en bonne santé parmi les Etats membres de l'Union européenne ou assimilés. Cette notion s'entend comme "l'absence de limitations ou d'incapacités majeures dues à un problème de santé". La durée de vie en bonne santé mesure par conséquent le nombre d'années qu'une personne d'un âge donné s'attend à vivre sans problème de santé grave ou modéré, en continuant ses activités habituelles. A la différence de l'espérance de vie tout court - qui repose sur des données démographiques objectives -, l'espérance de vie en bonne santé s'appuie en effet sur une approche déclarative, obtenue par sondage auprès d'un échantillon d'Européens.
Sur ce point, l'étude d'Eurostat confirme la situation particulière de la France. Celle-ci affiche en effet l'une des espérances de vie à la naissance les plus élevées du monde, notamment pour les femmes. Chez ces dernières, la France présente ainsi la plus forte espérance de vie à 65 ans en Europe, avec 23,4 années de "reste à vivre". Mais les résultats français sont nettement moins flatteurs pour ce qui concerne l'espérance de vie en bonne santé. A 65 ans, celle-ci est en effet de 9,9 années chez les femmes et 9,7 années chez les hommes. Ces chiffres sont certes supérieurs à la moyenne de l'Union à 27 (8,6 ans pour les deux sexes). Mais ils sont inférieurs aux résultats de plusieurs pays : la quasi-totalité des Etats nordiques (par exemple, pour les femmes, 15,9 années en Norvège, 15,2 en Suède, 13,7 en Islande et 13,0 au Danemark), mais aussi d'autres pays comme la Suisse (12,8), le Royaume-Uni (11,9), le Luxembourg (11,8), l'Irlande (11,1) ou la Belgique (10,2). On peut toutefois trouver des contre-exemples comme l'Allemagne (7,3 années) ou l'Italie (7,0).
Autre particularité, qui tient à l'approche déclarative de l'étude et se retrouve dans tous les pays européens : la perception de l'espérance de vie s'améliore au fur et à mesure que l'on vieillit (et que l'on constate que l'on reste, pour beaucoup, en bonne santé). Ainsi, à 50 ans, les Françaises estiment leur espérance de vie en bonne santé à 19,5 ans (soit jusqu'à un âge moyen de 69,5 ans). Mais, à 65 ans, elles l'évaluent à 9,9 ans (soit jusqu'à un âge moyen de 74,9 ans).
Quelles que soient les précautions à prendre dans l'interprétation des résultats de ce type d'étude, il demeure néanmoins que la France est le pays d'Europe présentant le plus grand écart entre l'espérance de vie - au sens démographique du terme - et l'espérance de vie en bonne santé. Outre le pessimisme traditionnel des Français, il faut sans doute y voir la conséquence des insuffisances des politiques de prévention, très longtemps négligées au profit du curatif. Il y a un peu moins de deux ans, Marcel Trillard, sénateur de Loire-Atlantique, avait d'ailleurs remis au chef de l'Etat - alors Nicolas Sarkozy - un rapport sur la prévention de la dépendance (voir notre article ci-contre du 13 juillet 2011). Celui-ci proposait dix mesures avec pour objectif de gagner trois années supplémentaires d'espérance de vie en bonne santé à l'horizon 2025. Certaines d'entre elles - qui font l'objet d'un large consensus - pourraient bien se retrouver dans le futur projet de loi.
Un projet de loi dont la préparation sur ce terrain de la prévention doit d'ailleurs franchir une nouvelle étape ce lundi 11 mars puisque Jean-Marc Ayrault se verra remettre les rapports des trois missions mises en place à l'automne dernier : celle sur "l'adaptation de la société au vieillissement démographique", confiée à Luc Broussy, celle centrée sur la prévention et la préservation de la qualité de vie, confiée à Jean-Pierre Aquino, et celle qui invitait Martine Pinville à effectuer un recensement des dispositifs mis en place dans les principaux pays développés en matière de prévention et d'adaptation au vieillissement (voir ci-contre notre article du 10 octobre 2012).

 

Pour aller plus loin

Voir aussi

Abonnez-vous à Localtis !

Recevez le détail de notre édition quotidienne ou notre synthèse hebdomadaire sur l’actualité des politiques publiques. Merci de confirmer votre abonnement dans le mail que vous recevrez suite à votre inscription.

Découvrir Localtis