Personnes âgées - Des idées pour prévenir la dépendance et un report de la réforme en septembre
Le sénateur de Loire-Atlantique André Trillard a remis au chef de l'Etat, le 13 juillet, son rapport sur la prévention de la dépendance des personnes âgées. Mais, davantage que le contenu du document, on retiendra surtout ce qui a suivi cette remise officielle. Contrairement à ce qui semblait acté depuis plusieurs mois, Nicolas Sarkozy ne dévoilera pas le contenu de la réforme de la dépendance aux alentours de la mi-juillet. Selon le communiqué publié à l'issue de l'entretien, "le président de la République et le gouvernement annonceront les mesures retenues dès la rentrée de septembre prochain". Il s'agit donc d'un nouveau décalage - même s'il ne devrait être que de quelques semaines - pour un dossier qui en a déjà connu beaucoup depuis les premières annonces de 2007.
Gagner trois années d'espérance de vie en bonne santé
Ce report supplémentaire aura au moins le mérite de laisser davantage de temps pour étudier les propositions du rapport Trillard sur la prévention, cette dimension étant appelée à constituer une composante importante de la réforme. Il s'agit en outre d'un domaine qui fait l'objet d'un large consensus et dont les pistes de réforme sont déjà bien balisées. Il n'y a donc guère de surprises dans les dix mesures proposées par le sénateur de Loire-Atlantique. La principale originalité du rapport - qui s'appuie sur de très nombreux entretiens - réside dans la fixation d'un objectif chiffré : gagner trois années supplémentaires d'espérance de vie en bonne santé à l'horizon 2025. D'autres propositions sont nettement plus traditionnelles et manquent parfois de traductions concrètes, comme la volonté de promouvoir l'activité physique et intellectuelle des seniors, le lancement d'une campagne nationale en faveur du "bien vieillir", le ciblage des actions de prévention sur les publics les plus fragiles ou le renforcement de l'aide aux aidants avec la mise en place d'un suivi individuel. De même, le rapport préconise de développer la recherche clinique et appliquée en gériatrie (par exemple avec la création d'un ou deux centres d'excellence en la matière) et d'encourager l'activité physique et sportive des seniors en développant des partenariats avec les fédérations concernées.
Plus innovant : la reprise d'une idée de la Fondation nationale de gérontologie (FNG), qui préconise de développer la prévention et l'éducation à la santé en entreprise. Cette prévention serait distincte de la prévention centrée sur les risques professionnels, mais viserait explicitement la prévention précoce du risque de perte d'autonomie. Pour inciter - par l'exemple - des entreprises qui ne seraient pas forcément favorables à la mesure, le rapport préconise de labelliser les sociétés qui accepteront de mettre en place de tels programmes. Enfin, le rapport préconise de développer "un programme ambitieux de logements adaptés" pour tenir compte des besoins spécifiques engendrés par le vieillissement.
Une synthèse de la synthèse
Le communiqué diffusé par l'Elysée n'est pas très disert sur le contenu du rapport, même si nombre de ses propositions devraient se retrouver dans la réforme de la dépendance. Il s'attarde davantage sur le déroulement et l'achèvement du débat national sur la dépendance, rappelant - sans laisser paraître aucune orientation - les principales questions débattues lors des débats régionaux et au sein des quatre groupes de travail thématiques (voir notre dossier ci-contre). Il constitue ainsi une sorte de synthèse de la synthèse des débats. Axel Rahola - le rapporteur du comité interministériel de la dépendance qui dirigeait l'équipe composée de membres de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de l'Inspection générale des finances (IGF) chargée d'accompagner le débat national sur la dépendance - vient en effet de remettre à Roselyne Bachelot-Narquin la synthèse des réflexions et des propositions des quatre groupe de travail qui ont planché sur le sujet depuis le début de l'année. Comme le veut l'exercice, cette synthèse n'apporte pas d'éléments nouveaux par rapport aux débats régionaux et interrégionaux et - surtout - au contenu des rapports des quatre groupes de travail, présenté le 21 juin 2011 (voir notre article ci-contre du même jour). Ce document d'une cinquantaine de pages constitue toutefois le texte de référence sur le débat. Il est également l'un des derniers documents officiels avant l'annonce du contenu de la réforme, attendue désormais pour septembre.